
L’ancien ministre des Finances était l’invité de Nawaz Noorbux dans l’émission « Au cœur de l’info » du vendredi 8 août. Renganaden Padayachy défend bec et ongles les chiffres publiés par l’ancien régime, et dit laisser le soin à la justice de trancher concernant les différentes accusations à son encontre.
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Boom économique ou bombe économique ?
Renganaden Padayachy défend toujours l’expression « boom économique » qu’il a utilisée lors de sa dernière conférence de presse en tant que ministre des Finances l’année dernière. Il s’appuie sur la croissance soutenue de l’économie locale, qui a affiché un taux moyen compris entre 5 et 6 % sur une période d’au moins trois ans. Sur cette base, il qualifie de « malpropreté » le rapport « State of the Economy » publié par le gouvernement actuel.
Selon lui, deux éléments décrédibilisent ce rapport. Tout d’abord, l’exclusion des Global Business Companies, soit environ Rs 105 Md, dans le calcul des exportations de services. « Le Fonds Monétaire International avait pourtant recommandé cette pratique. Cela démontre la mauvaise foi de l’actuel régime », a-t-il avancé.
Un autre point soulevé concerne un détournement des fonds de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). Renganaden Padayachy remet également en question les propos de Sen Narrainen, ancien Senior Economic Advisor au ministère des Finances, tenus dans un article publié par la presse locale. « N’êtes-vous pas étonné que les expressions « trimming et cooking of data » soient également utilisées dans le rapport « The State of the Economy » ? (…) » a-t-il ajouté. L’ancien Grand argentier affirme qu’une commission d’enquête sera instituée pour déterminer l’auteur de ce rapport dès que le MSM retrouvera le pouvoir.
Renganaden Padayachy a également évoqué les prévisions économiques établies durant son mandat, avec l’appui de consultants privés et d’experts internationaux. Il reconnaît que des erreurs d’estimation ont toujours existé. « Pourquoi le gouvernement en place n’a-t-il pas proposé un mini-budget en janvier s’il savait qu’un déficit budgétaire était prévu ? Les membres du gouvernement se tournent les pouces », a-t-il poursuivi.
Détournement de la CSG
L’ancien Grand argentier affirme que l’actuel gouvernement a détourné Rs 11 Md des fonds de la CSG. Il soutient que cette information est vérifiable dans le rapport intitulé « The State of the Economy ». « Il s’agit d’un compte qui figure dans le Consolidated Fund. Une loi précise comment l’argent de la CSG doit être utilisé. Ce revenu devait servir à corriger les injustices sociales. De quel droit ce gouvernement a-t-il puisé Rs 11 Md ? » déplore l’ancien ministre.
Par ailleurs, Renganaden Padayachy défend le système de la CSG, qu’il qualifie de bonne formule. Il rappelle que ce dispositif a contribué à améliorer le quotidien des travailleurs. « Nous avions prévu de maintenir les allocations de la CSG au-delà de juin 2025 », a-t-il ajouté.
Chiffres de la CSG, selon Renganaden Padayachy
- 1er juillet 2021 : Rs 5,25 milliards
- 1er juillet 2022 : Rs 13,58 milliards
- 1er juillet 2023 : Rs 16,55 milliards
Pension
L’ancien ministre des Finances estime que la réforme actuelle de la pension est inadaptée. Selon lui, il aurait fallu renforcer la main-d’œuvre en ouvrant davantage le pays aux étrangers. « Le ciblage est erroné, car la pension est universelle. Pourquoi ne pas avoir taxé ceux dont le salaire dépasse Rs 500 000 ? Une fois au pouvoir, nous œuvrerons à rehausser la base économique de Maurice », a-t-il déclaré.
Padayachy réfute toute pression exercée de sa part
« Ma fonction m’obligeait à demander des comptes aux officiers », a répondu l’ancien ministre à une question sur d’éventuelles pressions exercées au sein de son ministère. Et de préciser : « Je ne peux pas me taire lorsque je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas du bullying. »
Cependant, l’ex-Gouverneur de la Banque centrale, Harvesh Seegolam, et l’ancien CEO de la Mauritius Investment Corporation (MIC), Jitendra Bissessur, ont affirmé avoir subi des pressions de la part de Renganaden Padayachy dans le cadre d’enquêtes menées par la Financial Crimes Commission (FCC) sur la MIC. L’ancien ministre des Finances rétorque : « Ce sont des allégations destinées à me détruire, mais la justice tranchera. »
Il insiste n’avoir jamais contrôlé la Banque centrale, rappelant qu’il s’agit d’une institution indépendante et qu’il existe une séparation claire entre l’autorité monétaire et fiscale. Pour illustrer cette indépendance, il cite : « Rama Sithanen ne cède pas face à Navin Ramgoolam pour la nomination de Bheenick. »
Mauritius Investment Corporation
Alors que la Mauritius Investment Corporation (MIC) est visée par des enquêtes de la FCC, Renganaden Padayachy affirme qu’aucun soupçon de copinage ne pèse sur elle. Il insiste sur le fait que la MIC a toujours agi de manière indépendante. « C’est bien qu’il y ait des enquêtes. On verra au tribunal. Nous ne pouvons pas faire de trial by the press. C’est à la justice de déterminer », a-t-il déclaré. L’ancien ministre souligne que Moody’s a mis en évidence le rôle de la MIC dans le soutien à la stabilité financière de Maurice. « C’est un fait », affirme-t-il.
