
Le compte à rebours est lancé : les examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) commencent le 18 septembre. Cette année, la pression monte d’un cran avec une hausse marquée du nombre de candidats au SC — 14 600 inscrits contre 12 527 en 2024 — tandis que le HSC enregistre une légère baisse, passant de 7 425 à 6 810 élèves. Les épreuves s’étaleront jusqu’au 15 novembre pour le SC et jusqu’au 13 novembre pour le HSC. Dans cette dernière ligne droite, d’anciens lauréats partagent la recette de leurs succès. Il est question de sacrifices personnels et de stratégies gagnantes.
Croyez en vous, respirez, avancez

Face au stress des examens, Terry Jowree, ancien élève du collège du Saint-Esprit rappelle l’essentiel : la réussite ne se mesure pas uniquement aux résultats. Ce qui compte, c’est l’effort, la sincérité et la foi en soi.
Terry Jean Dimitri Jowree, ancien élève du collège Saint-Esprit, promotion 2018 dans la filière artistique, trace aujourd’hui sa route dans le domaine juridique. Âgé de 24 ans, il a poursuivi des études de droit à Paris et il exerce désormais dans ce secteur.
À l’approche des examens, il adresse un message empreint de sagesse et d’encouragement aux candidats confrontés à cette étape, souvent source de stress. « Croyez en vous et gardez l’esprit serein », conseille-t-il d’emblée.
Revenant sur sa propre expérience, il confie qu’il a lui-même été submergé par l’anxiété à l’époque. « C’est vrai que c’est un examen très stressant. Je me souviens que j’avais beaucoup stressé. On ressent une pression énorme, celle de la famille, des amis, de la société, mais aussi celle qu’on s’impose à soi-même, parce qu’on veut réussir, on veut bien faire. »
Croire en SOI
Pour lui, il est essentiel de relativiser : « Respirez un bon coup. C’est un examen important, mais ce n’est pas l’ultime étape de la vie. À Maurice, on accorde une importance aux résultats, comme si être lauréat ou obtenir des A+ était le seul objectif. Mais ce n’est pas ce qui définit votre avenir. »
Son message est clair : ce qui compte, c’est l’effort et la persévérance. « Dans la vie, tant qu’on travaille dur et qu’on donne le meilleur de soi, on s’en sort. Des chemins s’ouvrent. Ce n’est pas une question de notes, mais de sincérité dans l’engagement. Peu importe les résultats, ça ira, tant que vous croyez en vous. Soyez serein et croyez en vous. »
Réussir sans viser la réussite

Dix ans après avoir été sacrée lauréate du Queen Elizabeth College, Doorovadeye Vaarma Thoondee revient sur sa méthode fondée sur la concentration, la gestion du stress et une approche pragmatique des examens.
Doorovadeye Vaarma Thoondee, lauréate du Queen Elizabeth College en 2015, n’avait jamais envisagé remporter une bourse. Dix ans plus tard, elle confie que son objectif n’était pas la victoire, mais de faire face à chaque questionnaire, un à la fois. « S’il y a deux ou trois papiers pendant une journée, il faut penser à ce qu’il y a devant vous, au moment précis », explique-t-elle.
Pour la jeune femme, le but d’un examen n’est pas de prouver une connaissance exhaustive du sujet, mais d’obtenir le maximum de points. En cas de doute, Doorovadeye Vaarma Thoondee recommande de répondre avec ce que l’on sait, car une question laissée vide ne rapporte aucun point. « Si vous ne butez sur une question, passez à une autre », conseille-t-elle, tout en insistant sur le fait que les questionnaires d’examen ne sont pas si différents de ceux pratiqués en classe ou à la maison.
Pour gérer son stress, Doorovadeye s’est détachée de l’enjeu de la bourse. Elle se concentrait uniquement sur le questionnaire devant elle, avec pour seul objectif de maximiser ses points. Elle insiste aussi sur l’importance d’une stratégie entre les épreuves : si l’une se passe mal, il ne faut pas laisser cela affecter la suivante. « Il faut se dire à chaque fois : maintenant je passe à autre chose et apprendre à gérer une chose à la fois », explique-t-elle. Pendant les pauses, elle s’accordait de vrais moments de déconnexion : écouter une chanson, parler à un proche ou marcher dans la cour. « Mon focus est sur mon break », ajoute-t-elle, refusant de ruminer sur le questionnaire précédent.
Confiance en soi

