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Padayachy : «Les mesures budgétaires généreront 3,8 % de croissance additionnelle»

  • Objectif de ramener la dette publique à 60 % du PIB d’ici 4 ans
  • Des mesures seront prises pour contrer les tensions inflationnistes qui seront générées par le Budget
  • Des actions sévères contre les commerçants en cas de hausse artificielle des prix 

Renganaden Padayachy a passé en revue la philosophie ainsi que les principales mesures de son cinquième Budget lors du désormais traditionnel « Budget Breakfast » qui s’est tenu le samedi 8 juin à Ébène. Le ministre des Finances a aussi fait part de ses objectifs à brève et longue échéance. 

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La vision du Budget selon Renganaden Padayachy : « C’est un Budget avec une vision. D’ailleurs, on l’a intitulé ‘Tomorrow is ours’ ; ‘Demain est à nous’. Certes, un Budget s’étend sur une année, mais nous avons vu plus loin. Nous améliorons notre environnement économique et social, tout en tenant compte de certaines priorités. Nous œuvrons pour venir en aide à ceux qui ont le plus besoin de nous. C’est un Budget qui regarde l’avenir avec des mesures sur le court, mais aussi sur le long terme. »  

Des tensions inflationnistes 

Renganaden Padayachy ne se berce pas d’illusions. Il se dit conscient que le Budget peut favoriser l’inflation. « Bien sûr qu’il y aura des tensions inflationnistes. Augmenter les dépenses publiques peut entraîner des tensions inflationnistes, mais nous prendrons des actions et des mesures afin de ne pas dépasser le barème fixé pour l’inflation qui est de 2 % à 5 %. Nous œuvrerons pour une baisse graduelle de l’inflation », affirme-t-il. 

Ces mesures à l’agenda pour contrer l’inflation 

Veiller à ce qu’il n’y ait pas de hausse artificielle des prix « Nous procéderons à des vérifications des prix des produits. Que ce soit bien clair, la ministre du Commerce et le Premier ministre l’ont aussi dit, nous allons être très sévères avec les opérateurs dans la grande distribution s’ils augmentent leurs prix. Nous allons suivre de près ce qui va se passer pour empêcher qu’il y ait une hausse artificielle des prix », précise le Grand argentier. À savoir que dans l’annexe du Budget, il est indiqué que la loi sera renforcée pour dissuader les mauvaises pratiques.

L’introduction des « mark-up » si nécessaire 

Renganaden Padayachy donne la garantie que les autorités veilleront à ce que le revenu additionnel qui entrera dans les poches des Mauriciens « ne soit pas mangé d’un coup ». « Nous avons les outils nécessaires comme le ‘mark-up’ que nous pouvons mettre en place pour calmer les envies déraisonnables », prévient-il.  

La prévision du ministre des Finances sur l’inflation 

Le taux restera dans la fourchette des 3 % à 5 % d’ici les six prochains mois et il continuera à baisser l’an prochain.

Quand mesures riment avec croissance supplémentaire 

Les mesures budgétaires vont générer 3,8 % de croissance supplémentaire, indique Renganaden Padayachy. « Nous avons évalué l’impact des mesures que nous apportons. Certes, certaines mesures n’apportent pas de croissance, mais ont une justification sociale et humaine. De même, les résultats économiques des mesures sur l’environnement ne se verront pas immédiatement, mais dans le temps », a-t-il ajouté. 