MSM
Le Mouvement socialiste militant (MSM) est déjà à pied d’œuvre, notamment après la lourde défaite subie aux dernières élections, affirme Renganaden Padayachy. L’objectif : trouver la voie pour revenir au pouvoir et redonner espoir à la population. La pandémie, le naufrage du Wakashio, les courses hippiques, la question des squatteurs ou encore le ras-le-bol général figurent, selon lui, parmi les facteurs déterminants du scrutin de novembre 2024. « L’actuel gouvernement a su se vendre. Ceci dit, la population est dégoûtée. En peu de temps, il a perdu sa confiance et sa sympathie », a-t-il souligné.
Silver Bank et Reward Money
Renganaden Padayachy n’a pas souhaité répondre aux questions sur la Silver Bank et l’affaire Reward Money, rappelant que des enquêtes sont en cours. Concernant le rôle de la SBM dans ce dossier, il a toutefois précisé : « Mo gagn letan checker kisana tir kas an plenn kanpagn ? Ena enn lanket, less li fer an tout inparsialite. » Il souligne que c’est à la SBM d’apporter les réponses.
Quelques citations Printed money
• « C’est une pratique qui ne date pas d’hier et c’est une activité de la Banque de Maurice. »
• « Demandez au gouvernement pourquoi il y a toujours un problème avec la valeur de la roupie. Nos réserves se chiffrent à Rs 10 milliards. »
• « J’accepte que j’ai utilisé des méthodes non orthodoxes. »
Padanomics
• « Ceux qui utilisent ce terme rêvent de moi. »
• Diminuer les dépenses
• « Nous avions coupé les dépenses pour les voyages, si bien que pour les fêtes, PM ti dir servi gato pima dan fet. »
• « Banla pe dir la kess vid. Kass TVA kot ale ? Zot pe rakont zistwar. Zot inn gagn eleksion, trap pwalon ek travay. »
Croissance
• « Maurice ne pourra atteindre un taux de croissance de 2 % cette année. »
Inflation, IDE, chômage
• « Le niveau d’inflation a presque doublé. Les investissements directs étrangers ont chuté de 25 %. Il y a 2 000 nouveaux chômeurs. Va-t-on dire que c’est la faute à l’ancien régime ou que la caisse est vide ? »
Rs 1,6 milliard de la MIC à Maradiva
• « Il y a une enquête à la FCC. Je ne suis pas intervenu. Chacun a fait son travail par rapport à sa fonction. »
Lien avec le directeur de Kuros Construction
• « Je connais beaucoup de gens. Il n’a pas financé ma campagne. »
Propos de Sherry Singh
« Sherry Singh est un agent politique du parti travailliste. Li rakont tout sort zistwar. »
Appel au gouvernement
« Arrêtez de punir la population via une politique de vengeance. Demandez de l’aide s’il le faut. Mo pou ede si dimann mwa. »
Détournement de Rs 11 milliards
Le ministère des Finances dément
Le Junior Minister aux Finances, Dhaneshwar Damry, a tenu à démentir les propos de Renganaden Padayachy au sujet d’un détournement de Rs 11 milliards de la CSG. Dhaneshwar Damry a expliqué qu’en octobre 2023, Renganaden Padayachy, alors ministre des Finances, avait affirmé au Parlement que le fonds de la CSG était vide. « Il vient dire sur les ondes de Radio Plus que pendant que le MSM était au pouvoir et que la caisse était vide, l’actuel régime a détourné des fonds de la CSG », s’insurge Dhaneshwar Damry.
Le ministère des Finances a fait circuler l’état des finances du fonds de la CSG. Le Junior Minister tient à souligner que le gouvernement contribue à la CSG pour les fonctionnaires. « C’est cette contribution qui est qualifiée de détournement par Renganaden Padayachy. C’est grave », argue-t-il.


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