La confrontation entre le gouvernement et Business Mauritius sur la relativité salariale a été décortiquée par les intervenants de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus le mercredi 25 septembre 2024. La journaliste Jane Lutchmaya a reçu sur son plateau l’économiste Takesh Lucko, le politologue Shafick Osman, et l’avocat Richard Rault. Alexandre Laridon, observateur politique, et Michael Atchia, de Democracy Watch, sont intervenus par téléphone.
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Selon Takesh Lucko, de juillet à décembre 2023, l’inflation « a explosé » ce qui a créé un déséquilibre parmi les revenus des diplômés et des non-diplômés. « La relativité salariale a été instaurée dans les secteurs public et privé. L’origine de ce problème est la politique monétaire du gouvernement. Après la COVID-19, il y a eu des urgences, mais les mesures ont créé un déséquilibre dans les prix. Oui, il faut payer la relativité salariale. Il n’est pas juste qu’un nouvel entrant sans diplôme gagne le même salaire qu’un employé avec plusieurs années d’expérience et un diplôme », soutient Takesh Lucko. S’il estime que la politique actuelle du gouvernement a de bons côtés, il prévient que ce n’est pas soutenable sur le long terme.
Shafick Osman se dit, lui, surpris par le ton employé par Business Mauritius. « Business Mauritius défie le gouvernement. Il y a une confrontation ouverte sans langue de bois. [...] Nous n’entendons pas l’opposition sur ce dossier, notamment Paul Bérenger qui a été syndicaliste. C’est peut-être le MSM qui va sortir gagnant. Le patronat prend une position très conservatrice. Le gouvernement a tout à gagner », souligne le politologue. Il précise que les commerçants profitent des augmentations de revenus des consommateurs pour revoir leurs prix à la hausse. « Les autorités doivent avoir des mécanismes de contrôle », préconise-t-il. Selon lui, tous les principaux partis politiques sont socialistes : « Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Ashok Subron ne peuvent pas aller à l’encontre de la politique du ministre du Travail. »
Me Richard Rault explique que lorsque le ministre agit sous l’article 93 de la loi du travail, il doit consulter les parties prenantes. Par contre, sous l’article 106, il peut imposer ses règlements. « Avec la relativité salariale, ce sont désormais les entreprises qui doivent couvrir la différence entre les salaires et les revenus minimums, rôle auparavant assumé par la MRA. Le patronat déplore que cette décision ait été prise sans consultation. La proximité des élections oblige le gouvernement à prendre cette décision et elle donne du courage aux entreprises pour contester. Cette confrontation est à l’avantage du gouvernement. Mais il joue les pyromanes et les pompiers, car la hausse du coût de la vie est due à sa politique monétaire », affirme-t-il.
Alexandre Laridon est en faveur du réajustement salarial. Cependant, il s’inquiète pour les petites et moyennes entreprises (PME). « Il est temps d’appliquer un plan économique et social sur le long terme, et pas de chercher à gagner les prochaines élections », affirme l’observateur politique.
Pour Michael Atchia, la priorité des blocs politiques doit être de préparer leurs programmes électoraux. Parmi les mesures qu’il attend, il cite l’autosuffisance alimentaire. Il demande également une meilleure gestion des déchets. « Il faut aussi une participation de la société civile. Quel sera le mécanisme de consultation ? Quelles sont leurs propositions en termes d’énergies renouvelables ? »
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