Economie

Crédit : les secteurs économiques lourdement endettés

Un récent rapport de la Banque de Maurice indique que le secteur privé était endetté à hauteur de Rs 342 milliards à la fin de février 2017: Rs 190 milliards en emprunts, Rs 103 milliards en devises étrangères et Rs 37 milliards en découverts bancaires.  L’endettement bancaire des ménages s’élève à Rs 29 milliards.

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Selon le rapport de la Banque de Maurice (BoM) sur le crédit total accordé au secteur privé, c’est le secteur de la construction qui arrive en tête de liste, avec un endettement total de Rs 87 milliards, dont un montant de Rs 53 milliards attribués au logement. En deuxième position, le secteur offshore, avec des dettes de Rs 57 milliards. Vient ensuite le tourisme, endetté à hauteur de Rs 41 milliards. Le commerce est endetté à Rs 30 milliards, dont
Rs 10 milliards envers les grossistes. Les dettes des différents secteurs économiques du pays sont classées en plusieurs catégories : les emprunts, les découverts bancaires, les obligations ou les financements en devises étrangères.

Manufacturier

Dans le secteur manufacturier, l’on peut noter que les entreprises exportatrices doivent environ Rs 5,4 milliards, tandis que le secteur alimentaire (Food & Beverages) a une dette d’environ Rs 5 milliards.

Immobilier

La construction demeure toujours le secteur économique le plus lourdement endetté, selon les chiffres du rapport. Des emprunts de l’ordre de
Rs 77 milliards ont été octroyés à ce secteur, dont Rs 53 milliards ont été englouties par le logement. Les promoteurs immobiliers ont emprunté plus de Rs 2,5 milliards en devises étrangères.

Services financiers

Les dettes de ce secteur s’élèvent à Rs 32 milliards, dont Rs 5 milliards en devises étrangères. Ce sont les ‘Investment companies’ qui sont les plus lourdement endettées, à hauteur de Rs 13 milliards alors que les assurances n’ont que des dettes totalisant Rs 654 millions.

Analyses

Les chiffres dans ce rapport démontrent que les banques ont prêté plus de Rs 190 milliards, dont Rs 77 milliards, soit 40 %, au secteur de l’immobilier et la construction. Les chiffres indiquent, par contre, comparativement, un faible niveau d’endettement bancaire des secteurs productifs de l’économie, notamment l’agriculture et le manufacturier (Rs 21 milliards chacun) ou l’informatique (Rs 2 milliards). Les chiffres démontrent également que les ménages mauriciens sont endettés à hauteur de Rs 26,5 milliards auprès des banques, dont presque Rs 2,3 milliards rien que pour les cartes de crédits. Ajouté à cela, les ménages sont aussi endettés à hauteur de Rs 57 milliards pour le logement.

La dette publique

Au 31 décembre 2016, la dette publique était estimée à environ Rs 240 milliards, soit 55,3 % du Produit intérieur brut (PIB). La dette a encore augmenté au cours du premier trimestre de cette année. Pendant la présente année financière, le ministère des Finances compte repayer des dettes d’une somme de 120 millions de dollars, soit l’équivalent de Rs 4,3 milliards.  Comme le pays s’embarque dans un vaste programme de développement infrastructurel, la dette publique risque de s’alourdir au cours des prochaines années. Mais comme le gouvernement a une responsabilité légale de ramener la dette publique à 50 pour cent du PIB en 2018, la solution est d’augmenter la production nationale. C’est dans cette optique que Maurice veut devenir une nation à hauts revenus.


Dan Maraye : «Plusieurs moyens pour contrôler la dette publique»

Dan Maraye, ancien gouverneur de la Banque de Maurice, nous explique qu’il y a plusieurs moyens pour contrôler la dette publique. En langage simple, pour ceux qui ne comprennent pas les termes économiques compliqués, on peut comparer un pays à un individu. Si l’individu est endetté, il doit prendre des mesures pour réduire sa dette : soit augmenter ses revenus ou réduire sa consommation.

« Un pays qui est endetté doit revoir ses dépenses, et diminuer ses dépenses courantes. Cela créera une réserve qui peut servir à payer une partie des dettes. Le pays doit également prendre les mesures pour booster son PIB, tout en contrôlant ses dépenses. Dans des cas extrêmes, un pays peut avoir recours à d’autres emprunts pour payer des dettes existantes, mais cette option n’est pas recommandée. Il faut toujours emprunter pour le ‘capital expenditure’ et non pas pour les dépenses courantes. Finalement, il y a aussi le recours à la vente des actifs, à travers la privatisation, par exemple. L’État peut vendre ses biens pour lever des fonds. »

Dr Bhavish Jugurnath, consultant financier : «Le défi majeur est de réduire la dette publique»

Le Dr Bhavish Jugurnath explique que Maurice a une dette nationale équivalente à 61,6 % de son PIB de 2015.  « Entre 1998 en 2015, la dette publique représentait en moyenne 55,9 % du Produit Intérieur Brut. Je crois que la dette a augmenté en 2015-2016 après une injection de fonds publics dans deux banques et elle est aussi le résultat de l’impact d’une dépréciation de la roupie par rapport à nos dettes externes. Même si notre économie est demeurée résiliente pendant les deux dernières années, malgré la volatilité affectant nos marchés, nous devrons être prudents. La dette est très élevée. Pour redresser la situation, il faut absolument des réformes. Nos décideurs peuvent booster les revenus locaux en réduisant certaines exemptions fiscales, tout en élargissant la base fiscale. Le gouvernement doit faire du debt management son cheval de bataille. Des nouvelles importations résultant des projets d’investissements publics pourront agrandir le déficit budgétaire par 6 à 6,5 % du PIB. La banque de Maurice a pu, jusqu’ici, efficacement, absorber l’excès de liquidités dans le système bancaire, mais cette politique doit continuer de façon prudente afin que les taux d’intérêts s’adaptent mieux aux changements du monetary policy rate. Il faut un environnement fiscal adapté pour faciliter l’implémentation du programme d’investissement tout en ayant l’objectif de réduire la dette publique dans le moyen terme. »

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