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Le troisième trimestre scolaire et ses défis

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C’est un troisième trimestre scolaire qui commence en janvier dans des circonstances exceptionnelles. Il est rempli de défis pour les acteurs concernés, principalement les élèves qui veulent réussir leur scolarité. 

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Corentin Anthony, élève du Collège du Saint-Esprit.

« La peur paralyse… » Cette citation vient de la série Fugitiva sur Netflix. Certains élèves éprouvent cette sensation malheureusement en ce moment. 

Pour Corentin Anthony, un élève du Collège du Saint-Esprit, personne n’a été épargné par rapport aux examens.

« Il est aujourd’hui très difficile, voire impossible, de trouver un étudiant qui n’a pas été fortement affecté par cette pandémie de la Covid-19. Il y a eu le chamboulement du calendrier scolaire, les cours en ligne et les cours en présentiel et l’incertitude par rapport aux examens. Toutefois, ce serait encore plus dommageable si nous portons un regard pessimiste sur notre futur. »

Ce jeune homme veut être optimiste. « Comme le dit l’adage : “La meilleure défense, c’est l’attaque ”. Pour nous défendre contre ce virus, attaquons l’année 2022 avec un grand bol de positivité, d’espoir, et d’optimisme. Focalisons-nous sur cette lueur d’espoir qu’offre la vaccination pour protéger la population et restons solidaires. »

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Lovena Elodie Affouan, élève du Collège de Lorette de Port-Louis.

Pour sa part, Lovena Elodie Affouan, une élève du Loreto College de Port-Louis, est d’avis que la Covid-19 a radicalement changé le quotidien des élèves avec la fermeture des écoles. « Ce qui affecte négativement notre éducation, mais nous avons la chance d’avoir accès à plusieurs plates-formes pour suivre nos cours en ligne. »

Suivre ses cours dans le confort de sa maison ne la dérange pas. « Je me sens moins stressée et je peux mieux planifier mon temps. Je n’ai pas besoin de me lever tôt non plus, car je ne perds pas de temps dans le trajet qui mène à l’école. Cependant, ma grande crainte c’est que rester à la maison m’a fait perdre ma capacité à socialiser. »

Un recteur d’un collège d’État dit qu’il a noté que certains élèves sont angoissés. « Nous avons régulièrement une interaction avec les enseignants. Ces derniers nous donnent un rapport sur leur performance et nous informent s’ils remarquent quelque chose sur la santé des élèves. Sans perdre de temps, nous faisons le nécessaire pour venir en aide. Rien ne doit être laissé au hasard, surtout en ce troisième trimestre. »

Options pour les travaux pratiques 

Deux options s’offrent aux candidats du School Certificate (SC), du Higher School Certificate (HSC) et du General Certificate of Education qui ont des travaux pratiques.

Avec la fermeture des écoles, Cambridge International offre deux options aux élèves. Elles sont : component exemptions et component adjustments. Dans le premier cas, les candidats ne pourront pas présenter leurs travaux ou accéder à certaines facilités ou équipements. En optant pour la Covid-19 exemption, l’élève sera évalué sur les autres questionnaires dans la matière concernée. Le component adjustments concerne les candidats qui pourront présenter une partie de leurs travaux. 

Les chefs d’établissements doivent faire connaître la position de leurs élèves à partir du 24 janvier 2022, au Mauritius Examinations Syndicate. 

Angela Ghurburrun, élève en Grade 13 au Mahatma Gandhi Institute, à Moka, est d’avis que l’école aurait dû être déjà en présentiel. Car elle estime que le nombre de personnes positives à la Covid-19 a diminué. Pour cette jeune fille, il serait souhaitable pour tout le monde d’organiser les mock exams. 

L’enseignant Kamal Prayag du Modern College de Flacq explique que les élèves du SC n’ont pas de souci à terminer leurs travaux pratiques. « Avec les cours qui reprennent au mois de février, les élèves auront suffisamment de temps avant le début des examens. »

Ce n’est pas le cas pour les élèves du HSC. « Avec les nouvelles conditions émises par Cambridge, les élèves qui ont un certain niveau ne seront pas inquiétés, mais les élèves avec un niveau moyen doivent faire des efforts additionnels. »

Krishna Seebaluck : «Il est important de bien gérer son temps»

krishnaLe psychologue clinicien Krishna Seebaluck brosse un tableau sur l’angoisse que peuvent éprouver les élèves en cette période. Il met l’accent sur l’importance de bien gérer son temps. 

Le troisième trimestre rime avec parfois pression et angoisse pour les élèves. Quels sont les éléments à privilégier en cette période ?
Les élèves peuvent faire face à des moments stressants par rapport à la somme de travail qu’ils ont en cette période. Du coup, la mise en place d’une organisation de travail cohérente et bien structurée leur permettra de mieux gérer leur stress.

