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Marday Sivaramen et son Ganesha ‘eco-friendly’

Marday Sivaramen Les amis de Marday attelés à la fabrication de la statuette.
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Ce mardi matin, à Albion, Marday Sivaramen et ses amis déposeront leur statuette de Ganesha dans l’eau et attendront qu’elle se désagrège, car elle a été fabriquée en papier crêpe et carton biodégradables cette année. Ce sera la 7e statuette ‘eco-friendly’ conçue par Marday et ses amis. Une manière de célébrer la fête en conformité avec sa foi et ses convictions écologiques.

« Rien dans les livres sacrés n’indique quels matériaux il faut utiliser pour fabriquer les statuettes représentant les divinités », faisait valoir Marday, il y a une semaine de cela, au moment où lui et ses amis avaient déjà terminé les deux-tiers de la statuette, dont la tête et les pieds, à son domicile situé à 5e Mile, Beau-Bassin. Provocation ou pied de nez aux gardiens de l’orthodoxie ? Rien de tout cela. Marday est un citoyen spécial qui a choisi de vivre, selon ses convictions, déjà lorsqu’il laissait tomber ses emplois obtenus, grâce à son MBA, décernée par l’Université de Birmingham, puis lorsqu’il se reconvertira en garden designer. Depuis, sa maison ne contient que des objets utilitaires, tous ou presque recyclés à base de matériaux biodégradables et d’éléments qui dégagent des énergies. Résolument opposé à la société de consommation, il refuse le superflu et s’attache à l’essentiel, le tout baignant dans un univers spirituel où la musique sacrée est omniprésente.

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Les cinq têtes de Ganesh représentent la terre, le feu, l’air, l’espace et l’eau, tous indispensables à l’harmonie des choses.

Spécialiste du ‘ghatam’

« Ce sont les deux éléments qui rythment ma vie et la musique a été à la base de la création des statuettes », explique ce spécialiste du ‘ghatam’, ce petit instrument à percussions, en forme de pot, issue de la tradition musicale du sud de l’Inde, que jouent également ses amis, Selvinen, Andisen, Rama et Ajith. Pour réaliser cette statuette spéciale, il lui a fallu 200 mètres de papier crêpe non-imprimé qui a été découpée en lamelles puis forgées à l’effigie du dieu-éléphant. Le concept, reconnaît-il, lui est venu lors de ses nombreux séjours à Madurai, dans le Tamil Nadu, où il a observé les artisans fabriquer des guirlandes à l’aide des fleurs et qui servent d’ornement aux coiffures féminines. Et pourquoi ne pas s’en inspirer pour ses statuettes de Ganesha, s’est-il demandé ?

C'est une effigie de Ganesh à cinq têtes qui accroche le regards»

Joignant l’idée à l’acte, de retour à Maurice, il expérimente sa technique qu’il baptise Meenakshipriya en recourant à la terre enduite de safran. Ce premier test s’avère une réussite, puisque la statuette prend forme solidement avant de finir au fond des eaux de Grande-Rivière-Nord-Ouest le jour de la fête. Durant les années qui suivront et animé du même souci écologique, il va s’approprier tour à tour d’autres matériaux, aussi originaux que contrastés, comme le goémon, les bougainvillées ou la toile étamine pour confectionner ses statuettes. « Pour chaque concept, le sens du détail et la précision sont importants, car il faut éviter le gaspillage », précise-t-il, avant d’ajouter avoir rencontré plus de difficultés à travailler la mousse, qu’il a fallu natter à l’aide de fil. En revanche, les bougainvillées ont été faciles à manier.

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Marday Sivaramen se définit davantage comme une personne imprégnée de spiritualité.

‘Deadline’ précis

Comme tout bon professionnel formé à la gestion, Marday tient à ce que le temps imparti à la création des différentes pièces de la statuette et à l’assemblage répondent à un ‘deadline’ précis, même si tout ce petit groupe d’amis semble être logé à la même enseigne. « C’est vrai que j’ai le rôle de concepteur, mais on partage les idées, on communique, afin d’avoir un résultat qui nous satisfait », nuance-t-il. 

À l’arrivée, c’est une effigie de Ganesh à cinq têtes qui accroche le regard, chacune représentant les éléments de la nature. « Pour moi, c’est une offrande sacrée qui a la particularité de faire corps avec la nature et non pas de la dégrader, grâce aux matériaux qui la composent. Nous oublions trop souvent que la quête spirituelle doit aussi intégrer le respect de l’harmonie entre la terre, le feu, l’air, l’espace et l’eau », fait-il valoir. Pour la même fête, en 2020, et si le temps joue le jeu, il prévoit de fabriquer sa statue sur la plage et au lieu de l’immerger, il y versera de l’eau dessus jusqu'à la désintégration totale. A-t-il pensé à l’effet qu’un acte provoquera ? « Je ne suis pas un ritualiste, mes convictions sont dans l’ordre de la spiritualité et la philosophie, mais c’est un sujet à débat », concède-t-il.

 

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