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« Je suis diabétique » : des patients racontent leur quotidien

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Maurice est championne d’Afrique et occupe la 8e place au niveau mondial en termes de prévalence du diabète. Au-delà des chiffres, il y a des êtres humains qui vivent avec la maladie. Voici leur témoignage.

Darshana, 13 ans : « J’ai appris à gérer ma maladie »

darshanaC’est à l’âge de 2 ans que Darshana a été diagnostiquée avec le diabète de type 1. Vers l’âge de 6 à 7 ans, elle a ressenti de la frustration en prenant conscience qu’elle souffrait d’une maladie chronique. Dans un premier temps, elle se demandait « pourquoi moi ? ». « Je voulais me débarrasser de cette maladie en enlevant mes organes », confie la jeune habitante de Pailles. 

Mais peu à peu, elle a appris à accepter et à vivre avec sa condition. Grâce à l’encadrement et au soutien de sa famille, elle a réussi à rebondir et à surmonter les difficultés.

Son défi quotidien consiste à surveiller régulièrement son taux de glycémie et à s’administrer des injections d’insuline. « Maintenant, je m’y suis habituée et je parviens à mieux gérer ma vie pour mener une existence ‘normale’ en prenant mes injections d’insuline quotidiennes. J’ai compris que je devais vivre avec cette maladie et que ce n’était pas une maladie génétique », ajoute la jeune fille. 

Ainsi, elle affirme mener une vie semblable à celle des autres jeunes filles de son âge, tout en prenant de nombreuses précautions, notamment en ce qui concerne son alimentation, et en participant à diverses activités avec ses amies. Darshana aime particulièrement le chant. « Je ne me sens pas exclue des autres. Mes amies proches parviennent à me comprendre, mais pour les autres, je dois prendre le temps de leur expliquer ma situation », dit-elle.

Marvin Ernest, 17 ans : «Cela a été difficile d’accepter au début»

mervinL’acceptation n’a pas été facile pour Marvin. L’habitant de Bambous-Virieux se souvient : « Au début, il a été très difficile pour moi d’accepter ma maladie. Je me sentais trop jeune pour avoir une maladie chronique. » Marvin a été diagnostiqué avec le diabète de type 1 à l’âge de 9 ans. « J’étais triste et bouleversé, car avoir une maladie incurable à cet âge était difficile à accepter », dit-il. 

Aujourd’hui, il fait de son mieux pour gérer sa maladie, même si ce n’est pas toujours facile. Il confie appréhender l’avenir car il ne sait pas ce que demain lui réserve.

Cependant, grâce au soutien de son médecin à Rodrigues dans un premier temps, puis de l’association Ti Diams, il parvient à mieux gérer la situation et fait tout son possible pour respecter les précautions nécessaires. « Je sais que je peux tout faire, mais en faisant attention et en surveillant mon taux de glycémie à travers un test sanguin préalable », souligne le jeune homme. Cela lui permet également d’obtenir des informations précieuses sur la quantité d’insuline qu’il doit s’injecter. 

De plus, il doit surveiller strictement son alimentation. « Avant, mes amis ne comprenaient pas que je ne pouvais pas manger comme eux, mais maintenant ils m’aident à gérer ma maladie et me demandent également si j’ai fait mon test avant de participer à une activité », explique-t-il.

Rajen, 62 ans : «Kan ou gagn diabet, si ou mank li li pa rat ou»

Rajen, 62 ans, n’a pas été surpris lorsque son diagnostic de diabète de type 2 est tombé, étant issu d’une famille où le diabète est présent. Il avait 37 ans à l’époque. « Neuf des 10 enfants de la famille sont atteints du diabète », explique l’habitant de Lallmatie. 

Par conséquent, ce n’était pas une situation dramatique pour lui, d’autant qu’il présentait plusieurs symptômes de la maladie avant d’être diagnostiqué. « Je ne me tracasse pas trop avec la maladie. Je prends toutes les précautions nécessaires pour mener une vie normale », explique Rajen.

Cela implique de nombreux sacrifices, en particulier au niveau de son alimentation. Il évite notamment les viandes rouges et le poulet. Rajen affirme qu’il parvient à bien gérer sa maladie et surveille quotidiennement son taux de glycémie, qu’il vérifie matin et soir afin d’ajuster sa prise de médicaments.

