
Une feuille de route en vue d'un "accord de paix" prévoyant des concessions territoriales et des garanties de sécurité pour Kiev, mais ni cessez-le-feu ni sanctions contre Moscou: voici ce que l'on sait de la teneur des discussions lors du sommet d'Anchorage entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
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Pas de cessez-le-feu
"Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre (...) est d'aller directement à un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas," a déclaré M. Trump sur son réseau Truth Social, en référence aux pourparlers russo-américains, une position à l'opposé de celle de l'Ukraine et de ses alliés.
C'est une victoire pour Vladimir Poutine, dont les troupes ont fait de récentes avancées dans l'est de l'Ukraine. Le président russe exige depuis le début un "accord de paix" plus général, consacré selon lui aux "causes profondes" de la guerre, à commencer par la volonté de l'Ukraine d'adhérer à l'Otan. Moscou considère cette alliance militaire comme une menace existentielle qui s'étend à ses frontières.
Questions territoriales
C'était la grande crainte de l'Ukraine: un accord à Anchorage la poussant à une cession, de jure ou de facto, d'une partie de ses territoires. L'armée russe occupe environ 20% du territoire ukrainien, dans quatre régions du sud et de l'est (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia) ainsi qu'en Crimée annexée en 2014.
Ni M. Poutine ni M. Trump n'ont évoqué directement ce sujet brûlant lors de leurs interventions devant la presse.
Mais selon un responsable au courant d'échanges téléphoniques entre le président américain et des dirigeants européens, M. Trump soutient une proposition de la Russie prévoyant un contrôle total des régions de Donetsk et Lougansk et un gel du front dans celles de Kherson et Zaporijjia.
Quelques mois après avoir lancé son invasion, la Russie avait proclamé en septembre 2022 l'annexion de ces quatre régions, même si ses troupes n'en occupent aucune en totalité.
Les forces russes occupent la quasi totalité de la région de Lougansk et une grande partie de la région de Donetsk, dont leurs capitales régionales.
Ce n'est pas le cas des deux autres, dont les principaux centres urbains sont toujours sous contrôle ukrainien.
On ignore quel serait le statut formel de ces territoires pour l'Ukraine et la communauté internationale, alors que Volodymyr Zelensky a rejeté des concessions territoriales, incompatibles avec la Constitution ukrainienne.
Garanties de sécurité
L'Ukraine, soutenue par les Européens, exige de telles garanties en cas d'arrêt des hostilités, pour éviter toute reprise de l'invasion russe, ce que Moscou refuse catégoriquement.
Dans son compte rendu post-sommet à M. Zelensky et à plusieurs dirigeants européens, M. Trump a évoqué au profit de Kiev une garantie de sécurité similaire à celle de l'article 5 de l'Otan, en dehors toutefois du cadre de l'Alliance atlantique, selon deux sources au fait du dossier.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a elle indiqué qu'il s'agirait pour commencer de définir "une clause de sécurité collective qui permettrait à l'Ukraine d'obtenir le soutien de tous ses partenaires, y compris des Etats-Unis, prêts à agir dans le cas où elle serait à nouveau attaquée".
Plusieurs pays européens, notamment la France et le Royaume-Uni, ont indiqué être prêts à contribuer à une force de "réassurance" stationnée en Ukraine, mais pas sur la ligne de front.
Réunion tripartite à l'horizon ?
M. Trump a confirmé qu'il recevrait M. Zelensky lundi à la Maison Blanche. "Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine", a-t-il ajouté. Il avait auparavant estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien.
Ce dernier a cependant jugé que le refus d'un cessez-le-feu par la Russie "complique la situation", se disant sceptique sur la volonté de Moscou d'arriver à une paix durable.
Sanctions américaines en suspens
Vendredi expirait théoriquement un ultimatum fixé par M. Trump à la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, sous peine de sanctions dites "secondaires", c'est-à-dire visant les pays qui se fournissent auprès de la Russie, en particulier en pétrole et en armes.
Mais "vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a finalement jugé le président américain sur Fox News après sa rencontre avec M. Poutine.
Les dirigeants européens ont en revanche affirmé qu'ils "continueraient à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l'économie de guerre de la Russie, jusqu'à l'établissement d'une paix juste et durable".

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