Apporter un soutien aux Mauriciens qui ont perdu leur emploi en raison de la pandémie de Covid-19 et aider ces personnes qui peinent à joindre les deux bouts depuis ces derniers mois. C’est l’engagement prises par certaines entreprises et Organisations non-gouvernementales. Quelles sont les institutions concernées ? Quels types de soutien offrent-elles aux plus vulnérables ? Qui sont les bénéficiaires ? Tour d’horizon.
Olivier Christophe Cybèle, 33 ans : de l’hôtellerie au métier de soudeur
Ayant perdu son emploi à cause de la Covid-19, Olivier Christophe Cybèle, qui travaillait dans un hôtel de l'Ouest, a été au chômage pendant deux mois. Après avoir pris note d’un programme de formation en soudage initié par l’Industrie et Services de l'océan Indien Ltée (ISOI), Chantier Naval de l'océan Indien en octobre dernier, il n’a pas hésité à s’inscrire. En effet, le programme de formation est conçu pour les personnes qui souhaitent apprendre un nouveau métier, pour la reconversion ou pour approfondir leurs connaissances en soudage.
« J’ai suivi une formation d’une semaine. Après avoir terminé le cours, j’ai été recruté par le Chantier Naval de l'océan Indien où je travaille depuis plus d’un mois », indique-t-il. Ce dernier souligne que lorsqu’il avait perdu son emploi à l'hôtel, il était très découragé. « Après mes études, j’ai travaillé uniquement dans les hôtels. Je n’avais pas d’autres expériences. Maintenant je suis soulagé. J’ai pu faire une nouvelle carrière grâce à ISOI », se réjouit-il.
Christine Bégué, 40 ans : «J’arrive maintenant à subvenir aux besoins de ma famille»
Mère de trois enfants, âgés de 20 ans, 16 ans et huit ans, Christine Bégué a pu trouver une source de revenus grâce à l'ONG Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois (MPRB). L’association prend en charge les frais de scolarisation de deux enfants.
Cette habitante de Roche-Bois travaillait dans un restaurant. « Quand je me suis trouvée sans emploi, le MPRB m’a proposé de préparer le déjeuner pour les enfants scolarisés pour l’association ainsi que pour les enseignants », raconte-t-elle. Au début, elle le faisait deux fois par semaine et sur une base volontaire. « Toutefois, l’ONG m’a demandé de venir travailler tous les jours et je reçois un salaire décent chaque fin du mois », avance notre interlocutrice. Elle soutient que cet argent lui permet de joindre les deux bouts. « Mon mari n’a pas un emploi fixe. Des fois il travaille comme plombier, mais lorsqu’il n’a pas de travail, le salaire que je touche nous permet de survivre », explique-t-elle.
Par ailleurs, elle dit ne pas s’inquiéter pour l’éducation de deux de ses enfants, car l’association s’en occupe déjà. « De plus, depuis le confinement, nous recevons souvent des rations grâce à la bonne volonté des entreprises », se réjouit Christine Bégué.
Pravin Rao Cooshnea, 25 ans : «Je préfère de travailler à mon propre compte»
En raison de la pandémie de Covid-19, Pravin Rao Cooshna a dû abandonner son rêve de travailler dans un bateau de croisière. Cependant, le confinement lui a permis de revoir ses objectifs et même de créer sa propre entreprise.
Chômeur depuis février dernier, Pravin Rao Cooshnea a tenté sa chance dans plusieurs entreprises spécialisées dans la vidéographie et l’editing. « Pendant le confinement je comprends que les entreprises étaient fermées et la question de recrutement ne se posait pas. Mais après la levée du confinement, j’ai envoyé ma candidature dans de nombreuses entreprises. Jusqu’à ce jour, je n’ai même pas reçu un appel pour un entretien », fait-il ressortir.
Déçu, le jeune homme de 25 ans a ainsi décidé de se mettre à son propre compte. Il s’est d’abord enregistré auprès de la SME Mauritius afin de pouvoir offrir ses services de vidéographie à des clients ‘corporates’ . « Grâce à un Business Registration Number (BRN) reçu à travers SME Mauritius, j’ai pu me lancer pleinement dans cette activité et travailler d’une manière plus professionnelle », lance le jeune homme. Aujourd’hui, il fait des vidéos pour des évènements d’entreprises et pour les différentes activités sportives. « Je dois dire que mes services sont très sollicités. Je suis fier d’avoir pris la bonne décision de créer ma propre boîte », dit-il.
Francess Raboude : «Je me suis lancée dans l’élevage des poules»
Habitante de Rivière-Noire, Francess Rabonde s’est trouvé en difficulté financière durant le confinement. Cependant grâce à un soutien d’ENL, elle s’est lancée dans une nouvelle activité : l’élevage des poules.
Cette dernière souligne qu’afin d’aider les plus vulnérables, ENL avait lancé #myENL COVID 19 Solidarity Fund. « Ce fonds de solidarité spécial est constitué de contributions volontaires des salariés du groupe en vue de soutenir la lutte nationale contre ce virus et ses conséquences socio-économiques », précise-t-elle.
C’est à travers ce projet, qu'elle a reçu des poules avec la compagnie, ce qui lui a permis de se lancer dans l’élevage. « Même si le revenu est peu, j’arrive toutefois à contribuer au budget familial », dit cette mère de trois enfants. Le 9 décembre prochain, Francess Raboude prendra un nouvel emploi comme cuisinière. « Cependant, je ne compte pas abandonner l’élevage. Ce sera une source de revenus additionnels », explique-t-elle.
