
Face à une consommation électrique record et à la menace croissante de blackouts cet été, les autorités préparent leur stratégie pour juguler la demande énergétique. En mars dernier déjà, la consommation nationale a atteint un pic historique de 567,9 mégawatts (MW), frôlant les 600 MW un autre jour. Une catastrophe a été évitée grâce à l’intervention des hôtels, qui ont accepté d’utiliser leurs générateurs pour alimenter leurs établissements, réduisant ainsi la pression sur le réseau du Central Electricity Board (CEB). Cependant, l’Hôtel du gouvernement prévoit une période encore plus critique dans deux à trois mois, avec l’arrivée de l’été, saison où la demande énergétique explose traditionnellement.
La perspective de nouvelles infrastructures de production électrique s’avère incertaine à court terme. L’arrivée de barges électriques flottantes, ou « powerships », semble compromise, tandis que le déploiement de centrales mobiles connectées aux installations existantes nécessiterait un délai trop long pour répondre à l’urgence.
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Jeudi, lors de sa conférence de presse, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a reconnu les défis à venir : « Nous ne pourrons pas nous défaire du charbon d’aussitôt. Soit nous achèterons des moteurs utilisant de l’huile lourde, soit du gaz naturel liquéfié. Cela prendra deux ou trois ans avant leur installation. Dans l’intervalle, nous essaierons de limiter les dégâts. » Il a exprimé sa crainte d’un blackout d’ici la fin de l’année si des mesures urgentes ne sont pas prises, pointant du doigt l’inaction et le manque de planification de l’ancien gouvernement.
Discussions avec les hôteliers et propriétaires de centres commerciaux
Plusieurs rounds de discussions approfondies ont été menés avec les acteurs clés du secteur privé, notamment l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM). Les hôteliers, dont les établissements sont parmi les plus gros consommateurs d’électricité, ont été sollicités pour recourir à leurs générateurs auxiliaires lors des pics de consommation. Cette mesure, déjà appliquée avec succès en mars, vise à alléger la charge sur le réseau national. « La collaboration des hôteliers est essentielle pour éviter des coupures généralisées », indique une source proche du dossier au sein du CEB. Toutefois, si en mars la coopération s’est faite sans contrepartie, cette fois-ci il est question d’établir un cadre formel. En effet, l’usage de leurs générateurs est plus coûteux pour les établissements hôteliers que de dépendre du CEB. Les hôteliers souhaitent donc une contrepartie.
Par ailleurs, les centres commerciaux, supermarchés et autres grands consommateurs d’énergie, tels que les usines, les immeubles commerciaux et les complexes industriels, seront aussi invités à réduire leur consommation électrique. On parle ici, entre autres, des systèmes de climatisation, qui représentent une part significative de la demande énergétique, mais aussi de réduire l’éclairage lorsque les bâtiments sont fermés.
Dès septembre, des mesures réglementaires entreront en vigueur pour limiter l’impact des appareils d’air conditionné. Les climatiseurs à forte consommation seront interdits à la vente dans les magasins, une décision visant à encourager l’adoption d’équipements plus économes. « Cette régulation est un premier pas vers une consommation plus responsable », explique un responsable du CEB.
En parallèle, les municipalités et conseils de district ont été sensibilisés à la nécessité de réduire le gaspillage énergétique. Les éclairages publics, notamment ceux des terrains de football et autres espaces récréatifs, devront être éteints lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Cette consigne, bien que simple, pourrait générer des économies substantielles si elle est rigoureusement appliquée.
Impliquer la population
Pour impliquer la population, le CEB prépare une vaste campagne de sensibilisation qui débutera en septembre. À travers des messages diffusés dans les médias, des ateliers éducatifs et des incitations financières, l’objectif est d’encourager les Mauriciens à adopter des comportements écoénergétiques. Réduire l’utilisation des appareils électriques en heures de pointe, privilégier les ampoules LED ou encore limiter l’usage des climatiseurs sont autant de gestes qui seront promus. « Chaque petit effort compte. Si tout le monde s’y met, nous pouvons éviter le pire », assure-t-on au niveau des autorités.
À l’approche de l’été, la menace de blackouts plane donc. En l’absence de solutions immédiates pour augmenter la capacité de production, la maîtrise de la demande énergétique apparaît comme la seule option viable à court terme. Si les mesures actuelles portent leurs fruits, elles pourraient non seulement prévenir les coupures, mais aussi poser les bases d’une gestion énergétique plus durable.

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