Pas de formule magique, juste du travail acharné. Luciano Azor, ancien élève du Triolet SSS, prouve que la persévérance et la confiance en soi peuvent mener loin. Aujourd’hui, il guide les élèves vers la réussite, armé de principes simples, mais puissants.
Lauréat du Triolet SSS en 2018, Luciano Azor incarne une réussite fondée sur la rigueur et la persévérance. Premier élève de son collège à obtenir six unités au School Certificate (SC), il aurait pu intégrer le prestigieux Royal College de Curepipe. Pourtant, il choisit de rester fidèle à son établissement d’origine, convaincu du soutien du personnel éducatif. « Je croyais dans mon collège et les profs croyaient en moi. Ils ont tout mis à ma disposition », confie-t-il.
Pour Luciano Azor, le succès n’a rien de mystérieux. Il rejette l’idée d’une formule magique et insiste sur l’importance de l’effort progressif. « Le succès est à la portée de tout le monde, à condition que l’on fournisse les efforts nécessaires. Souvent les gens me demandent mon secret, mais je crois qu’il n’y a pas de recette. Chaque élève a un but, ses capacités, sa manière de travailler. Il faut juste faire les efforts nécessaires. »
Phase critique
Aujourd’hui, il transmet sa passion pour les mathématiques à travers des cours de soutien à Sainte-Croix. À ses élèves, il répète que la confiance en soi est essentielle, surtout à l’approche des examens. « On peut ne pas tout connaître, mais il faut être confiant. Un examen est une phase critique, mais il faut se dire que c’est juste un examen. Je vais travailler, je crois en moi. » Il encourage également la préparation méthodique. Il faut gérer son temps, pratiquer dans des conditions réelles d’examen, et ne pas hésiter à demander de l’aide. « Il faut lire, savoir ce que l’examinateur demande. La plus grande leçon à retenir est de comprendre que rien n’est impossible quand on a une réelle volonté de réussir. »
L’ancien lauréat observe avec attention les évolutions dans les méthodes d’apprentissage. S’il reconnaît avoir lui-même utilisé Internet pour ses recherches, il s’inquiète de la dépendance croissante des élèves à l’intelligence artificielle. « À mon époque, je bouquinais dans les bibliothèques. Je faisais des recherches sur Internet. Lorsque j’avais tout ce que je recherchais, j’interprétais, je lisais à ma manière. C’est ce qui manque aujourd’hui. Les élèves ont trop tendance à dépendre de l’intelligence artificielle. »
Pour lui, étudier en classe ne suffit pas. Il faut s’investir pleinement, multiplier les exercices et croire en ses capacités.
Souvenirs d’un lauréat d’avant l’ère numérique

Avant l’intelligence artificielle et l’Internet, Jocelyn Chan Low a construit son excellence à la force de la méthode et du silence. Il raconte une époque pendant laquelle apprendre signifiait réfléchir et s’organiser avec rigueur.
Lauréat en 1975, Jocelyn Chan Low, aujourd’hui Associate Professor à la retraite, incarne une génération pour qui l’excellence académique relevait d’un effort constant et d’une discipline rigoureuse. Ancien élève du Royal College de Curepipe, il se souvient d’une époque pendant laquelle l’éducation était payante. Et devenir lauréat représentait bien plus qu’un honneur : c’était une nécessité pour accéder à l’enseignement supérieur. « J’ai travaillé dur pour être lauréat, afin de pouvoir faire des études supérieures », confie-t-il.
Pas pris des leçons
Son parcours l’a mené à Londres, où il a étudié à la London School of Economics and Political Science, avant de parfaire sa formation à l’Institut national des langues et des civilisations orientales (Inalco), à Paris. Il a emprunté ce chemin sans les outils technologiques qui façonnent aujourd’hui le quotidien des étudiants. « À l’époque, il n’y avait pas d’Internet ni d’intelligence artificielle. » Les leçons particulières n’étaient pas généralisées comme aujourd’hui. « Je n’ai jamais pris des leçons. » Il met en avant l’importance des bibliothèques municipales et du rôle central des enseignants.
La révision, selon lui, reposait sur une méthode simple, mais exigeante. « C’est the art of summary. Vous devez être capable de résumer l’essentiel de votre texte, anticiper les questions qui pourront être posées. » Il insiste sur l’efficacité des fiches de révision concises, capables de condenser des années d’apprentissage en quelques lignes. « Une revision sheet ne peut pas être bulky. Ainsi, lorsque l’examen approche, vous avez déjà tout compris et vous faites appel à ce que vous avez écrit. »
Mais au-delà de la méthode, il évoque aussi la gestion du stress. Très impliqué dans un groupe de musique au collège, engagé dans la politique étudiante, il participait activement aux forums de discussion. Pourtant, à l’approche des examens, il savait opérer un virage décisif. « Quelques mois avant, je réalisais que je devais faire un effort. Donc là, je coupais les sorties, je restais à la maison en suivant un emploi du temps que j’avais fait heure par heure. Là, je revoyais ce que j’avais étudié au collège. »
Préparer ses examens avec méthode et équilibre

