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Quotas supprimés dans certains secteurs - Main-d’œuvre étrangère : un «mal nécessaire» pour les syndicalistes

Les autorités doivent jongler entre l’accueil de travailleurs étrangers, indispensables à l’économie, et la valorisation des talents locaux.

Maurice supprime les quotas de main-d’œuvre étrangère dans des secteurs clés. Cependant, les syndicats réclament une meilleure protection et des opportunités accrues pour les travailleurs locaux, afin de contrer la fuite des talents et les inégalités salariales.

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Les quotas de main-d’œuvre étrangère seront supprimés dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de la joaillerie, du port franc et des TIC/BPO. Annonce du ministre Padayachy lors de son grand oral, le vendredi 7 juin. Les modalités de recrutement ont aussi été assouplies. Pour de nombreux syndicalistes, la main-d’oeuvre étrangère est un « mal nécessaire », surtout face à l’exode des jeunes Mauriciens. 

Qu’il s’agisse de Reeaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public, de Vinod Seegum, président de l’All Civil Service Employees Federation, ou de Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Union, tous sont unanimes à reconnaître que « les travailleurs étrangers, quelle que soit leur nationalité, contribuent à l’avancement de l’économie ». En ce sens, ajoute Deepak Benydin, « il est crucial de mettre fin aux discriminations auxquelles ces travailleurs sont confrontés, que ce soit en termes de leurs salaires ou de leurs conditions de logement ».

Reeaz Chuttoo abonde dans le même sens : « Les travailleurs étrangers méritent d’être protégés. L’article 16 de la Constitution stipule clairement qu’on ne peut pas discriminer un individu en se basant sur son origine. » Dans la foulée, il salue la mesure inscrite dans l’annexe du Budget 2024-25, autorisant un travailleur étranger à se syndiquer. Cela vient corriger une injustice historique, affirme-t-il. « C’était d’ailleurs la proposition formulée par la CTSP lors des négociations pré-budgétaires », précise-t-il.

Toujours est-il qu’il est important de prôner l’égalité des chances. « Il ne faut pas que les Mauriciens soient marginalisés et sacrifiés. La priorité est de placer tout le monde sur un pied d’égalité. Il faut donner leur chance aux Mauriciens, car le pays est pourvu d’un bon nombre de talents », soutient Deepak Benydin.

Cependant, force est de constater que ces talents mauriciens sont de plus en plus nombreux à quitter le pays, s’inquiète Radhakrishna Sadien, président de la State Employees Federation. « Il ne faut pas permettre l’exode de nos talents », insiste-t-il. « Le gouvernement agit dans le domaine éducatif, mais c’est dommage que nos jeunes soient en train d’exposer leurs connaissances ailleurs », déplore-t-il. L’érosion des talents locaux est une menace réelle pour le développement durable de Maurice. « Les jeunes formés localement cherchent souvent des opportunités à l’étranger, ce qui prive le pays de ressources humaines qualifiées », expose le syndicaliste. Radhakrishna Sadien appelle donc à des politiques de rétention plus efficaces, soulignant l’importance de valoriser les compétences locales.

Vinod Seegum ajoute, pour sa part, que si le recrutement de travailleurs étrangers est une solution viable à court terme, il est également crucial de songer à la formation des Mauriciens. « Il faut qu’il y ait un salaire raisonnable », propose-t-il. C’est justement là où le bât blesse. « Les tracas des travailleurs résident surtout dans la relativité salariale », indique-t-il. Le Budget 2024-2025, constate-t-il, ne préconise rien dans ce sens. Pour le syndicaliste, le gouvernement aurait dû « avancer une date pour rassurer la classe travailleuse... et nous sommes restés sur notre faim ». Toutefois, il estime que la majoration du salaire minimum garanti à Rs 20 000 est « une avancée notable dans le contexte actuel »

Recrutement dans la fonction publique 

Radhakrishna Sadien s’inquiète du manque de mesures pour encourager le recrutement au sein de la fonction publique. « Je ne vois aucune mesure qui aborde la création de postes additionnels ou même le recrutement », déplore-t-il. Et plus particulièrement dans les services de santé, notamment le département paramédical et le Mauritius Fire and Rescue Services, qui sont à court d’effectifs. « Il faut répondre à ces problèmes », insiste-t-il.

 

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