Le département de médecine de l’Université de Maurice est à la recherche de patients dans le cadre d’une étude sur les microbiotes. Mais force est de constater que les sujets ne se bousculent pas pour y participer, ayant une mauvaise perception du terme « cobaye ».
Déterminer quel type de flore intestinale est présente à Maurice. Tel est l’un des objectifs d’une étude dans laquelle s’est lancé le département de médecine de l’Université de Maurice (UoM). Pour cela, il est en quête de patients prédiabétiques et obèses dans la tranche d’âge de 20 à 55 ans mais bute sur des réticences, selon le Dr Ganessen Chinien, Associate Professor à l’UoM.
« Le recrutement des patients est difficile. Pour le moment, nous recrutons parmi les personnes cibles de l’UoM mais nous souhaitons élargir le cercle afin d’avoir plus de participants », explique-t-il. Selon lui, le public a une mauvaise perception de la recherche médicale. « Les gens pensent aux essais cliniques qu’on va faire sur eux et qu’on les prend pour des ‘cobayes’. » Or ce n’est pas vraiment cela, affirme l’Associate Professor.
Il fait ressortir que les participants à une étude doivent au préalable subir un bilan de santé complet. Les « cobayes » bénéficient par la suite d’un suivi médical gratuit et sont informés de l’évolution de la situation à toutes les étapes.
Le Dr Chinien souligne que la recherche médicale est un atout dans le traitement de diverses pathologies. Il rappelle que 20 % de la population mauricienne est prédiabétique et 20 % diabétique. « Parmi ces 40 % de prédiabétiques et diabétiques, nous cherchons à savoir quel type de flore intestinale est présente à Maurice. Cela en prenant en considération que tout le monde ne mange pas les mêmes choses, certains jeûnent souvent, d’autres sont végétariens, etc. », dit-il. Ainsi, cette recherche vise à identifier ce qui est différent chez chacune de ces personnes en comparaison avec celles des autres pays.
L’étude a aussi une visée plus large. Elle permettra d’observer comment des microbiotes (bactéries présentes naturellement dans les intestins) peuvent modifier la flore intestinale et favoriser le développement de maladies comme l’obésité, le diabète et certains cancers, explique le Dr Chinien.
« Nous prenons des personnes prédiabétiques et obèses pour voir la différence entre les bactéries qui se trouvent dans leur flore intestinale par rapport aux personnes en bonne santé et aux diabétiques », indique-t-il. Ce qui devrait, par la suite, permettre de savoir quel type de bactéries il faut cibler pour intervenir sur la flore intestinale dans le but de prévenir l’obésité et le diabète, par exemple. « Les recherches visent à voir comment changer ces bactéries et quelles sont les bactéries qui sont bénéfiques », précise notre interlocuteur.
Médecine personnalisée
Le département de médecine de l’UoM envisage d’autres études. Parmi celles-ci, il y a une recherche sur les cancers du sein, de la prostate et du côlon.
Certaines recherches, notamment à travers les tests génétiques, peuvent aussi permettre de développer la médecine personnalisée, affirme le Dr Ganessen Chinien. « Un patient souffrant d’hypertension artérielle peut prendre un type de médicament qui est efficace dans son cas mais pas dans celui d’un autre patient souffrant de la même pathologie. » Cela en raison du fait que la molécule ne donnera pas le même résultat selon que la personne soit d’origine africaine ou indienne, par exemple. Le métissage complique encore les choses. « Ce sont les gènes qui déterminent quel type de médicament peut avoir les effets escomptés sur un patient », souligne l’Associate Professor.
L’UoM étant équipée pour les tests génétiques, une base de données génétique de la population mauricienne peut être établie, précise le Dr Chinien.
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