Ancienne élève au Queen Elizabeth College, Zaara Fatima Toorawa partage sa routine de révision, ses stratégies anti-stress et l’usage de l’intelligence artificielle pour optimiser sa préparation aux examens.
Zaara Fatima Toorawa, élève en filière Economics au Queen Elizabeth College (QEC), promotion 2024, incarne la rigueur et la résilience dans sa préparation aux examens. Sa routine de révision, bien rodée, commence chaque matin par la révision théorique, suivie d’exercices pratiques à partir de devoirs et de ‘past papers’. Préférant étudier le soir, elle pousse ses sessions jusqu’à minuit, convaincue que la discipline est la clé du succès.Consciente des effets du stress, elle a su en faire un allié. « Le stress est inévitable, mais il faut savoir comment le canaliser », confie-t-elle. Le badminton, pratiqué chaque samedi, lui a offert une précieuse échappatoire, lui permettant de sortir du cadre scolaire et de rencontrer d’autres personnes. Elle veille également à maintenir un rythme de sommeil régulier, entre sept et huit heures par nuit, et consacre le reste de ses samedis à la lecture et à des activités apaisantes.L’intelligence artificielle s’est révélée être un outil stratégique dans sa préparation au General Paper. Grâce à ChatGPT, elle a affiné ses idées, structuré ses essais et obtenu des précisions utiles. Elle complète cette approche par l’utilisation de ressources de Cambridge disponibles en ligne, qui lui permettent de mieux cerner les attentes des examinateurs.Pour Zaara, la réussite passe aussi par le soin du corps et de l’esprit. Bien manger, bien dormir et pratiquer une activité physique sont, selon elle, essentiels pour rester concentré. Elle insiste sur l’importance de la santé mentale et de l’équilibre personnel. « Il faut avoir un bon équilibre et être discipliné. Donc, si vous pensez que vous allez échouer, il faut garder la tête haute, croire en ses capacités », affirme-t-elle avec conviction.
De Blue Bay à la LSE

À quelques jours des examens du Higher School Certificate (HSC), Rishi Nursimulu se souvient d’un moment calme sur la plage, prélude à une réussite marquée par la rigueur, la foi et une part de chance. 25 ans plus tard, il revient sur son parcours, ses méthodes et les défis d’une époque sans intelligence artificielle ni réseaux sociaux.
En 1999, Rishi Nursimulu, élève du Royal College de Curepipe en filière économique, est lauréat. 25 années plus tard, celui qui a poursuivi ses études à la London School of Economics (LSE) et à la Wharton Business School, avant de s’illustrer dans le domaine exigeant de l’Investment Banking à Londres, revient sur sa réussite. Aujourd’hui président du Dukesbridge Schools à Maurice, il partage les points forts de son parcours.
« Une semaine avant les examens du HSC, mes parents m’ont emmené à la plage de Blue Bay. Ce moment m’a appris que la dernière ligne droite n’est pas une course au contenu, mais un travail sur soi. Il s’agit de préserver son moral, de bien manger et de bien dormir. »
Pour lui, chaque matière exige une approche spécifique. « Il n’y avait pas de méthode universelle. En mathématiques, je faisais un past paper par jour. Lire le manuel à ce stade n’avait plus de sens. En comptabilité, je ciblais les chapitres les plus complexes. En économie, je relisais mes notes pour chaque chapitre. Pour le français et le general paper, je relisais mes essais, consultais les notes de Cambridge. Plus on lit, plus on développe son style. Il faut rester dans le bain jusqu’au bout. »
Sa devise durant le HSC était simple : faire de son mieux. « Je n’avais pas de formule magique. Ce qui comptait, c’était de lire le marking scheme de l’université de Cambridge. C’est ce que les examinateurs recherchent. »
Avec le recul, Rishi Nursimulu reconnaît que le travail acharné ne suffit pas toujours. « J’ai travaillé dur, sans doute comme beaucoup d’autres. Être lauréat, c’est aussi une question de chance. »
Il évoque une époque sans ChatGPT, sans réseaux sociaux, sans Netflix. « Il fallait aller dans les bibliothèques municipales, lire les encyclopédies, fouiller dans les manuels. Aujourd’hui, les ressources sont à portée de main, même si la technologie fait beaucoup à notre place. Elle nous distrait aussi. »
Ce qui l’a porté, c’est le soutien de la famille et sa vision. « J’étais très encadré par ma famille, je voulais les rendre fiers. J’avais aussi le soutien de mes enseignants. Et puis, cette volonté de réaliser quelque chose de significatif dans ma vie. Mais avant tout, c’est la foi en Dieu et la chance qui m’ont permis d’être lauréat. »

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