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Journée mondiale de la radio, ce samedi: une voie pour les sans-voix

Grâce aux radios privées les auditeurs peuvent mieux faire entendre leurs voix.
Les émissions de radio, permettant aux citoyens de s’exprimer, sont souvent perçues comme une opportunité pour ceux qui, jusqu’ici, étaient des sans-voix. La Journée mondiale de la radio, ce 13 février, nous permet de constater à quel point les ondes ont changé nos vies. « Ce n’est plus vous qui écoutez la radio, c’est la radio qui vous écoute. » Cette phrase culte du journaliste français Claude Villers en dit long sur la nature des émissions radiophoniques aujourd’hui. En effet, l’interaction entre auditeurs et animateurs est devenue chose courante de nos jours et l’avènement des radios privées en 2002 y a beaucoup contribué. De nombreuses émissions interactives permettent aux auditeurs de parler de leurs contrariétés quotidiennes. « Apprécier, critiquer et dénoncer… Grâce aux radios privées, nous avons aujourd’hui la chance de nous exprimer librement. C’est une bouffée d’air frais », lance Fatimah Foondun, âgée de 54 ans. Pour cette femme entrepreneur, qui intervient plusieurs fois par semaine sur les ondes de Radio Plus, chaque citoyen d’une démocratie a le droit d’intervenir sur un sujet précis, sans toutefois tomber dans la démagogie. « Quand on parle d’unité nationale, la liberté d’expression est primordiale. Toutefois, je n’interviens pas pour prendre partie ou pour dire n’importe quoi. J’apporte des suggestions constructives pour l’avancement du pays », indique notre interlocutrice. Fatimah Foondun soutient qu’elle continuera à s’exprimer, surtout face aux injustices. « Je n’arrêterai jamais ma ‘lutte’. Toutefois, il faut savoir respecter l’opinion de l’autre, qu’il soit de l’Opposition ou le citoyen lambda », lance-t-elle. Si la radio est au départ un moyen de communiquer et d’informer, elle est devenue une passerelle entre pouvoirs publics et citoyens. Ben Tholasee, 35 ans, nous confie qu’il s’est fait porte-parole de son quartier. Ce facteur est intervenu dans l’émission ‘Enquête en Direct’ pour la première fois en 2010 et, depuis, il ne s’est jamais arrêté. « Les gens de mon quartier viennent me voir quand ils ont un problème au niveau des infrastructures et de la sécurité, entre autres », soutient-il. Pour lui, les radios privées sont « une force pour le peuple », car elles permettent à beaucoup de gens de triouver des solutions à leurs problèmes. « Nous ne nous tournons pas vers les radios quand on a le moindre souci. Mais c’est souvent notre dernier recours. Et, à chaque fois que j’ai la chance d’avoir la ligne, je parle de tous nos problèmes et les démarches sont entreprises immédiatement », dit-il. Ben Tholasee ajoute qu’il ne faut pas profiter de cette plateforme pour faire de la politique. Il soutient qu’il dénonce sans insulter. « Il est malheureux que certains agissent comme s’ils étaient des agents politiques. Nous devons plutôt profiter de cette chance pour aider les autres. J’ai eu l’occasion d’aider mes voisins. Mes parents sont fiers de moi à chaque fois que mon intervention porte ses fruits », fait-il valoir. Pourtant, auparavant, les auditeurs ne faisaient que commenter les actualités, affirme Morvan S., 70 ans, en repensant à sa première intervention à la radio nationale. « Avant, on n’avait pas le droit de critiquer ou de vraiment s’exprimer. Aujourd’hui, les autorités ne peuvent plus imposer. Les citoyens peuvent à travers les radios privées apporter leur contribution afin d’améliorer le quotidien des Mauriciens », indique notre interlocuteur. Depuis l’avènement des radios privées, ce septuagénaire ne rate jamais l’occasion d’intervenir dans les émissions radiophoniques. « Qui aurait imaginé qu’un retraité aurait la parole pour dire haut et fort qu’il y a des lacunes dans notre système ? De plus, quand il y a des invités sur le plateau, ils apportent des éclaircissements sur des débats précis et acceptent les suggestions des auditeurs », fait ressortir le vieil homme. Pour Morvan S., si l’on veut des changements, il faut tout faire pour faire entendre sa voix. « Les sans-voix ont d’ailleurs grandement contribué à améliorer la vie de plusieurs personnes, en sus de la leur. Les cas des auditeurs désespérés passent comme une lettre à la poste à la radio », affirme-t-il.
 

