Live News

Durant le mandat de l’ancien GM - LGSC : 1,765 recrutements «illégaux», dont 998 peu avant les législatives

Des employés des collectivités locales travaillant dans les mairies et conseils de district sont furieux contre le gouvernement.

Bhanoodutt Beeharree, ex-Chairperson de la LGSC : « Mo pena nanie pou dir lor la » 

Publicité

Contacté pour réagir à cette polémique, l’ex-Chairperson de la LGSC, Bhanoodutt Beeharee, s’est montré laconique. Interrogé par téléphone vendredi après-midi, il a simplement répondu : « Mo pena nanie pou dir lor la. »

La Local Government Service Commission (LGSC) aurait, durant le mandat de l’ancien gouvernement, aurait recruté 1 765 personnes entre janvier et octobre 2024, dont 998 du 3 septembre au 3 octobre, soit juste avant les élections générales. Cette affaire, qualifiée par le ministère des Collectivités locales de dérive autoritaire et clientéliste, a été confiée à la Financial Crimes Commission. 
 
Du 1er janvier au 3 octobre 2024, pas moins de 1 765 recrutements ont été enregistrés au sein de la Local Government Service Commission (LGSC), l’organisme chargé de procéder à des recrutements dans les mairies et les conseils de district. D’après le ministère des Collectivités locales, 599 de ces postes – principalement des éboueurs, manœuvres et autres « general workers » – auraient été pourvus sans aucun provisionnement budgétaire. Cette situation aurait engendré une dépense supplémentaire d’environ Rs 10 millions mensuellement pour les finances publiques.

Fait troublant : pas moins de 998 recrutements, représentant 56,5 % du total, ont été actés durant le seul mois précédant les élections générales, soit entre le 3 septembre et le 3 octobre 2024. Pour le gouvernement du Changement, il s’agit d’un « abus manifeste de pouvoir ». Cette opération aurait été orchestrée dans l’ombre par la présidence sortante de la LGSC, seule décisionnaire dans 1 731 des 1 765 cas recensés.

municipal city council

Après cette découverte, l’Attorney General’s Office a tranché : tous les recrutements ou promotions unilatéralement décidés par la présidente de la LGSC sont entachés de nullité juridique. Néanmoins, aucune démarche n’avait été engagée avant le 10 décembre 2024, alors que ces pratiques dateraient, selon certaines sources, de janvier 2022. Le flou administratif s’est prolongé jusqu’au 28 mars 2025, date à laquelle la LGSC a finalement été reconstituée. Durant cette période, l’État n’a pu que constater l’ampleur du désastre. 

La colère, elle, gronde. Les employés recrutés l’année dernière sous l’ancien gouvernement ne veulent pas entendre raison. Ils exhortent le gouvernement de reconsidérer sa décision, se réfugiant derrière le fait qu’ils ont été recrutés bien avant l’émission du Writ of Elections, vers avril 2024. 

Le ministre des Collectivités locales, Ranjiv Woochit, s’est exprimé, le vendredi 16 mai 2025, lors d’une conférence de presse. Il a affirmé catégoriquement que le processus de recrutement était illégal, annonçant qu’une nouvelle campagne d’embauche débuterait dès mercredi prochain. 

« Du 1er janvier au 3 octobre 2024, 1 765 personnes ont été recrutées illégalement. Parmi elles, 998 postes ont été attribués à la veille des élections générales, soit entre le 3 septembre et le 3 octobre 2024. Sur ces 1 765 personnes, 1 731 ont été recrutées uniquement par le président de la LGSC, soit chez lui, dans son bureau ou ailleurs. Une pratique clairement illégale », a-t-il expliqué. 

Le ministre a précisé que selon l’article 4 de la Local Government Service Commission Act, cette démarche contrevient aux règlements en vigueur. Il a ajouté qu’en d’autres termes, cela signifie que le président a « hijacked » le comité de la LGSC, car les décisions prises étaient irréversibles. 

Chronologie des événements 

Ranjiv Woochit a expliqué que la LGSC avait consulté le State Law Office (SLO) le 10 décembre 2024. Le 6 février 2025, le SLO a transmis sa réponse à la commission. Parallèlement, un nouveau conseil d’administration de la LGSC a été constitué et les officiers ont examiné les irrégularités liées au recrutement des 1 765 individus. « Le processus de recrutement est illégal », a-t-il affirmé. 

Malgré cette situation délicate, Ranjiv Woochit encourage les employés licenciés à postuler à nouveau dès la publication des formulaires. D’après ses déclarations, environ 3 000 postes seraient à pourvoir au sein des collectivités locales, offrant ainsi une lueur d’espoir aux personnes affectées par cette controverse.

La colère des ex-employés secoue conseils de district et mairies

Des centaines d’ex-employés des collectivités locales ont manifesté leur colère après des licenciements massifs, dénonçant des décisions jugées arbitraires, malgré des procédures d’embauche régulières.
Des centaines d’ex-employés ont exprimé leur mécontentement devant les conseils de district de Savanne, Grand-Port, Pamplemousses, Moka, ainsi que devant les mairies de Quatre-Bornes et Vacoas-Phoenix. Ils dénoncent les licenciements massifs dont ils disent avoir été victimes. Selon eux, les procédures d’embauche, réalisées sous l’égide de la Local Government Service Commission (LGSC), ont été respectées.

« Gramatin nounn vinn travay 7er. HR inn apel nou. Kan nounn al get li, nounn gagn enn sirpriz : se nou 'Termination Letter'. Kouma dir LGSC inn dir pe terminn nou kontra deswit. La direksion dir desizion sorti depi lao. Nou moral inn tonbe. Nounn perdi lespwar ler nounn aprann sa nouvel-la. Nou pe rod enn repons depi bann lotorite », confie un employé du conseil de district de Savanne.
« Inn dir ki sipoze pann pass par prosedir legal, me sa fos sa, » affirme pour sa part Avinash. Selon Rishi, un autre employé du conseil de district, ils ont postulé en 2023 : « Nounn gagn let pou interview 10 zanvie. Nounn koumans travay 23 septam 2024. Aster nou lor nou 8e mwa. »

« Nounn fer interview avek Local Government. Aster pe met nou deor. Pa ena rezon. Dir desizion sorti depi lao. Sa mem sanzman-la ? Aster nou fer kwa ? Nou bizin viv san manze ? » s’exclament des employés du conseil de district de Grand-Port qui ont reçu leurs lettres de licenciement jeudi.

Ces derniers, au nombre de 190, ont été recrutés comme éboueurs (refuse collectors), agents d’entretien (attendants) et ouvriers polyvalents (General workers). Même son de cloche au conseil de district de Pamplemousses, où 175 personnes ont également été licenciées.

« Mo ena enn fami. Monn demisionn depi enn travay kot mo ti reste 10 zan pou vinn isi. Zordi zot fer sa avek nou. Nek inn donn nou enn let, pa kone kifer. Nou aprann enn nouvo form inn fini sorti pou lezot dimounn. Pou nou pa ena travay, me pou lezot ena. Mazine nou osi nou ena enn fami », fustige un employé du conseil de district de Moka.

« Travay lev salte pa fasil. Me nou met sak lor nou ledo e nou fer nou devwar. Nou anvi ki tou zafer fer dan transparans. Pe travay depi 11 mwa. Rekritman inn fer par LGSC. Nounn ranpli form, atann lontan. Nou zis anvi gard nou travay », avance un employé de la mairie de Quatre-Bornes.

Un autre éboueur ajoute que leur lettre stipule un emploi sur base temporaire.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !