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Journée internationale de la jeunesse – Krishna Pentayah, 27 ans : reconnecter l’humain à la nature pour un avenir résilient

À l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août autour du thème « Développement durable », rencontre avec Krishna Pentayah, fondateur de l’ONG Sov Lanatir. Il mobilise la jeunesse mauricienne et internationale pour protéger la nature et bâtir un avenir plus résilient.

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À 27 ans, Krishna Pentayah, l’une des voix montantes de l’activisme environnemental dans l’océan Indien, œuvre à raviver la connexion perdue entre l’humain et la nature. Originaire d’Écroignard, un village de l’Est où la relation avec la terre, la mer et la biodiversité est encore vibrante, il a grandi avec la conviction que la nature est un héritage culturel, spirituel, voire vital. Krishna Pentayah est un jeune homme aux multiples casquettes : ingénieur mécanique, chercheur en énergies vertes et United Nations Youth Ambassador. En 2020, il connaît un déclic : il crée l’ONG Sov Lanatir.

Un choc écologique comme déclencheur

Le 25 juillet 2020, le vraquier Wakashio s’échoue sur les côtes sud-est de l’île Maurice, déversant des tonnes de fioul dans un lagon protégé. Pour Krishna, cette catastrophe marque un tournant.

« Voir notre lagon souillé m’a brisé. Mais ça m’a aussi réveillé. Il fallait une réponse forte, collective et jeune. »

Ainsi naît Sov Lanatir, une ONG qui allie écologie, justice sociale et décolonisation des savoirs, portée par une vision résolument optimiste : réinventer notre lien à la nature, au croisement de la science, de la culture et des savoirs ancestraux.

Une jeunesse en première ligne

Avec plus de 600 membres actifs et 60 000 jeunes touchés, Sov Lanatir s’impose comme une force motrice de la transition écologique à Maurice. L’organisation transforme le brain drain (fuite des cerveaux) en brain power : anciens lauréats, scientifiques, artistes ou militants conçoivent ensemble des projets au service du vivant.

Parmi, le Projet national de régénération des mangroves. Co-construit avec les communautés locales, il mobilise plus de 5 000 jeunes, 2 000 élèves et 30 pêcheurs rémunérés pour leur savoir. Une synergie entre science et tradition, entre urgence climatique et enracinement culturel.

Cette année, Krishna a représenté Sov Lanatir et la jeunesse au High Level Political Forum des Nations Unies, en tant que United Nations Youth Ambassador, où il plaide pour une lecture vivante — et non bureaucratique — des Objectifs de développement durable (ODD).

« Ce ne sont pas des cases à cocher. Ce sont des façons d’habiter le monde autrement. »

Sur le terrain, les membres de Sov Lanatir restaurent des écosystèmes, mènent des recherches et dialoguent avec les communautés. Chaque département de l'ONG - sciences marines, art, STEM, justice sociale, savoirs ancestraux - est dirigé par des jeunes.

Défis de taille, vision de long terme

Maurice est confrontée à de graves défis : montée des eaux, érosion côtière, blanchissement des coraux (jusqu’à 80 % en 2024), dépendance énergétique aux énergies fossiles. Sov Lanatir y répond par une approche à plusieurs échelles : restauration écologique, diplomatie climatique, formation à la littératie environnementale (programme Lékol dan Lanatir).

Krishna voit loin : protection de Diego Garcia, qui abrite l’un des plus vastes herbiers de la planète ; valorisation durable de la zone économique exclusive mauricienne, la 20e plus vaste au monde ; et création d’un modèle insulaire où écologie, culture et économie coexistent en équilibre.

Redonner confiance aux jeunes

Mais les obstacles restent nombreux : népotisme, lenteurs administratives, manque de collaboration intergénérationnelle. Krishna appelle à la mise en place de fonds nationaux pour financer les projets portés par la jeunesse, à des rôles consultatifs concrets et à un changement de regard.

« On ne demande pas à ce qu’on nous laisse faire seuls. On demande à ce qu’on nous guide, et qu’on nous fasse confiance. », dit-il.

Un message pour la Journée internationale de la jeunesse

Alors que le monde traverse des crises multiples, Krishna rappelle l’essentiel :

« Peu importe d’où vous venez — moi, je viens d’un petit village — vous pouvez être le changement. Croyez en votre mission, même si personne d’autre n’y croit ».

 

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