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Monde du travail : être patron, ce n’est pas toujours une partie de plaisir

Chomeur

Être son propre patron n’est pas une sinécure. Il n’y a pas que la célébrité, les voyages, les voitures de luxe et d’autres plaisirs… Derrière le côté glamour, se cache une réalité souvent cruelle.

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«Être à son propre compte est une lutte perpétuelle pour sortir la tête hors de l’eau, face à une concurrence de plus en plus féroce », laisse tomber Jocelyn, patron d’une petite entreprise. D’une manière générale, l’on a tendance à croire que ceux qui travaillent à leur propre compte sont moins stressés que ceux qui travaillent pour un patron. Selon Jocelyn, rien n’est moins vrai. Comme nous l’explique notre interlocuteur, après son travail, un salarié n’a pas de grands soucis à se faire. Il peut vaquer en toute quiétude à ses occupations personnelles. Tandis que le patron, lui, doit toujours se casser la tête pour trouver une solution aux nombreux problèmes auxquels est confrontée son entreprise.

Le patron d’une entreprise, qui fait face à des difficultés financières, doit tout faire pour assurer le paiement des salaires aux employés. Jocelyn explique que ses soucis commencent lorsque certains de ses clients- le plus souvent de grandes entreprises- tardent à honorer les factures.

« Souvent, c’est après trois mois ou plus qu’ils décident de vous payer », se plaint-il. Il avance que, dans pareille situation, il est seul à se démener pour trouver de l’argent afin de faire tourner l’entreprise.

Faire un emprunt bancaire constitue un véritable casse-tête pour les entrepreneurs. Jocelyn raconte qu’il a frappé à la porte de plusieurs banques pour financer la création de son entreprise. L’une  d’entre elles a carrément refusé, argumentant qu’il ne fabriquait pas ses produits mais les importait. Finalement, une banque commerciale a accepté de lui offrir que Rs 1 million avec un taux d’intérêt de  9.5%.  « Ce n’est pas évident, presque toute ma marge de profit est bouffée par la banque et si j’avais à payer une location, depuis longtemps j’aurais fermé l’entreprise », explique Jocelyn.

Un autre entrepreneur, qui a tenu à garder l’anonymat,  explique que plusieurs entreprises sont en proie à des difficultés financières et qu’elles risquent à tout moment d’être placées sous administration judiciaire. Il aurait souhaité que les petites entreprises aient plus de facilités pour accéder à l’emprunt, car elles sont les plus gros pourvoyeurs d’emploi. 

Beaucoup de sacrifices

Être ‘self-employed’ exige aussi beaucoup de sacrifices.  Patrick, qui gère son propre magasin dans un grand centre commercial, explique qu’il passe presque tout son temps au travail. « Même les jours de fêtes, je suis au boulot, même pour quelques heures », raconte-t-il.  Il explique aussi que, conformément au contrat le liant à l’administration, il doit respecter certaines conditions, car c’est un centre commercial qui attire beaucoup de touristes. « Je  dois même informer au préalable le responsable si je décide de fermer le magasin pour toute une journée », indique-t-il. Tout comme les autres entrepreneurs, il évoque les difficultés pour avoir des facilités bancaires, malgré les promesses du gouvernement.

Écouler les produits

Mamade, lui, est marchand de dholl puris et de rotis depuis plus d’une trentaine d’années. Il se réveille tous les jours à trois heures du matin pour la cuisson de ses produits. À sept heures, il est en route. À près de 80 ans, il trouve toujours la force de pousser son tricycle et d’aller vendre ses produits. Il reconnaît que ce n’est pas un travail de tout repos. Mais il préfère travailler à son propre compte. « Je ne vous cache pas que je gagne bien ma vie, bien que je doive consentir à beaucoup de sacrifices. » Le moment le plus dur, pour lui, est lorsqu’il doit quitter sa maison le matin sous une pluie battante pour aller servir ses premiers clients.

Mamade reconnaît qu’il lui arrive de ne pas écouler tous ses produits. Ce qui représente une perte de revenus. Il procède alors au partage des dholl puris et rotis non-vendus à ses voisins. « Mais heureusement, cela n’arrive que très rarement », dit-il.

Parmi ceux qui travaillent à leur propre compte, l’on trouve aussi des peintres automobiles.  Raj est dans le métier depuis une vingtaine d’années. « Ce n’est pas un métier de tout repos », explique-t-il.  Mais il ne cache pas sa fierté d’avoir son propre garage. « Travay pou dimoun, li pa fasil.. Monn  prefer ouver mo prop bizness »,  fait-il comprendre, lui qui a travaillé dans une entreprise pendant des années.

Il explique qu’il travaille souvent jusqu’à tard le soir, pour  respecter le délai de livraison. « Si ou pa fer zefor, ou pou perdi klian », affirme-t-il, chose qu’il redoute le plus, face à une rude concurrence sur le marché.

Parlant des difficultés auxquelles il doit faire face en tant qu’entrepreneur, il se plaint de ce qu’il qualifie de concurrence déloyale. Il pointe ainsi du doigt les garages qui travaillent à bas prix rien que pour lui piquer ses clients, sans vraiment faire du  bon travail. Après avoir assuré leur formation, certaines personnes le quittent pour aller ouvrir leurs propres garages et lui faire de la concurrence… « Mais ça fait partie des risques du métier », conclut-il, philosophe.

  • LDMG

 

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