Interview

Kreepalloo Sunghoon: «Environ 5000 planteurs sont actuellement sans revenus»

Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association
Les planteurs ont subi des pertes variant entre Rs 50 000 et Rs 150 000, indique Kreepalloo Sunghoon. Pour le secrétaire de la Small Planters Association, ce n’est que vers fin avril que la production de légumes connaîtra une amélioration.
50 % des plantations de légumes ont été endommagées par les accumulations d’eau. Dans quelle mesure les planteurs sont-ils affectés ? Sur 9 000 planteurs à travers l’île, environ 4 500 à 5 000 planteurs ont vu leurs récoltes affectées par les grosses pluies. Conséquence : ils ont subi des pertes variant entre Rs 50 000 et Rs 150 000, dépendant des légumes qu’ils cultivaient. Ces planteurs se trouvent actuellement sans revenus pour subvenir aux besoins de leurs familles, mais également sans rente pour pouvoir réinvestir dans leurs champs. Quelle est la situation actuelle au niveau de la production ? La production a baissé de l’ordre de 40 %. D’ailleurs, on ressent déjà qu’il y a moins de légumes sur le marché. Par ailleurs, la qualité de certains produits n’est pas au rendez-vous. Y a-t-il des risques de pénurie? Oui, pour certains légumes comme la carotte, le chou, le haricot vert ou encore la pomme d’amour.
[blockquote]« La production a baissé de l’ordre de 40 %. Les Mauriciens devront soit diminuer leur consommation, soit dépenser plus d’argent pour consommer la même quantité de légumes »[/blockquote]
Quel impact sur les consommateurs ? Tout comme les planteurs, les consommateurs souffrent également de la situation. Pratiquement tous les légumes ont vu leur prix grimper. Il faut compter actuellement Rs 100 pour un demi-kilo de pomme d’amour,Rs 25 pour un demi-kilo d’aubergine, Rs 35 pour une calebasse et Rs 40 pour un chou. Les Mauriciens devront soit diminuer leur consommation, soit dépenser plus d’argent pour consommer la même quantité de légumes. Le pays est également affecté dans la mesure où nous perdons des devises, vu que nous devons importer des légumes que nous produisons d’habitude localement. À quand une stabilisation de la situation ? Pour certains légumes, il faudra attendre un mois avant que la production retourne à la normale. Pour d’autres produits, il faut compter trois mois. On peut s’attendre à une amélioration de la situation que vers la fin du mois d’avril. Face à la pénurie de certains produits, les autorités songent à avoir recours à l’importation. Toutefois, vous êtes d’avis que cet exercice doit se faire sous certaines conditions… En effet ! Il faudrait que ce soit l’Agricultural Marketing Board (AMB) qui importe des légumes. Il pourra ainsi avoir un meilleur contrôle sur les prix, la qualité et la quantité des légumes à être importée. Qui plus est, l’AMB a suffisamment d’espace pour stocker ces produits. En autorisant les particuliers et les entreprises privées à importer des légumes, il y a le risque qu’on se retrouve avec une quantité exagérée de certains légumes sur le marché. Les planteurs ont rencontré les autorités vendredi pour parler de la situation actuelle. Qu’est-ce qui ressort de cette réunion ? Nous avons fait un relevé de la situation dans chaque région du pays. Vu que certains planteurs n’ont même pas d’argent pour nettoyer leurs champs, nous avons fait la demande pour que le gouvernement leur accorde une aide financière de Rs 5 000. D’autre part, nous souhaitons que le gouvernement mette en place un ‘scheme’ visant à accorder des prêts aux planteurs à un taux d’intérêt de 0 % afin qu’ils puissent relancer leurs activités. Ils pourront ensuite procéder aux remboursements après une période moratoire de 5 à 6 mois. Chaque année, à pareille époque, les planteurs sont affectés par les intempéries. Que faudrait-il faire pour minimiser l’impact de fortes pluies sur les plantations ? Sur le long terme, le gouvernement devra aider les planteurs à se procurer de nouvelles technologies visant à mitiger leurs pertes face aux inondations, à la sècheresse et à d’autres facteurs climatiques. Il faut également sensibiliser les planteurs à se tourner vers de nouveaux modes de production, notamment la culture protégée. Il faudrait qu’environ 40 % de notre production vivrière soit sous culture protégée. Il faudrait aussi que le gouvernement vienne de l’avant avec une assurance, qui servira de soutien financier aux planteurs qui seront affectés par les intempéries. Il n’y aurait ainsi pas lieu de réclamer à chaque fois une aide financière de l’État.
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