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Libération des quatre condamnés de l'affaire l'Amicale ce jeudi : fin d’un long feuilleton judiciaire

L'incendie à la maison de jeu L'Amicale, à Port-Louis, avait fait sept morts en mai 1999.

Avec la libération des quatre condamnés de l'affaire l'Amicale, prévue ce jeudi, c'est le clap de fin d'un long feuilleton judiciaire. Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor quitteront en effet la prison de Richelieu ce 23 août 2018.

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Les quatre avaient été condamnés à la prison à vie en novembre 2000 par le juge d'alors, Paul Lam Shang Leen. Ils avaient été trouvés coupables d'avoir mis le feu à la maison de jeu, l'Amicale, à Port-Louis, le 23 mai 1999. Le drame avait fait sept morts. 

Cependant, Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor ont toujours clamé leur innocence dans cette affaire. Ils devaient être libérés le 17 mars 2019. Mais, selon une source proche de l’administration pénitentiaire, les noms des quatre condamnés avaient été envoyés ensemble avec ceux de 56 autres condamnés devant la Commission de pourvoi en grâce pour leur libération. 

Selon nos renseignements, avec l’amendement de la loi en juillet 2018, dorénavant toute personne condamnée par une cour de justice verra sa peine réduite après comptabilisation du temps passé en détention provisoire.

L’administration pénitentiaire avait confirmé au journal Star il y a deux semaines, «qu’à partir de maintenant c’est l’ «Arithmetical deduction» de la prison qui va compter». En clair, ceux qui sont déjà condamnés et qui ont droit à la déduction des jours passés en détention provisoire ont rempli un formulaire qui a été soumis à la Commission de pourvoi en grâce. Les quatre condamnés de l’incendie de l’Amicale avaient ainsi toutes les chances d’être libérés plus tôt que prévu. 

Ci-dessous un rappel des faits : 

17 heures, dimanche 23 mai 1999. Le match de football entre la Fire Brigade et le Scouts Club, au stade Anjalay, Belle Vue, prend fin. La rencontre a été marquée par des incidents dans les gradins. Des actes de vandalisme ont lieu tout au long du trajet retour des supporters vers la capitale. À Port-Louis, les bureaux de la Mauritius Football Associations, le bâtiment Emmanuel Anquetil, le poste de police de la rue Pope Hennessy et bien d’autres immeubles sont saccagés par des émeutiers. 18 h 55. Les forces de l’ordre et les pompiers sont mandés d’urgence à la rue Royale. L’Amicale, maison de jeux très populaire de Port-Louis, est la proie des flammes. 

L’incendie est d’une rare violence. Après une intervention de plusieurs heures, les pompiers parviennent à circonscrire l’incendie. À l’intérieur, c’est l’horreur. Sept personnes, dont une femme enceinte de huit mois, sont retrouvées calcinées vers 00 h 40. Alors que l’opinion publique est choquée et que des milliers de citoyens font une marche silencieuse dans les rues de la capitale pour exprimer leur solidarité avec les familles des victimes, la police procédera à l’arrestation de 25 personnes durant la semaine qui suivra le drame. 

L’étau se resserra finalement sur neuf personnes. Parmi, il y a des supporters du Scouts Club, à savoir Sheik Imram Sumodhee, 38 ans, Khaleeloudeen Sumodhee, 37 ans, Abdool Naseeb Keeramuth, 20 ans, et Muhammad Shafiq Nawoor, 19 ans. Tous plaident non coupable. Alors que les cinq autres seront innocentés, ces quatre-là écopent, le 20 novembre 2000, d’un emprisonnement à vie, équivalant à 45 ans de prison. Tous estiment ne pas mériter leur peine et mettront tout en œuvre pour pouvoir sortir de prison au plus vite. Un long combat débute alors. De nombreuses interrogations surgissent et des zones d’ombre mises en lumière sur la manière dont l’enquête a été menée. La politique s’en mêle. 

Des dirigeants politiques exprimeront eux aussi leurs doutes par rapport à l’implication de ceux qui ont été condamnés. On pointe du doigt l’escadron de la mort qui sévit à l’époque. D’ailleurs, dans une conférence de presse conjointe le 13 juillet 2013, sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger feront clairement part de leurs soupçons. L’appel des quatre prisonniers sera rejeté. À de multiples reprises, les avocats font des demandes pour rouvrir l’enquête avec de nouveaux éléments à faire valoir. Sans réussite. Le 23 mai 2013, Rama Valayden, en collaboration avec les avocats Neelkanth Dulloo, Sanjeev Teeluckdharry, Sameer Hossenbaccus, Ravi Rutnah et d’autres jeunes, produisent un volumineux rapport intitulé «Wrongfully Convicted». 

L’enquête y est refaite et plusieurs zones d’ombres sont dénombrées. Le 10 juin 2015, une première tentative est faite pour que la commission de pourvoi en grâce permette la libération des quatre hommes, mais en vain. Le 6 septembre 2015, la commission informe qu’elle ne tranchera pas sur ce cas. Les avocats se sont alors rendus devant la Human Rights commission qui en juin 2015, avait fait savoir dans son rapport qu’il existe des éléments qui jouent en faveur des condamnés et avait recommandé le retour du dossier devant la commission de pourvoi en grâce.
 

 

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