En tant que propriétaire d’un champ agricole, il parcourt son terrain tous les jours, ce qui lui permet également d’avoir une activité physique régulière. Cependant, il veille à porter des équipements de protection, que ce soit dans son travail ou sur son terrain agricole. Il est conscient que la moindre blessure peut entraîner des complications par la suite. « Kan ou gagn diabet, si ou mank li li pa rat ou », dit-il. 

Même s’il gère au mieux sa maladie, Rajen s’interroge sur son avenir. « J’ai accepté la maladie car rien ne peut être fait pour changer cela, c’est génétique. Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour les enfants afin qu’ils n’aient pas la même maladie », souligne Rajen.

Ornella Minerve, 28 ans : «Certains ne comprenaient pas qu’on peut être diabétique à un jeune âge»

ornellaOrnella Minerve, âgée de 28 ans et résidant à Valetta, a appris au fil des années à gérer sa maladie. Diagnostiquée avec le diabète de type 1 à l’âge de 8 ans, elle a vécu des moments difficiles, notamment lorsqu’elle a été admise dans une clinique privée où elle a même frôlé la mort après être tombée dans le coma. C’est finalement à l’hôpital qu’elle a reçu le bon diagnostic et les traitements appropriés.

Au début, Ornella était frustrée de ne pas pouvoir manger et boire comme les autres enfants de son âge lors des fêtes d’anniversaire. Cependant, elle a fini par apprendre à comprendre et à gérer sa maladie. 

L’administration quotidienne de ses injections d’insuline pour sa survie a été un autre combat, en particulier pendant l’adolescence, où certaines personnes ne pouvaient pas comprendre qu’il était possible d’être diabétique à un jeune âge. Cela a affecté son estime de soi et a suscité un sentiment de culpabilité ainsi que de nombreuses interrogations, telles que « pourquoi moi ? ». Elle explique : « Maintenant, je suis habituée, mais cela reste un problème lorsque je dois me faire une injection dans un lieu public ».

Mariée et mère de deux filles, Ornella mène désormais une vie plus ou moins normale. « C’est un contrôle quotidien important, surtout en ce qui concerne l’alimentation. Mais avec le coût élevé de certains produits, en particulier les aliments transformés, cela peut être compliqué parfois, surtout lorsque l’on doit nourrir une famille », déclare-t-elle.

Le fait d’être atteinte du diabète de type 1 l’oblige à prêter plus attention aux aliments qu’elle consomme, ce qui, du coup, permet à toute sa famille de manger sainement. 

Mylène Monneron, 57 ans : «J’ai peur d’avoir des complications»

myleneMylène Monneron, âgée de 57 ans, a été bouleversée et stressée lorsqu’elle a appris qu’elle était atteinte du diabète de type 2 vers l’âge de 50 ans. Ce stress est toujours présent car elle craint de développer des complications de santé à l’avenir. Ce diagnostic a entraîné un changement drastique dans son mode de vie et son alimentation.

Bien qu’elle fasse tout son possible pour gérer sa maladie au quotidien, Mylène Monneron est consciente qu’elle n’a pas toujours la même énergie pour accomplir toutes les activités qu’elle avait l’habitude de faire. Elle constate parfois qu’elle a du mal à se lever ou à sortir du lit. Elle déclare : « J’aime marcher le matin, mais parfois je n’arrive pas à me lever pour y aller ».

Depuis son diagnostic, l’habitante de Trou-aux-Biches prend ses repas et ses médicaments à des heures fixes. Elle est consciente que si elle ne suit pas correctement son traitement, elle s’expose au risque de développer des complications. Lorsqu’elle observe une telle situation chez d’autres personnes, elle craint que cela puisse lui arrive également, d’où son stress. Elle souligne que cette prise de conscience est le résultat de l’encadrement qu’elle reçoit de l’association Diabetes Safeguard.

La révision de son alimentation ne lui pose plus de problème et toute sa famille consomme les mêmes repas, dit-elle. « Je mange de tout, mais sans excès. Tout est fait avec modération. » Mylène Monneron conclut en soulignant l’importance de l’équilibre dans son régime alimentaire.