Nawaz Noorbux, directeur de l’information à Radio Plus: « La radio joue un rôle social »

Les émissions radiophoniques sont la preuve de la démocratisation de la parole, soutient Nawaz Noorbux. Selon lui, ces émissions sont devenues des moyens de communication par excellence depuis la libération des radios privées. « Nos citoyens sont très affectés par de nombreux problèmes de société, comme, par exemple, le changement climatique. La radio est donc une courroie de transmission vers les autorités compétentes », indique-t-il. De plus, ajoute notre interlocuteur, la radio joue également un rôle social avec, entre autres, les appels à solidarité. « Les auditeurs nous appellent dans l’espoir de trouver des solutions à leurs doléances – drains obstrués, non-paiement d’une pension – ou pour dénoncer un mauvais service. Notre rôle est alors d’attirer l’attention des autorités sur ces problèmes », explique-t-il. Cependant, Nawaz Noorbux attire notre attention sur le fait que tout ne peut être dit à la radio. « Il y a des limites à respecter quand on intervient dans des émissions radiophoniques. Selon mes observations, les auditeurs sont de plus en plus conscients de leurs limites. Les dérapages sont ainsi très rares. Toutefois, les animateurs sont aussi des modérateurs. Ils savent arrêter un auditeur si celui-ci va trop loin dans ses propos », souligne le directeur de l’information de Radio Plus. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Jimmy Jean Louis, animateur à Top FM: « Le lien marquant entre les autorités et la population »

Son objectif : faire entendre la voix du peuple. Jimmy Jean Louis estime qu’en intégrant les talk-show au quotidien des Mauriciens, les souffrances de beaucoup d’entre eux ont pu être allégées. « Nous avons donné un sens large à la démocratie. La radio privée est le lien marquant entre les autorités et la population. Elle est la référence pour résoudre des problèmes. Nous donnons aux Mauriciens cette bouffée d’oxygène. Mais le plus important, c’est qu’ils se sentent à l’écoute. Même s’ils ne sont pas des professionnels, ils viennent avec des idées concrètes. Ils ne se laissent pas berner car ils connaissent leurs droits », dit-il. En cette journée mondiale de la Radio, il rend hommage aux auditeurs. « Les auditeurs ont contraint la politique à se réinventer. Chaque débat devrait déclencher quelque chose de positif. Dans le cas contraire, j’applique systématiquement le Broadcasting Delay pour éviter les dérapages. Je m’assure que les propos à l’antenne sont corrects », souligne-t-il. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Finlay Salesse, animateur à Radio One: « Les émissions ont révolutionné le paysage radiophonique »

Grâce à l’avènement des nouvelles technologies, les auditeurs disposent aujourd’hui de nombreux outils de communication pour participer aux émissions, fait ressortir Finlay Salesse. Ce dernier ajoute que grâce à ces facilités, la radio s’est ouverte au public devenant une véritable plateforme d’échange. « Ces émissions ont révolutionné le paysage radiophonique. Ce sont les auditeurs qui déterminent le programme. Ce faisant, ils deviennent des chiens de garde qui dénoncent leurs souffrances et celles des autres. Une grande partie des problèmes soulevés lors de ces émissions est résolue, car le pouvoir public ne peut rester indifférent », explique-t-il. Cependant, Finlay Salesse soutient également que certains auditeurs ont tendance à opter pour la facilité en ayant recours à ce type d’émissions. « Ils sont comme des enfants qu’on doit prendre par la main. Certains ont tendance à exagérer ou à fabuler. C’est au rôle de l’animateur de faire le discernement entre les cas réels et ceux qui ne le sont pas. Toutefois, ce dernier doit aussi endosser le rôle de psychologues dans certaines situations », fait-il valoir.
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