Drogue invisible et inodore : Cannabinoïde synthétique liquide, ce fléau discret qui inquiète

Le cannabinoïde synthétique liquide, une nouvelle drogue discrète et inodore, suscite des inquiétudes croissantes à Maurice. Consommée via des vaporisateurs sans éveiller les soupçons, elle provoque des effets graves, tels que des hallucinations et des troubles respiratoires. 

Hallucinations, soudaines crises de panique, troubles respiratoires… Ce sont autant d’effets graves que peut provoquer la consommation de cannabinoïde synthétique liquide. La particularité de cette nouvelle drogue, qui a fait son entrée à Maurice, réside dans le fait qu’elle peut être consommée discrètement sans éveiller de soupçons. 

Le 29 octobre 2022, les services douaniers ont intercepté une cargaison inédite à l’aéroport. En fouillant les bagages d’un passager, les agents ont découvert environ 3,25 litres de ce produit dangereux, dissimulés dans deux bouteilles d’alcool. Sa valeur marchande dépasse un million de dollars américains, ce qui représente un peu plus de Rs 46,6 millions. 

Cette saisie, la première de ce genre à Maurice, met en lumière une tendance mondiale croissante parmi les trafiquants de drogue, comme le révèle le dernier rapport annuel de la Mauritius Revenue Authority (MRA) publié la semaine dernière. Celui-ci souligne « l’ingéniosité croissante des criminels qui, en utilisant des liquides cachés dans des emballages banals, tentent de contourner les contrôles sécuritaires ». 

En ce qui concerne le coût, il est rapporté que 30 millilitres de cannabinoïde synthétique liquide se vendent entre Rs 3 000 et  Rs 4 000. Cette quantité permet généralement à son utilisateur de le consommer pendant environ une semaine. 

Fabriqué en laboratoire, le cannabinoïde synthétique liquide pose un danger considérable pour la santé publique en raison de ses effets imprévisibles et de sa toxicité potentielle. La MRA appelle donc à une vigilance accrue et à une adaptation rapide des méthodes de détection pour contrer cette menace. 

 Des informations obtenues de diverses sources, incluant des travailleurs sociaux et des membres de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), affirment que les cannabinoïdes synthétiques liquides sont présents sur le sol mauricien depuis environ quatre ans. Cette substance, en plein essor parmi les consommateurs, est prisée pour la discrétion qu’elle offre. 

Contrairement aux joints traditionnels, les cannabinoïdes synthétiques liquides sont généralement consommés à l’aide de vaporisateurs. Ce mode d’administration a l’avantage de ne dégager aucune odeur, ce qui permet aux utilisateurs de consommer ce produit sans attirer l’attention des autorités. 

« L’aspect discret du cannabinoïde synthétique liquide est une des raisons qui expliquent sa popularité croissante. Sa consommation peut se faire en public sans éveiller les soupçons, contrairement aux méthodes plus évidentes comme les joints, qui dégagent une odeur reconnaissable. Cela permet aux utilisateurs de les consommer dans des lieux publics sans susciter la curiosité ou les interventions des forces de l’ordre », explique une source de l’Adsu. 

Plusieurs sources expliquent que les cannabinoïdes synthétiques fabriqués de manière illicite sont généralement ajoutés à des cartouches liquides utilisées dans les dispositifs de vapotage ou mélangés à des matériaux végétaux séchés et effilochés pour être fumés. Connus sous les noms de « K2 » ou « Spice », ces produits attirent les consommateurs parce que cela leur permet d’échapper aux dépistages urinaires de routine car ils sont indétectables. 

L’usage de ce produit n’est toutefois pas sans risques. Un travailleur social ayant précédemment assisté des personnes ayant consommé ce cannabinoïde alerte sur ses effets potentiellement graves. « Si une personne peu habituée au cannabis ou qui en est à sa première expérience choisit directement de consommer du cannabinoïde synthétique liquide, cela peut la plonger dans un état incontrôlable, avec des risques d’hallucinations et de problèmes respiratoires », explique-t-il. Il précise que l’intensité des effets peut provoquer un sentiment de panique chez l’utilisateur, engendrant ainsi d’autres complications potentielles.