Vidéo de deux chiennes torturées - Manish : « J’ai été révolté et en larmes »

Le propriétaire des deux chiennes torturées, vues dans une vidéo sur Internet, s’est manifesté. Il s’agit d’un jeune homme de 20 ans, qui habite Morcellement Anthelme, à Forest-Side. « J’ai été en larmes, révolté. C’est une atrocité », dit Manish. 

Manish raconte qu’il a ressenti de la colère et de la tristesse, lorsqu’il a vu la vidéo, postée par Rescuer of Animal in Distress. « Je n’ai aucun doute sur quiconque. Car je n’ai jamais reçu de plainte de mes voisins concernant mes chiens », explique-t-il. 

Bubble et Bouba ne sont pas les premiers chiens à disparaître de sa cour. « J’avais quatre chiens. Le premier a disparu le jour de la fête des mères et les trois autres, presque deux semaines après. Deux d’entre eux ont été trouvés grâce à la vidéo sur Facebook, mais il me reste toujours un chien porté manquant », raconte Manish.

Le sort infligé à ses chiennes l’afflige. Selon lui, Bubble venait tout juste de mettre au monde plusieurs chiots. « Ses bébés sont tous décédés, car elle ne les allaitait pas. Elle avait un caractère difficile. Mais Bouba était une chienne de salon qui sortait rarement », ajoute-t-il. Afin de récupérer Bouba de Preety Sachin, Manish doit d’abord se tourner vers la police. Et il a dit qu’il le ferait. 

La découverte des deux chiens à Morcellement Daruty, Forest-Side, le lundi 14 juin, a fait le tour des réseaux sociaux en moins de 24 heures. C’est aux alentours de 11 heures que Yeshweensing Dowarkasing, 33 ans, est tombé sur Bubble et Bouba, en bordure de route. Les deux chiennes avaient de graves blessures et l’une d’elles avait rendu l’âme. Bubble avait un fil de fer enroulé autour de son museau, plusieurs traces de blessures et une corde autour du cou. 

« Koumadir inn met li pandi », témoignage Yeshweensing sur Teleplus. Quant à l’autre chienne, il avait de graves blessures et un œil qui saignait abondamment. « Paret linn gagn bate parski li ti pe kime e vomi disan », a-t-il décrit. 

Le même jour, il a enregistré une plainte pour cruauté envers les animaux au poste de police de Curepipe. Bouba, qui est toujours en vie, a été confié à Preety Sachin, responsable de l’organisation non gouvernementale Rescuer of Animal in Distress. Quant au cadavre de Bubble, il a été pris en charge par l’Animal Welfare Unit en vue d’une autopsie. Celle-ci déterminera la cause exacte de sa mort. La police de Curepipe a ouvert une enquête, afin de retrouver le(s) coupable(s). « On m’a informé qu’il y a eu plusieurs cas similaires dans la région », dit Manish.

Des chiens tués par pendaison à travers l’île - Preety Sachin tire la sonnette d’alarme :« Des cas atroces de maltraitance »

La vidéo des deux chiennes maltraitées en a choqué plus d’un. L’association Rescuer of Animal in Distress demande à l’État plus de soutien, d’éclairage et de sensibilisation sur ce phénomène, qui date depuis longtemps.

L’ONG Rescuer of Animal in Distress existe depuis plus de quatorze ans. Preety Sachin, la responsable de l’association, relate qu’un cas sur dix est rendu public. La maltraitance envers les chiens et les autres animaux a toujours existé à Maurice. Grâce aux avancées technologiques, les gens sont exposés à la réalité en un clic. 

« Nous avons des cas incroyablement atroces à Maurice », commente-t-elle. Après la découverte de Bubble et de Bouba, Preety Sachin est parmi les premières personnes qui ont été contactées. « Bouba est actuellement sous ma garde. Elle a reçu des soins médicaux, mais sa santé est toujours préoccupante », confirme-t-elle.

Opération 24/7

Preety Sachin estime qu’il est nécessaire d’avoir une unité de la police qui veille sur le bien-être des animaux. Une telle mesure pourrait contribuer à un changement dans la société mauricienne. « Parfois, nous avons des informations fondées sur des cas de maltraitance. Mais nous n’avons pas le droit de pénétrer sur la propriété d’une personne. Nos horaires sont flexibles. Il nous arrive d’intervenir durant des heures tardives, pendant le week-end. Ce qui fait qu’on peut dire qu’on opère 24/7 et pas uniquement durant les heures de bureau », précise-t-elle.