Kevin, 41 ans : «J’ai été déprimé quand on m’a dit que j’étais diabétique»

Kevin, âgé de 41 ans, a appris qu’il était diabétique à la suite d’un dépistage à l’âge de 30 ans. « J’ai été déprimé quand on m’a dit que j’étais atteint du diabète. C’était un choc car je ne pensais pas qu’une maladie de ce type pouvait se manifester à un si jeune âge », confie le Curepipien. Toutefois, grâce au soutien de sa famille, il a réussi à remonter la pente et à prendre en main sa santé.

Atteint du diabète de type 2, il a ressenti les symptômes de la maladie sans vraiment les comprendre : soif constante, transpiration excessive, envies fréquentes d’uriner. Lorsqu’il a consulté, il se trouvait dans un état de pré-diabète. Cependant, lorsqu’il a finalement été diagnostiqué diabétique quelque temps après, son taux de glycémie était très élevé, frôlant le coma diabétique. « J’ai tout fait pour stabiliser ma situation et je surveille mon alimentation en évitant tout ce qui pourrait me nuire », explique-t-il.

Cela a été un grand bouleversement pour lui, car il était habitué à manger de tout. Aujourd’hui, il préfère renoncer à un dessert pour croquer un fruit. « Si l’on ne respecte pas les restrictions, on risque de rencontrer des complications », affirme-t-il. Grâce à l’association Diabetes Safeguard, il parvient également à bien gérer sa maladie et est plus conscient des aliments qu’il peut ou non consommer. Aujourd’hui, il accepte sa maladie « mieux » qu’avant.

Maladies non transmissibles

L’activité physique encadrée améliorerait la santé

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Le Dr Adisha Bholah

La pratique régulière d’une activité physique contribue indéniablement à maintenir une bonne santé. Cependant, pouvoir également bénéficier de l’encadrement d’un Exercise Referral Consultant (ERC) est mieux, comme en témoignent les résultats du projet pilote qui a été mené pendant 20 semaines avec les 260 participants. Le Dr Adisha Bholah, directrice de la médecine sportive et Programme Officer de Exercise Referral Mauritius au Mauritius Sports Council (MSC), affirme que les résultats ont été concluants.

« Nous avons constaté que la pratique régulière d’une activité physique a contribué à réduire le taux de diabète chez certains participants », déclare-t-elle. Ce programme peut également servir de catalyseur dans les programmes de prévention d’autres maladies non transmissibles telles que l’hypertension artérielle et l’obésité, en particulier pour les personnes présentant des facteurs de risque, ajoute le Dr Bholah.

Ce sont les ERC qui donneront des exercices à faire à certains patients en fonction de critères bien établis. Pour cela, ils évalueront l’historique de la personne afin de déterminer les activités qui lui conviennent le mieux. « Nous préconisons un changement de comportement et de motivation », dit-elle. 

Reste maintenant à déterminer comment intégrer ce projet dans les différents centres de santé.

Conseils pour un mode de vie sain

  • Pratiquer une activité physique régulièrement soit 150 à 300 minutes d’exercices modérés par semaine.
  • Deux sessions d’exercices intenses par semaine pour les personnes qui n’ont pas d’antécédents médicaux diminue le taux de mortalité de 10 à 15 %.
  • Prendre des pauses de deux minutes toutes les demi-heures pour se lever, marcher ou faire des exercices. Il est important d’éviter de rester assis pendant de longues périodes et de mener une vie trop sédentaire.
  • Le Dr Bholah reconnaît que la pratique d’une activité physique peut parfois être difficile à intégrer dans la vie quotidienne. Elle propose des gestes simples pour y parvenir : prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, marcher ou faire du vélo pour les courtes distances plutôt que d’utiliser un moyen de transport. 

Prévalence élevée du diabète à Maurice : un défi majeur à relever

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Le Dr Choonee explique que mal gérer le diabète peut entraîner des complications de santé.

Maurice occupe une position préoccupante parmi les pays de la région de l’océan Indien en raison du taux élevé de diabète, avec une prévalence de 22,6 % chez les personnes âgées de 20 à 79 ans, selon l’International Diabetes Federation (IDF). Malgré les nombreuses initiatives prises par les autorités pour inverser cette tendance, il faudra du temps pour en voir les effets.