Les entreprises/institutions/ONG aux secours des sans-emplois
CIM Finance - Job Support Programme : Plus de 275 demandes reçues à ce jour
Au cours de ces derniers mois, les équipes de Cim Finance ont travaillé à la mise en œuvre de différentes mesures pour aider leurs clients qui font face à des difficultés financières. « Si certains connaissent une baisse de revenus, d’autres ont carrément perdu leur emploi, principalement dans les secteurs d’activité qui ont été les plus touchés », soutient Rajeshri Moher, CSR Lead du groupe Cim
C’est la raison pour laquelle la compagnie a conçu le Job Support Programme. « L’équipe a également mis en place une équipe dédiée, dont la mission est de recevoir ses clients qui sont à la recherche d’un d’emploi », dit notre interlocutrice. Ces derniers doivent au préalable prendre rendez-vous et apporter les documents nécessaires le jour J, notamment leur Curriculum Vitae et une pièce d’identité.
L’équipe responsable les aidera à créer leur profil, à télécharger leurs documents et à postuler sur les portails d’emploi des partenaires de recrutement. De leur côté, Les agences de recrutement rechercheront les postes disponibles selon chaque profil. Depuis le lancement de cette initiative, soit le 18 novembre, Cim Finance a reçu plus de 275 demandes. D’ores et déjà, plusieurs profils ont été mis en ligne sur les portails des différentes agences de recrutement.
Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois (MPRB) : L’ONG qui fait le lien entre les chômeurs et les entreprises
Depuis 27 ans, l’ONG Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois (MPRB) travaille pour l'accompagnement social des jeunes en situation précaire et aussi avec leurs parents. Et depuis le confinement, l’association a renforci davantage son engagement, car la situation financière de nombreuses personnes dans la région s’est détériorée.
« Nous ne formons pas les personnes en vue d'un emploi, mais nous les formons pour les aider à développer leur capacité à sortir de leur situation difficile », explique le Programme Coordinator Edwige Dukhie. En effet, explique cette dernière, l’ONG n’a pas des programmes de formation spécifiques pour avoir un emploi. « Nous faisons plus la liaison avec les firmes qui ont des postes vacants pour informer nos bénéficiaires et les aider à trouver un emploi dans la mesure du possible », dit-elle.
Actuellement, 25 jeunes sont accompagnés par l’ONG. « Depuis le confinement à ce jour, trois jeunes ont déjà trouvé un emploi à plein temps », avance notre interlocutrice.
Afri Talent Management Ltd : Une centaine de Mauriciens seront formés en ce mois de décembre
Conformément à sa philosophie et au fait que la pandémie de la Covid 19 a profondément touché notre petite île, Afri Talent Management Ltd a décidé d’étendre son soutien à ceux qui veulent relever le défi et vivre les rêves.
« C’est la raison pour laquelle nous avons créé morismade.com. L’objectif est d’aider les PME locales, les startups, les pigistes, les femmes entrepreneures, les expatriés mauriciens, les diplômés au chômage et chaque chômeur à gagner sa vie en mettant en place leur propre entreprise », explique le Managing Director Yousouf Hossen Jookhun. En effet, la formation que propose la société est transformationnelle.
« Notre objectif est d’aider tous ceux qui sont motivés pour vraiment réussir », poursuit-il. Les formations varient de la création de l’entreprise en passant par l’innovation, la résolution de problèmes, la vente, le développement de carrière entre autres. Il faut compter Rs 1 500 pour un cours d’une journée complète, y compris les pauses thé, le déjeuner et le manuel de formation et le certificat. « Nous visons à former environ 100 participants en décembre 2020. Et nous trouverons toujours le temps pour soutenir ceux qui veulent vraiment réussir », soutient Yousouf Jookhun. Ce dernier avance que d’autres formations seront fournies en 2021.
L’Industrie et Services de l'océan Indien Ltée (ISOI) : Une formation en soudage pour les sans-emplois
L’Industrie et Services de l'océan Indien Ltée (ISOI) a lancé en octobre dernier un programme de formation en soudage pour les personnes qui souhaitent apprendre un nouveau métier pour leur reconversion ou pour approfondir leurs connaissances en soudage. « Le but est de promouvoir la formation des chômeurs. Les participants auront un certificat attestant qu'ils ont suivi une formation pour faciliter leur recrutement dans les organisations. À ce jour, l’établissement a reçu des demandes de nombreuses personnes de différentes industries, principalement des industries du tourisme qui recherchent une formation pour changer de domaine d'activité », indique Marie Catherine Veerapen son Training Manager.
ENL - nourezo.mu : une plateforme en ligne pour soutenir les artisans
Anticipant les difficultés que les Mauriciens ne manqueront pas de rencontrer dans le sillage du recul de l’économie nationale occasionné par la Covid-19, le groupe ENL propose depuis le mois de mai un coup de pouce gratuit aux Self-Employed et microentreprises. Il les met gratuitement en relation avec des clients potentiels à travers la plateforme en ligne nourezo.mu. Électricien, plombier, jardinier, chauffeur…
À terme, toutes ces compétences et d’autres encore seront accessibles en un clic sur www.nourezo.mu, qui est une initiative financée par le #myENL COVID-19 Solidarity Fund. Ce fonds de solidarité réunit les contributions volontaires de salariés et entreprises d’ENL pour venir en aide aux victimes socio-économiques du coronavirus.
Comment ça marche ? Un artisan qui souhaite faire partie du réseau s’inscrit sur le site www.nourezo.mu. Il y remplit le formulaire d’inscription, dans lequel il décline son identité, son offre de service, sa région d’opération ainsi que des recommandations de clients précédents, si disponibles. L’administrateur du site procède à une vérification de base pour s’assurer de l’authenticité des informations fournies. Si tout se passe bien, l’offre de service est mise en ligne.
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