À cause de la pression pour compléter les cours et les révisions, il est important de bien gérer son temps. Certains élèves préfèrent travailler sous pression et à la dernière minute, tandis que d’autres préfèrent être plus organisés. Si l’élève a tendance à trop procrastiner, il se retrouvera devant une « montagne de travail », qui génèrera du stress.

Comment donc s’y prendre ?
Pendant les révisions, l’élève a aussi tendance à apprendre de nouveaux éléments. Du coup, il est important de trouver l’équilibre entre les révisions et l’acquisition de nouvelles connaissances. S’il ne fait pas attention, il ne se rappellera que des nouveaux éléments qu’il a acquis. 

Qu’en est-il de la gestion du temps ?
Il est aussi important de gérer son temps de repos. Car le repos permet la consolidation du mécanisme d’apprentissage et de mémorisation. Ensuite, le repos permet au cerveau de reprendre son efficience neurologique. Un manque de repos peut engendrer une perte des habiletés cognitives et un relâchement des hormones du stress. Ce dernier peut aussi nuire aux capacités d’attention et de la mémoire du travail.

Les cours à la maison ne sont pas toujours évidents pour certains élèves. Comment se mettre en confiance ?
Suivre les cours en ligne à la maison demande un niveau de concentration beaucoup plus complexe et appliquée qu’en présentiel.

Dans un premier temps, il y a moins d’interaction. La joie et la bonne humeur dans le milieu estudiantin sont remplacées par la solitude et l’isolement, car chaque élève se trouve devant son écran et non pas dans son environnement scolaire ou universitaire. Du coup, l’animateur des cours a la responsabilité de rendre les cours plus intéressants et de promouvoir le dialogue et l’interaction.

Être seul devant un écran pendant plusieurs heures peut provoquer une fatigue mentale et une lassitude accrue. En sus de la pression du troisième trimestre, l’élève peut commencer à avoir des symptômes de dépression et d’angoisse. La démotivation peut prendre le dessus, ce qui influera sur la performance de l’élève pour les examens. Le numérique n’est pas mauvais en soi.
C’est plutôt une question d’organisation et de contenu. On a des outils numériques utiles et efficaces, mais souvent, il y a un manque de réflexion pédagogique autour de leur usage.

En prenant en considération la gravité de la situation de la pandémie, il est aussi important de trouver la juste mesure entre l’interaction physique et virtuelle.

Quel doit être le rôle des parents en ces temps difficiles ?
On ne peut pas trop demander aux parents, surtout s’ils doivent partager leur temps entre leur travail et les enfants. Si les parents travaillent de la maison, ils doivent gérer leur travail et les caprices de leurs enfants. Les parents ont la responsabilité de s’assurer que leurs enfants suivent les cours en ligne. Ensuite, ils doivent souvent prendre du temps pour discuter du fonctionnement des cours et de l’adaptation de leurs enfants. Il est conseillé aux parents de faire appel à un professionnel s’ils observent que l’enfant fait l’expérience des symptômes de stress :

  • Un manque de motivation et de concentration ;
  • Une tendance à se renfermer sur lui-même ou à s’isoler ;
  • Une diminution d’interaction à la maison ;
  • Le manque d’appétit ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Des problèmes digestifs ;
  • Une fatigue mentale constante ;
  • Une tendance à s’agiter ou à s’irriter très facilement. 

Accès aux cours en ligne

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PHOTO ILLUSTRATION - cours en ligne.

Les cours en ligne sont le mode d’apprentissage des élèves. Il a pris de l’ampleur depuis 2020, lors du premier confinement. Cependant, beaucoup d’élèves ont encore du mal à se connecter. Le pédagogue Kristen Nallan fait observer que depuis l’introduction des cours en ligne, les chefs d’établissements ont compilé une liste des élèves qui n’ont pas accès à l’Internet. Il propose que les autorités accordent une subvention pour l’achat d’une tablette pour les plus démunis. Il estime que les parents peuvent récupérer des notes et des devoirs de l’école pour les enfants. 

L’enseignant en informatique Arvin Bhojun, qui est le secrétaire de l’Union of Private Secondary Education Employees, déplore qu’il n’y ait pas d’uniformité dans le système de cours en ligne. 

« Chacun peut choisir sa plate-forme selon sa convenance. Elle peut être pratique pour certains et pas pour d’autres. Par exemple, l’application Zoom est gratuite, mais vous ne pouvez pas suivre de cours en ligne plus de 50 minutes en continu, sauf si vous achetez un package. Par ailleurs, la version d’Office 365 offerte par le ministère de l’Éducation n’est pas compatible au MacBook. »

Il concède toutefois qu’on ne peut blâmer personne, car aucune disposition n’a été prise pour une formation appropriée pour l’utilisation des outils technologiques et l’apprentissage en ligne. Selon l’enseignant, si des équipements, des logiciels et une formation appropriée avaient été mis à disposition des enseignants, les choses auraient été plus simples pour tout le monde. 

