Les propos du Premier ministre, lors de son discours du Nouvel an, sont diversement commentés. Pour l’opposition, il ferait preuve d’une attitude antidémocratique.
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L’un des points marquants du discours de Pravind Jugnauth, pour le Nouvel an concerne l’éventualité des prochaines élections générales en 2025. L’opposition exprime son mécontentement face à cette déclaration, la qualifiant d’antidémocratique.
La légitimité du gouvernement au-delà du mois de novembre 2024, après la dissolution du Parlement, pose problème, selon certains observateurs politiques. Ils estiment que le gouvernement semble de plus en plus encourager des dérives démocratiques et soulignent que ce serait « un gouvernement intérimaire qui n’aurait plus le droit moral de rester au pouvoir ».
L’avocat constitutionnaliste Parvez Dookhy affirme que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, « a mobilisé tous les moyens pour convaincre les Mauriciens d’accepter que les élections ne se tiendront pas en novembre ». Une démarche qu’il qualifie de « totalement révoltante ».
Il n’hésite d’ailleurs pas à rappeler les circonstances dans lesquelles Pravind Jugnauth est devenu Premier ministre pour la première fois en 2017, lorsque son père, sir Anerood Jugnauth, avait décidé de démissionner de son poste de chef du gouvernement pour céder sa place à son propre fils sans passer par des élections générales. « Ainsi, après avoir accédé au poste de Premier ministre par infraction, le voilà qui envisage de terminer son mandat de la même manière », ironise-t-il.
Pourtant, la Constitution autorise bel et bien le Premier ministre à repousser les élections de six mois après la dissolution du Parlement. Ce que concède Parvez Dookhy. Mais il explique que « cette option n’est pas la norme ». Selon lui, il s’agit simplement d’une mesure d’urgence qu’un Premier ministre peut activer en cas de situation catastrophique telle qu’une pandémie comme la COVID-19, un cyclone, ou une guerre. « Mais il n’y a rien de tout cela. Ce n’est pas parce que la Constitution accorde certains droits qu’il faut en abuser pour ses propres intérêts politiques », précise-t-il.
Selon lui, ce serait uniquement en raison du retard enregistré dans la concrétisation d’une série de projets initiés en 2019 que le Premier ministre souhaite activer cette option de report des élections. « Il faut dire les choses comme elles sont : s’il décide d’aller au-delà de novembre 2024, il aura tout simplement repoussé les élections. Ce qui est inacceptable, car un Premier ministre est élu pour cinq ans, et non cinq ans plus six mois », martèle Parvez Dookhy.
Psychose
Ram Seegobin, membre du parti politique de gauche Lalit, préfère aborder la situation sous une perspective différente. Selon lui, il n’y a pas lieu de dramatiser la possibilité d’organiser les élections en 2025. « L’opposition parlementaire a tout fait pour créer une psychose autour de l’organisation des élections », insistant sur leur nécessité en 2024. « Ils ‘fatiguent’ les gens en insistant que les élections doivent avoir lieu le plus tôt possible. Mais ils sont tout simplement en train de prendre une mauvaise direction », affirme-t-il.
Selon Ram Seegobin, l’opposition serait mieux avisée de peaufiner sa stratégie sur le terrain. Au lieu de se lancer dans « une campagne hystérique », il suggère que « l’opposition parlementaire concentre son énergie à proposer une véritable alternative à la population » à travers des solutions et des propositions intelligentes. « Faire campagne contre Pravind Jugnauth n’a pas de sens », dit-il, ajoutant que l’opposition parlementaire « est déjà pleinement consciente de cette possibilité légale de repousser les élections de six mois ».
« L’opposition doit passer à autre chose et ne pas continuer à s’embarquer dans des campagnes qui seront finalement stériles », déclare-t-il.
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