Réduire le ratio de la dette publique 

Le gouvernement envisage de ramener la dette publique sous la barre des 70 %. Comment compte-t-il procéder ? « La trajectoire de la croissance amènera plus de recettes et de revenus. Plus on a de la richesse, plus le taux d’endettement baissera. La réponse est aussi simple que cela », affirme le ministre des Finances. Il précise qu’il ne mène pas une politique de réduction de la dette, mais celle d’une hausse de la richesse. « Si la dette grimpe, la croissance augmente aussi, car cette dette sert à développer le pays et à améliorer nos infrastructures. Certains disent que chaque enfant naît avec une dette sur la tête. Or, avant même que l’enfant naisse, nous donnons de l’argent à sa mère pour améliorer sa condition de vie », fait-il ressortir. Cela dit, poursuit-il, le gouvernement a la ferme intention de baisser le ratio de la dette publique par rapport au PIB, car le pays a une croissance plus forte et soutenable. « Nous ramènerons la dette publique à 60 % du PIB dans le prochain mandat, soit dans un maximum de 4 ans », prévoit-il. Il précise, cependant, que le montant de la dette ne baissera pas. « Aucun gouvernement n’a baissé le montant de la dette. Pour arriver à un budget en surplus, il nous faudra une taxation de 30 % de notre PIB. Ce qui calera notre économie. Nous préférons laisser croître notre économie », indique-t-il.

Pension : son opinion sur le… 

…ciblage : « Le FMI préconise l’arrêt de la pension à 60 ans. L’institution ne comprend pas le fonctionnement de la société mauricienne. Le plus important pour un pays, c’est la confiance. Si la confiance n’est pas là, il n’y aura pas de dépenses, pas d’investissements. Le Premier ministre ne croit pas qu’il faille cibler la pension. Nous ne voulons pas faire de l’économie sur la détresse humaine. La pension de vieillesse est à 60 ans et il restera à 60 ans. La pension que nous donnons ne permet pas de manger du caviar, mais permet de vivre mieux ! » 

…paiement en deux tranches : « Cela aurait été irresponsable d’accorder une hausse de Rs 1 500 tout de suite. Il faut voir notre capacité à payer. Si on l’avait fait, on aurait dû alors revoir à la baisse les allocations CSG. Accorder Rs 500 dans un premier temps est plus raisonnable. Comme c’est un Budget d’un an, nous avons décidé de payer l’autre tranche en janvier, car nous y tenons. »

…paiement de la pension dans le temps : « La croissance continuera à croître année après année. Ce qui va générer plus de revenus. Bien sûr qu’on aura plus de gens à la retraite, plus de pension à payer. Mais que voulez-vous ? Qu’on laisse nos aînés sombrer dans la pauvreté ? En 2014, la pension était de Rs 3 643. Ce qui représentait 40 % du seuil de la pauvreté. Il n’est pas question de politique ici, mais de l’humain. Quand nous décidons d’augmenter la pension, c’est en prenant en considération le seuil de la pauvreté. On se dirige vers une ‘trillion economy’. On aura ainsi plus de revenus pour payer la pension. »   

Le coup de gueule de Padayachy sur le « brain drain » 

« Maurice est un pays libre. De tout temps, il y a eu la fuite des cerveaux, même durant l’Indépendance du pays. J’ai moi-même vécu à l’étranger pendant 20 ans. Beaucoup partent, beaucoup retournent aussi. Mais avant de regarder ceux qui partent, je préfère regarder ceux qui restent », martèle-t-il. Ce n’est pas parce qu’il y a un brain drain que tout va mal dans le pays, ajoute-t-il. « Nous avons un taux de croissance le plus élevé au monde. Le chômage est en baisse dans le pays et nous avons un taux d’inégalité le plus faible. Nous avons pris des mesures pour améliorer les conditions de vie de tout le monde. C’est au Mauricien de faire son choix, s’il veut partir ou rester. Au sein du gouvernement, notre priorité demeure ceux qui restent et les plus vulnérables. Ceux qui veulent partir bonne chance et merci pour votre travail. Personne n’est irremplaçable. Nous sommes tous de passage à n’importe quel niveau. L’entreprise et le pays continueront à rouler », conclut-il. 

La raison derrière l’allocation d’égalité des chances 

« En analysant le Household Budget Survey, nous avons noté qu’environ 40 000 familles – je ne parle pas d’individus ici, mais de ménages – gagnent moins de Rs 20 000 », indique-t-il. Il prend l’exemple d’une famille monoparentale où la mère vient d’avoir la pension et son enfant a moins de 18 ans. 