Obstacles 

Arvin Bhojun rappelle que les élèves qui font face à des problèmes financiers, qui vivent au sein de familles brisées, ont malheureusement des problèmes pour se connecter. Ces élèves gardent le silence et sont pénalisés. 

D’autre part, le système en ligne actuel n’est pas pratique pour certaines matières, surtout celles qui requièrent des travaux pratiques comme le dessin et le design. 

L’enseignant fait ressortir que les élèves des Grades 7 et 8 sont laissés à eux-mêmes n’ayant personne pour clarifier leurs doutes, quand ils suivent des programmes télévisés. 

Il est d’avis que maintenir les examens dans ce contexte n’est pas équitable. « Tous les apprenants n’ont pas pu acquérir la même quantité de connaissances, en raison de diverses déficiences qui étaient pour la plupart hors de leur contrôle. La compétition ne sera pas équitable. »

Selon lui, il faut donner les équipements, la connectivité et les logiciels aux éducateurs et aux apprenants, quelles que soient leurs conditions. Les éducateurs doivent être formés et avoir un système efficace pour évaluer les élèves en ligne. Puis, il faut mettre en place un système éducatif hybride permanent. Au sein de celui-ci les cours en ligne et physiques seront dispensés en parallèle tout au long de l’année scolaire.

Décrochage des élèves

La Covid-19 a forcé le ministère de l’Éducation à offrir des cours en ligne. Les cours pour les enfants des Grades 1 à 6 sont diffusés sur les quatre chaînes de la MBC. Les cours des Grades 9 à 13 se font en ligne et ceux des Grades 7 et 8 sont diffusés sur les chaînes de la MBC et aussi accessibles sur le Student Support Portal. 

Cependant, la rectrice de Royal Holloway College, Amita Boolauky s’interroge : « Avec une moyenne de 43,7 % d’absence pour les cours en ligne, nous nous demandons si le processus d’enseignement et d’apprentissage est mené de manière efficace et efficiente. Il y a un allègement des programmes et des exemptions de composantes de certaines matières qui seront examinées à l’échelle nationale et internationale. Mais nous ressentons en quelque sorte une peur chez les élèves et les parents, ce qui affecte évidemment les éducateurs. »

Selon elle, les élèves, qui ont toujours été en compétition les uns avec les autres, sont démotivés par la promotion automatique. « Ils s’inquiètent de leur inclusion dans le monde compétitif qui les attend après leur scolarité. Nous constatons que les éducateurs optimisent leurs efforts pour assurer le succès des cours en ligne. Mais nous ne pouvons toujours pas ignorer les paradigmes de risque. »

Plusieurs raisons provoquent le décrochage des apprenants. Amita Boolauky note que certains apprenants n’ont pas encore terminé les festivités de la nouvelle année. D’autres poursuivent leur travail à temps partiel pour avoir de l’argent de poche supplémentaire, puisque les cours en ligne sont là.

Ajouter à cela, il y a des problèmes de connexion à l’Internet chez certains élèves à cause de la pauvreté. 

« Il y a aussi le fait que certains apprenants ne trouvent pas intéressant de s’asseoir pendant une heure et de suivre un cours.

Une incompréhension qui se traduit, pour plus d’un tiers d’entre eux, par une faible participation. Ennui, ignorance et passivité sont autant de signes avant-coureurs d’un décrochage total. C’est aussi un fait que les apprenants avec un niveau moyen ont besoin de l’apprentissage en présentiel. Ils ont besoin d’une communication horizontale, de ce contact visuel et du lien avec leurs enseignants et leurs amis. »

Il y a une certaine frustration chez les apprenants, à cause de l’absence de leur enseignant ou de l’impossibilité de discuter avec leurs amis en classe.

« Si on n’arrive pas à mieux gérer les classes en ligne, environ 5 000 élèves quitteront le système éducatif sans diplôme. L’échec scolaire sera inévitable. »

Selon Didier Moutou, recteur du Bhujoharry College de La-Tour-Koenig, pour diverses raisons, le programme d’étude ne sera pas complété à temps et sera difficile à rattraper.

« Selon les parents, les enfants n’ont pas été à l’école pendant presque deux trimestres. Et pour ce troisième trimestre, les conditions de préparation ne sont pas optimales. Il y a eu au début des cours en ligne qui sont ensuite passés en présentiel. »
Selon notre interlocuteur ce sont principalement les élèves qui redoublent qui décrochent à cause du manque de moyen financier pour payer les frais d’examens.

 

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