Le Dr Dhanesswur Choonee met en évidence l’augmentation du nombre de diabétiques à Maurice. Bien que la maladie soit considérée comme « non transmissible », une composante génétique entre en jeu. Ainsi, un enfant ayant un parent atteint de diabète a un risque de 30 % de développer la maladie à son tour. Ce risque est doublé si les deux parents sont diabétiques, ce qui est significatif, explique le consultant en endocrinologie et diabétologie au ministère de la Santé. 

« La majorité des cas de diabète à Maurice sont de type 2 et sont liés à des facteurs tels que l’obésité, la sédentarité et la malnutrition, qui sont également en augmentation à Maurice, comme partout dans le monde », ajoute le spécialiste. 

Il constate que de plus en plus de personnes ont moins de temps pour pratiquer régulièrement une activité physique en raison de leurs obligations familiales ou professionnelles. Cette situation, combinée au stress continu, contribuera à une augmentation du nombre de cas de diabète, selon lui. 

Il remarque également que malgré les différentes mesures prises par les autorités pour promouvoir l’activité physique, ces lieux restent peu fréquentés, en particulier le soir. Les gens ne sont pas très enclins à pratiquer une activité physique après une journée de travail, car ils ont hâte de retrouver leurs proches ou de se reposer. Le Dr Choonee suggère ainsi la possibilité de permettre aux employés de faire de l’exercice sur leur lieu de travail pendant leur pause déjeuner. « Il n’est pas nécessaire de consacrer une heure entière à manger. On peut consacrer 15 à 30 minutes de ce temps à l’exercice tous les jours », affirme-t-il.

La population est de plus en plus consciente des conséquences et des complications potentielles du diabète, telles que les problèmes rénaux, la rétinopathie diabétique ou les amputations, parmi d’autres, poursuit le spécialiste. « Avec le nombre croissant de personnes nécessitant des séances de dialyse en raison d’une insuffisance rénale, les gens sont mieux informés qu’une mauvaise gestion du diabète ou de l’hypertension artérielle peut entraîner des complications de santé », explique-t-il.

Selon lui, les individus ressentent de la crainte en entendant parler de dialyse, d’amputation ou d’autres complications liées au diabète. Il ajoute que parmi ces complications figure la neuropathie diabétique, qui se caractérise par une perte de sensation au niveau des membres, ce qui signifie que certaines personnes peuvent se blesser au pied, par exemple, sans ressentir de douleur. Cela peut entraîner des ulcères ou même une gangrène, prévient le médecin.

L’augmentation du nombre de centres de dialyse en raison de la croissance du nombre de patients témoigne d’un réel problème de santé. Selon lui, il serait préférable que le nombre de ces centres de traitement diminue et que la population soit en meilleure santé. Il est d’avis que certaines personnes vivent au jour le jour sans se soucier de leur santé et des conséquences que cela peut avoir sur celle-ci.

Prise en charge

Le ministère de la Santé a beaucoup œuvré pour garantir une meilleure prise en charge des patients atteints de maladies non transmissibles grâce à la décentralisation des services. Les diabétologues et endocrinologues sont désormais disponibles dans les centres de santé de proximité (Area Health Centres - AHC), les centres de santé communautaires (Community Health Centres - CHC) et les cliniques médicales (Mediclinics), afin d’offrir des soins de proximité aux patients. 

Le Dr Choonee affirme que ces cliniques spécialisées dans le diabète, mises en place dans différentes régions, permettent un meilleur suivi des patients en regroupant sous un même toit des diabétologues, des infirmières spécialisées en diabétologie et des diététiciennes.

Selon lui, la majorité des patients suivent correctement leur traitement, mais certains ont des difficultés à adopter de bonnes habitudes alimentaires. Il plaide en faveur de la distribution de fruits dans les différents centres de santé lors des consultations des patients, afin de favoriser la consommation régulière de ces aliments.

Pompe à insuline

450 pompes à insuline seront fournies aux patients souffrant de diabète. Il s’agit d’un dispositif muni d’un réservoir d’insuline qui sera attaché au patient et lui administrera la dose d’insuline requise lorsque cela sera nécessaire. Ces appareils devraient être attribués aux enfants et aux adolescents atteints de diabète de type 1. Cette annonce a été faite lors de la présentation du Budget 2023-24.