« Elle touche moins de Rs 20 000. Nous avons souhaité assurer un revenu minimum pour les ménages aussi. D’où cette allocation pour que la personne arrive à un niveau de Rs 20 000, qui est, pour nous, un minimum de subsistance. C’est notre philosophie de viser ces personnes-là. On n’hésitera pas à faire des réformes fiscales pour améliorer notre environnement socio-économique », fait-il ressortir.

Il a aussi dit

« On n’a pas baissé le prix des carburants, car cela aurait été une mesure populiste. » 

« La classe moyenne bénéficie du Budget en termes d’abattements fiscaux sur les voitures et les maisons. Les familles de la classe moyenne peuvent aussi envisager d’avoir des enfants et bénéficieront des mesures que nous proposons à cet effet, sans compter le système de taxation la plus progressiste que nous avons apporté en leur faveur l’an dernier. Nous avons encore beaucoup à faire à l’avenir pour la classe moyenne. »  

« Notre philosophie est basée sur l’humain. Il faut valoriser le capital humain en 
lui accordant un salaire raisonnable. C’est cette augmentation des revenus qui entraînera une amélioration de la productivité. » 

« Nous avons les moyens pour financer ces mesures, car la croissance économique est là. Nous travaillons pour adapter notre politique économique et sociale en vue d’avoir un taux de croissance élevé. » 
« En attendant que le nombre d’enfants par couple augmente dans le pays grâce aux mesures que nous prenons pour augmenter le taux de fertilité, nous devons avoir recours aux travailleurs étrangers. C’est cela qui va nous permettre d’assurer une croissance additionnelle. N’oublions pas que le premier miracle économique du pays, nous le devons aussi à l’apport des travailleurs étrangers. Il faut prendre cela en ligne de compte ! »

« L’augmentation de notre richesse ne s’est pas faite comme cela, c’est le gouvernement qui a mis en place une série de mesures pour arriver à cela. »

« Le Budget touche toutes les composantes de la population, avec une priorité pour ceux qui ont besoin de notre aide. Que ceux qui qualifient le Budget d’électoraliste, de ‘labous dou’, qu’ils le fassent ! » 

« Ma principale priorité, c’est le marché du travail. Nous mettons tout en œuvre pour assouplir et améliorer le marché du travail. D’où des réformes pour attirer les talents à venir dans le pays. »  


Bon à savoir 

Le rapport sur le réalignement salarial bientôt prêt 

« On travaille sur la relativité des salaires à la fois dans le secteur public et privé. Laissons les professionnels faire leur travail », déclare le ministre. Des rencontres sont à l’agenda entre le secteur privé et le ministère à ce sujet. Le rapport sera bientôt présenté. 

Un rapport sur les familles vivant dans l’extrême pauvreté en préparation 

La National Empowerment Foundation travaille actuellement sur un rapport dont le but est de déterminer si les 7 000 familles vivant dans l’extrême pauvreté dans le pays ont vu une amélioration de leurs conditions de vie. Le rapport sera finalisé cette année et devrait être présenté en 2025, indique le ministre des Finances. 

La vente de certains actifs de l’État n’est plus d’actualité

La dynamique économique a changé la donne. C’est en ces termes que Renganaden Padayachy explique la décision du gouvernement de ne plus aller de l’avant avec la vente de certains actifs de l’État. « Nous allons utiliser ces institutions pour générer plus de recettes », affirme-t-il.
Smith, Keynes, Friedman 

Lors de la session questions/réponses sur le Budget 2024-25, le ministre des Finances s’est appesanti sur certaines théories économiques. « Toutes les analyses et théories suivent deux visions, celle d’Adam Smith et de John Maynard Keynes. Cela dit, il ne faut pas rester figé, car l’économie est dynamique et évolutive. Je crois dans l’offre et la demande. En tant que ministre des Finances, il faut trouver le bon équilibre entre les deux. Si on n’écoutait que Milton Friedman, le pays aurait fait faillite pendant la pandémie de COVID-19. La seule jolie mesure qu’il propose, c’est la ‘negative income tax’ », souligne-t-il. 

 

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