Live News

Alain Gordon-Gentil : «Nul besoin d’un rapport pour connaître l’état de la démocratie à Maurice»

L’émission « Au cœur de l’info », animée par Jugdish Joypaul et Mélanie Duval le vendredi 2 décembre 2022, était axée sur l’état de la démocratie. Pourquoi recule-t-elle à Maurice ? Quelles en sont les conséquences ? Alain Gordon-Gentil et Dharam Fokeer étaient les invités de Radio Plus.

Le dernier rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale a classé Maurice parmi les sept pays ayant connu le plus fort recul démocratique en 2021. Pour Alain Gordon-Gentil, journaliste et écrivain, ce classement n’est pas surprenant. « Nous n’avions pas besoin de ce rapport pour connaître l’état de la démocratie à Maurice. Le rapport vient cependant sonner le tocsin », a-t-il dit.
Selon lui, le fait qu’une instance internationale émette des critiques sur l’état de la démocratie à Maurice pèse de tout son poids. « Ce que le rapport dit sur Maurice, on le savait déjà. Mais lorsque cela vient d’un institut international, cela pèse lourd dans la balance. »

Publicité

Le journaliste s’interroge notamment sur le fonctionnement des institutions à Maurice. « Quelles sont les institutions qui fonctionnent toujours de manière indépendante de nos jours ? » a-t-il demandé, estimant qu’il ne peut y avoir de démocratie en l’absence d’institutions qui fonctionnent indépendamment.

L’écrivain constate avec inquiétude que des Mauriciens commencent à trouver cette situation normale. « Il est devenu normal pour des Mauriciens qu’un Premier ministre commente un cas qui est devant une cour de justice ou qu’un Premier ministre adjoint dise qu’il a jaugé la sincérité d’une personne simplement en la regardant droit dans les yeux », décrie-t-il.

« Une honte »

Également présent sur le plateau, Dharam Fokeer, ancien ministre et membre de la Parliamentary Democratic Foundation, considère que ce rapport est une honte pour le pays. « Désormais, ce n’est pas uniquement les médias et les membres de l’opposition qui crient haut et fort que la démocratie est en recul. ‘Zordi li pe internasionalize ek se enn laont pou nou pei’ », a-t-il dit.

Il considère que des piliers de la démocratie, tels que garantis par la Constitution – en l’occurrence des élections « free & fair », la séparation de pouvoir et les postes constitutionnels –, sont ébranlés. « L’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale ainsi que Reporter Sans Frontières jugent que la démocratie à Maurice se dégrade. Je leur donne entièrement raison. Nous ne cessons de le crier sur tous les toits depuis les élections de 2019, mais il semblerait qu’il n’y ait aucune volonté au niveau du gouvernement pour changer cela », a-t-il déploré.

L’ancien ministre s’est montré particulièrement critique envers le fonctionnement de l’Assemblée nationale. « Le Parlement d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était dans le passé, où un Speaker imposait le respect. La façon de faire du Speaker relève de la responsabilité du Premier ministre et de son gouvernement qui le nomme à ce poste », a-t-il souligné, exhortant les « backbenchers » du gouvernement à ouvrir les yeux sur ce qui s’y passe.

Image du pays

Intervenant par visioconférence, Jonathan Ravat, chef d’équipe des études sociales à l’Institut Cardinal Jean Margéot et anthropologue des religions, est d’avis qu’il ne faut pas chercher à minimiser les conclusions de ce rapport sur Maurice. Raison qu’il a évoquée: ces conclusions émanent d’un institut international.

« Si nous sommes honnêtes envers nous-mêmes, nous ne pourrons pas ne pas considérer l’importance de ces conclusions. Certains pourront ne pas faire grand cas du rapport. Certes, les instances internationales ne dictent pas notre politique, n’empêche que ce qu’elles disent sur Maurice a un impact sur notre image, que ce tant sur le plan régional qu’international. Nous ne pouvons pas nous permettre de projeter une telle image », a-t-il expliqué.

Jonathan Ravat a concédé qu’il y a bien un recul de la démocratie à Maurice, justifiant cela par les conclusions du rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale et des « scandales ». Toutefois, il a soutenu qu’il y a des hommes et des femmes qui œuvrent toujours pour maintenir cette démocratie.
 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !