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Ponzi Scheme : malgré les alertes, des Mauriciens encore approchés par QNET

La FSC soutient que QNET ne dispose d’aucune autorisation légale pour exercer des activités financières ou d’investissement à Maurice. QNET qualifie de « negative member » ceux qui osent poser des questions.
  • La Financial Services Commission a transféré le dossier à la police et à la FCC

Des investisseurs mauriciens affirment avoir été trompés par des représentants de QNET, une entreprise opérant sans licence locale. Malgré les avertissements du régulateur, les sollicitations persistent.

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Depuis plusieurs mois, la Financial Services Commission (FSC), régulateur des services financiers à Maurice, reçoit des plaintes impliquant QNET, une entreprise étrangère qui opère sans licence sur le territoire mauricien. Selon la FSC, plus de vingt plaintes ou demandes de renseignements ont été reçues à ce jour. Elles émanent de personnes affirmant avoir été approchées par des individus se présentant comme représentants de QNET pour des placements financiers aux rendements élevés.

En novembre 2023, la FSC avait publié une première alerte destinée au public, indiquant clairement que QNET, le QI Group ou toute autre entité opérant sous ces noms n’étaient ni autorisés ni régulés à Maurice. Cette communication officielle avait pour objectif d’informer les consommateurs de services financiers des risques liés à des propositions d’investissements non encadrés par la législation en vigueur. Malgré cette annonce, les sollicitations n’ont pas cessé. Le régulateur affirme avoir continué à recevoir des plaintes au cours des mois suivants. Une communication additionnelle a ainsi été émise en mars 2025 afin de réitérer cette mise en garde.

Rs 225 000 et aucun retour sur investissement

Une des victimes ayant déposé plainte auprès de la FSC et de la police a accepté de témoigner. Elle explique avoir été contactée par un proche qui lui a présenté l’activité de QNET comme une opportunité professionnelle. Selon elle, le discours était axé sur des projections de revenus mensuels importants sur une période de trois ans. Elle indique qu’on lui a expliqué que l’investissement initial n’était pas obligatoire, mais qu’elle devait s’acquitter de frais de démarrage s’élevant à Rs 225 000. En échange, on lui promettait la possibilité de récupérer la somme en six mois, en exerçant une activité dans le réseau.

Elle déclare aussi avoir été attirée par d’autres promesses, notamment un forfait de 42 nuits dans des hôtels à l’étranger. Cependant, après avoir effectué le paiement, elle dit n’avoir reçu aucun des avantages mentionnés. Lorsqu’elle a commencé à poser des questions sur le fonctionnement du système et à réclamer un remboursement, elle aurait été exclue du groupe auquel elle appartenait. Elle rapporte que ceux qui interrogent le modèle sont perçus comme des éléments perturbateurs et sont rapidement écartés.

Elle a porté l’affaire à l’attention de la FSC ainsi qu’au Central Criminal Investigation Department (CCID), en soumettant notamment des enregistrements de conversations stockés sur une clé USB.

Réaction du régulateur

Interrogée sur ce dossier, la FSC a réaffirmé que QNET ne dispose d’aucune autorisation légale pour exercer des activités financières ou d’investissement à Maurice. Le régulateur rappelle que son rôle est de superviser les entités titulaires de licences délivrées dans le cadre des lois financières applicables. Ainsi, en l’absence de statut légal pour QNET, la FSC a transféré les dossiers aux autorités compétentes, à savoir la police et la Financial Crimes Commission (FCC).

Certaines victimes ayant écrit à la FSC pour signaler leur situation ont reçu une réponse les invitant à faire part de leurs griefs directement à QNET, via des adresses électroniques fournies dans les courriels de réponse. Cette procédure s’explique, selon la FSC, par le fait que QNET n’étant pas une entité régulée, le régulateur n’a pas les pouvoirs nécessaires pour traiter une demande de remboursement ou enquêter sur son modèle économique. En revanche, il appartient aux autorités judiciaires et policières de déterminer s’il existe matière à poursuites.

Naushad Khadun, analyste du secteur financier, considère que le modèle adopté par QNET s’apparente à celui d’un Ponzi Scheme. Il explique que, selon la Securities Act, toute personne sollicitant une transaction financière, comme un investissement ou une souscription de titres, doit être en possession d’une licence délivrée par la FSC.

Dans un Ponzi Scheme, le système repose souvent sur le recrutement de nouveaux participants, dont les fonds servent à rémunérer les anciens membres, plutôt qu’à générer des revenus réels. Selon lui, QNET utilise également des éléments de marketing de réseau ou de vente multiniveaux, ce qui rend le modèle difficile à identifier pour un public peu familiarisé avec les mécanismes financiers. Naushad Khadun attire l’attention sur le fait que les victimes peuvent parfois être influencées par des témoignages positifs d’anciens membres qui auraient perçu des paiements ou des gains. Ces récits, présentés comme authentiques, peuvent contribuer à légitimer l’entreprise auprès des nouveaux entrants.

Le spécialiste ajoute que la question centrale reste de savoir ce que QNET fait réellement des fonds qui lui sont confiés. Il souligne qu’un minimum de vérification aurait permis à certaines victimes de découvrir des signalements ou des critiques concernant l’entreprise sur des plateformes accessibles au grand public, telles que YouTube.

Naushad Khadun recommande aux investisseurs de ne pas s’engager dans des propositions d’investissement sans avoir reçu une documentation précise et transparente sur la stratégie de placement proposée. Il précise que ce devoir de clarté est inscrit dans la législation, notamment dans la FCCA (FCC Act), qui établit une obligation légale de divulgation (duty of disclosure) pour toute entité sollicitant des fonds. Il considère que l’absence d’un tel document est une raison suffisante pour refuser de s’engager dans un processus qui implique des transactions financières. Naushad Khadun invite les consommateurs à exercer une vigilance accrue face aux promesses de rendements élevés, surtout lorsqu’aucune preuve tangible n’est fournie concernant l’activité de l’entreprise.

Rapport éventuel entre un salarié de la FSC et QNET

Certaines victimes de QNET affirment qu’un des employés de la FSC est parenté à l’un des responsables de QNET. Ce serait ce qui permettrait à QNET d’opérer en toute quiétude. Est-ce vrai ? Si oui, l’employé de la FSC est-il lié aux enquêtes sur QNET ? La FSC répond que le personnel qui s’occupe de la question chez le régulateur n’est pas impliqué, directement ou indirectement, dans QNET.

 

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