Aucun soutien de l’état

« Nous ne recevons pas de fonds ni de nourriture ni d’autres facilités de l’État. C’est le public qui fait des donations à l’association. Des fois, l’argent pour venir en aide aux animaux en difficulté vient de notre propre poche. Il y a toute une éducation à faire. Un terrain à bail pour construire un abri serait une aide bienveillante. Komie tan bann ONG pou kapav tini ? », dit-elle. 

En avril 2021, Preety Sachin a porté secours à trois dogues de Bordeaux. « Il s’agissait d’une mère et de ses deux petits. Je les ai récupérés sur un terrain abandonné. Ils n’avaient plus de poil et étaient maigres. L’un des chiots est décédé chez la vétérinaire et l’autre a été adopté par celle-ci. Quant à la mère, elle est sous ma garde et va beaucoup mieux. Elle a été utilisée pour accoucher de plusieurs chiots. C’est pourquoi elle est malade », explique-t-elle. 

Le phénomène des chiens pendus à Rodrigues

« La pendaison des chiens et d’autres types de maltraitance ont toujours existé à Rodrigues », confie Alex Henriette, 43 ans. Il est le président de Mo toutou Club, à Rodrigues. 

Selon lui, il est impératif de changer certaines écoles de pensées et de trouver des solutions. C’est la raison pour laquelle il passe la majorité de son temps à offrir des formations à plusieurs personnes sur son île. Il a été formé par la MSAW. 

« Zot atak nou bann zanimo e pena solition », avance un cultivateur, à Rodrigues. « Il n’existe pas de provisions légales pour gérer de tels problèmes à Rodrigues », poursuit-il. « Enn bebet perdi, so fre boukou. Lakoler ki fer sertin kilvater azir koumsa. » En novembre 2017, une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux montrait quatre jeunes en train de pendre deux chiens. Trois garçons et une fille, dans la tranche d’âge de 14 à 21 ans, ont été arrêtés. Ils ont été libérés sous caution et doivent respecter plusieurs conditions.

En 2017, la MSAW avait annoncé l’entrée en opération d’une branche à Rodrigues, mais elle n’a pas encore vu le jour. « On est en pourparlers. La pandémie de Covid-19 a entravé les négociations et les autres démarches », explique Christina Kalloo, de la MSAW.

Une trentaine de cas de maltraitance par an 

La Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) enregistre au minimum quatre cas de maltraitance par jour. Une trentaine de cas est jugée par an, confie une source au ministère de l’Agro-industrie. Il explique les procédures précises à suivre, en cas de maltraitance envers les animaux. 

Il faut d’abord enregistrer une plainte à la police, avant de se diriger vers le Citizens Advice Bureau (CAB). « C’est un moyen efficace. Car chaque semestre, les préposés ont le devoir de regrouper les plaintes pour chaque ministère. Lorsque le dossier est remonté au ministère de l’Agro-Industrie, les responsables le suivront », explique-t-il. « Nous avons une méthode de travail. Nous donnons deux avertissements et la troisième fois, nous entamons les poursuites », précise-t-il. 

« Toute personne qui enfreint l’Animal Welfare Act est paisible d’une amende qui ne dépasse pas Rs 50 000 et d’une peine d’emprisonnement de pas plus de trois ans. »

Christina Kalloo ( MSAW) : « Il faut dénoncer » 

Le phénomène de pendaison des chiens est-il nouveau ?

Des cas de pendaison de chiens ont déjà été recensés dans l’île. 

Que pense la MSAW à ce sujet ?

Acte de barbarie et criminel, la MSAW appelle à la dénonciation. 

Comment dénoncer les cas ?

Par une plainte officielle au poste de police de la localité et au département de l’Animal Welfare Unit à Réduit. 

Comment se passent les procédures auprès de la MSAW lorsqu’il y a une plainte ?

La MSAW est mandatée pour le contrôle de chiens et de chats errants à travers l’île. Elle sensibilise le public sur la protection animale en organisant des campagnes à travers l’île. Lorsqu’il y a une plainte, elle est canalisée vers l’Animal Welfare Unit, qui a force de loi pour agir.