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Pakistan: liberté sous caution pour un ex-Premier ministre avant son retour d'exil

Un tribunal pakistanais a accordé jeudi la liberté sous caution à l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, lui garantissant de ne pas être arrêté à son retour dans son pays ce week-end après presque quatre années d'exil, a annoncé l'un de ses avocats.

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M. Sharif, 73 ans, qui est exilé à Londres depuis novembre 2019, doit rentrer au Pakistan pour aider son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), à remporter les élections, prévues fin janvier.

La décision du tribunal d'Islamabad le protège contre toute arrestation jusqu'au 24 octobre et lui permettra de prendre part au rassemblement prévu pour son retour samedi à Lahore, capitale de la province du Pendjab, son fief électoral.

"Il ne peut pas être arrêté à son arrivée", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Amjad Pervaiz. D'autres audiences suivront pour déterminer son avenir judiciaire.

M. Sharif, qui a été trois fois Premier ministre du Pakistan, avait été destitué pour corruption en 2017 par la Cour suprême, qui l'avait banni à vie de tout mandat politique un an plus tard.

Son retour survient au moment où l'ancien Premier ministre Imran Khan, l'homme politique le plus populaire du pays, est lui-même emprisonné.

Condamné en décembre 2018 à sept ans de prison pour corruption, Nawaz Sharif avait été emprisonné pendant dix mois, avant d'être libéré sous caution en raison de son état de santé et d'obtenir de pouvoir aller se soigner pour quelques semaines à Londres.

Malgré plusieurs assignations à comparaître devant les tribunaux pakistanais, il n’avait depuis plus quitté Londres, d'où il avait continué à diriger en coulisses la PML-N.

- "Une sorte d'arrangement" -
Les tribunaux pakistanais sont souvent utilisés pour lancer des procédures longues et fastidieuses dans le but d'étouffer les opposants politiques, notamment ceux qui se hasardent à critiquer la toute puissante armée, selon les défenseurs des droits humains.

Son retour a été rendu possible par l'arrivée au pouvoir de son frère, Shehbaz Sharif, après l'éviction en avril 2022 d'Imran Khan de son poste de Premier ministre, grâce à une motion de censure à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement dirigé par son frère a adopté une loi limitant la durée d'inéligibilité d'un parlementaire à une période maximale de cinq ans.

Les analystes estiment que Nawaz Sharif, dont les trois mandats précédents ont été interrompus avant leur terme, aurait obtenu des garanties auprès de l'armée de ne pas être incarcéré.

"Il y a eu une sorte d'arrangement avec l'establishment militaire, sinon il n'aurait pas décidé de revenir", a affirmé à l'AFP le commentateur politique Zahid Hussain.

Le gouvernement intérimaire, composé de technocrates, qui a succédé en août à celui de Shehbaz pour préparer les élections, conformément à la Constitution, a nié qu'un quelconque accord ait été conclu.

Nawaz Sharif est à la tête de l'une des deux dynasties familiales qui dominent depuis des décennies la vie politique pakistanaise, avec le Parti du peuple pakistanais (PPP) de la famille Bhutto.

- Expérience et personnalité -
En vue du prochain scrutin, la PML-N compte sur son expérience et sa personnalité - il est jugé plus charismatique que Shehbaz -, pour raviver sa popularité, entamée par les difficultés économiques et la forte inflation.

"Son principal défi est de renforcer la crédibilité du parti, en particulier à l'aune de l'important soutien dont jouit Imran Khan, en particulier auprès des jeunes", a estimé M. Hussain.

Accusé d’avoir divulgué un document classifié, M. Khan, 71 ans, est emprisonné depuis août. Il a été déclaré inéligible pour cinq ans et est poursuivi dans plus de 200 affaires, qu’il juge politiquement motivées.

Il accuse l'armée, qui l'avait aidé à accéder au pouvoir en 2018 mais dont il a depuis perdu le soutien selon les observateurs, de chercher à l'empêcher de reprendre la tête du pays.

Surnommé "le Lion du Pendjab", Nawaz Sharif a chaque fois rebondi après avoir été chassé du pouvoir. Son premier mandat (1990-1993) s'était achevé sur des soupçons de corruption. Le deuxième avait duré de 1997 à 1999, lorsqu'il avait été renversé par un putsch militaire mené par le général Pervez Musharraf.

Il avait attribué sa chute en 2017 à l'armée. Il n’avait cessé de nier toute malversation et de dénoncer une conspiration des militaires à l'approche des élections pour faciliter la victoire d'Imran Khan, finalement devenu Premier ministre.

Mais avant son retour, il a tempéré ses critiques à l'égard de l'armée, qui a été au pouvoir pendant près de la moitié des 75 ans d'existence du pays et continue à exercer une influence politique considérable.

 

© Agence France-Presse

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