Selon le Dr Choonee, grâce à ce dispositif, les patients n’auront plus besoin de s’administrer de l’insuline manuellement quatre fois par jour, car l’appareil le fera automatiquement. Ils n’auront qu’à remplir la pompe tous les trois à cinq jours environ.

Le ministère disposera également de systèmes de surveillance continue de la glycémie (Continuous Glucose Monitoring – CGM). Les personnes atteintes de diabète n’auront plus besoin de se piquer le doigt, car un appareil leur fournira en temps réel l’évolution de leur taux de glucose, indiquant ainsi si leur traitement fonctionne correctement ou s’il est nécessaire de le modifier.

Maurice 8e au niveau mondial

Maurice figure parmi les 10 pays ayant la plus forte prévalence du diabète chez les 20 à 79 ans, avec un taux de 22,6 %. Le pays se classe huitième au niveau mondial, juste derrière le Pakistan (30,8 %), la Polynésie française (25,2 %), le Koweït (24,9 %), la Nouvelle-Calédonie, les îles Mariannes du Nord et Nauru (23,4 %) et les îles Marshall (23,0 %). Kiribati et l’Égypte ferment la marche avec des taux respectifs de 22,1 % et 20,9 %. 

Dans la région de l’Asie du Sud-Est, Maurice se positionne en tête, aux côtés du Bangladesh (14,1 %), du Sri Lanka (11,3 %), du Bhoutan (10,4 %) et de l’Inde (9,6 %), selon la classification de l’International Diabetes Federation (IDF). 

De plus, Maurice se trouve en tête des pays d’Afrique et des îles de l’océan Indien, selon les dernières données de « Our World in Data » (OWD) de 2021 et de l’IDF. En comparaison avec d’autres pays de l’océan Indien, Maurice présente un taux nettement supérieur à celui des Comores (11,7 %) et de l’Afrique du Sud (10,8 %). Par rapport à certains grands pays, le pays dépasse largement la Chine (10,6 %), l’Inde (9,6 %) et la France (5,3 %).

Le taux de diabète à Maurice a connu une baisse de 2015 à 2021, passant de 22,8 % à 19,9 % chez les 25 à 74 ans, selon les résultats de l’enquête sur les maladies non transmissibles de 2021. Cependant, le rapport de l’enquête sur la nutrition souligne la nécessité de prendre davantage de mesures pour lutter contre l’obésité et promouvoir une activité physique régulière. Les stratégies doivent inclure l’élaboration de lignes directrices alimentaires basées sur une approche du cycle de vie, ainsi que des campagnes de sensibilisation visant à encourager la consommation de légumes et de fruits.

Top 5 des pays avec la plus forte prévalence du diabète (20 a 79 ans) pour la région Sud-est asiatique

Pays Taux (%)
Maurice 22,6
Bangladesh 14,2
Sri Lanka 11,3
Bhutan 10,4
Inde 9,6
Source : International Diabetes Federation (2021)

Top 10 de la prévalence du diabète chez les 20 à 79 ans

Rang Pays Taux (%)
1 Pakistan 30,8
2 Polynésie française 25,2
3 Kuweit 24,9
4 Nouvelle Calédonie 23,4
5 Iles Marianne du nord 23,4
6 Nauru 23,4
7 Iles Marshall 23
8 Maurice 22,6
9 Kiribati 22,1
10 Egypte 20,9

 

T1 Diams 

L’importance de soutenir la famille autant que le patient 

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Luxmi Danharry, coordinatrice Bio Psychosocial à l’ONG T1 Diams. 

La famille a autant besoin de soutien que le patient, car elle est souvent bouleversée et démunie face à la maladie. C’est ce que fait comprendre Luxmi Danharry, coordinatrice Bio Psychosocial à l’ONG T1 Diams. 

« Il est important de l’encadrer afin qu’elle puisse soutenir son enfant. »

Luxmi Danharry joue un rôle essentiel dans l’encadrement des bénéficiaires et de leurs parents, en leur offrant un soutien psychosocial nécessaire pour assurer une prise en charge adéquate. Cela comprend la sensibilisation à la gestion de leur état de santé. L’ONG dispose d’une équipe de professionnels de la santé, y compris des médecins et des nutritionnistes, pour fournir les soins médicaux et diététiques nécessaires. « Dans certains cas, si l’un des parents doit arrêter de travailler pour prendre soin de son enfant, il peut bénéficier d’un accompagnement psychosocial. »

T1 Diams mène également des campagnes de sensibilisation pour informer le public sur le diabète de type 1. L’objectif est de faire comprendre que cette maladie peut toucher n’importe qui, quel que soit l’âge, et malheureusement ne peut pas être prévenue. 

Le diabète de type 1 ne résulte pas de la consommation excessive de sucreries. Malheureusement, nous sommes souvent confrontés à des remarques désobligeantes de ce genre»

Le diabète de type 1 est une maladie chronique où le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, une hormone essentielle pour réguler la glycémie (taux de sucre dans le sang) et permettre aux cellules d’utiliser le glucose comme source d’énergie. « Contrairement à cette idée reçue, le diabète de type 1 ne résulte pas de la consommation excessive de sucreries. Malheureusement, nous sommes souvent confrontés à des remarques désobligeantes de ce genre », déplore-t-elle. 

Ainsi, il est important de ne pas blâmer les parents d’enfants atteints de diabète de type 1 pour la maladie, mais plutôt de les soutenir, souligne Luxmi Danharry. « Le soutien familial et de l’entourage est crucial, car certains patients peuvent être affectés sur le plan psychologique ou avoir du mal à gérer leur condition », ajoute-t-elle. Leur vie est souvent bouleversée et c’est un grand défi pour eux de gérer leur maladie au quotidien. Parfois, ils peuvent se sentir bien aujourd’hui et moins bien le lendemain.

Dans le cadre de sa mission de sensibilisation et d’éducation, T1 Diams organise régulièrement des activités, dont des camps, pour enseigner aux bénéficiaires les bonnes pratiques de gestion de leur maladie. Ils reçoivent également des conseils sur l’adoption d’une alimentation équilibrée et les précautions à prendre avant de pratiquer une activité physique.

Diabetes Safeguard : «L’éducation des patients fait défaut»

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Rani Balloo, présidente de l’association Diabetes Safeguard.

« Notre objectif est d’informer les personnes atteintes de diabète sur les bonnes habitudes alimentaires, l’importance du suivi régulier de la glycémie, ainsi que l’administration appropriée des médicaments et de l’insuline », explique Rani Balloo, présidente de l’association Diabetes Safeguard. Grâce à des campagnes de dépistage et des séances de conseil dans la communauté, l’ONG vise à éduquer non seulement les diabétiques, mais aussi la population en général. 

Rani Balloo souligne que l’ONG s’efforce d’identifier les éventuelles lacunes afin d’aider les patients à devenir autonomes dans la gestion de leur maladie. « Nous les accompagnons dans ce cheminement. » De plus, l’association assure la prise en charge des patients qui rencontrent des difficultés à contrôler efficacement leur diabète. 

Cependant, selon Rani Balloo, ce qui fait défaut à Maurice, c’est l’éducation des patients diabétiques. Bien que chaque hôpital régional dispose d’infirmiers spécialisés en diabète, elle estime que le travail n’est pas réalisé de manière optimale. Elle soutient que le personnel des services publics est souvent débordé en raison du nombre élevé de patients à prendre en charge. 

« Les infirmiers qui ont été formés par le passé ont été promus à des postes à responsabilité ou ont pris leur retraite, et malheureusement, la relève n’est pas assurée car d’autres personnes n’ont pas été formées par la suite », constate-t-elle. Bien qu’une soixantaine d’infirmiers aient été formés, ce nombre n’est pas suffisant pour répondre aux besoins actuels, selon Rani Balloo.

La présidente de Diabetes Safeguard affirme également qu’il y a un manque de prise en charge adéquate dès lors qu’un patient est diagnostiqué comme prédiabétique. Elle plaide en faveur d’une prise en charge proactive à ce stade afin d’inverser la tendance, car une fois qu’un patient est atteint de diabète, la gestion de sa maladie devient plus complexe. Elle insiste sur l’importance de mettre l’accent dès le début sur la perte de poids, la pratique régulière d’une activité physique et une bonne compréhension du traitement médicamenteux.

Encadrement continu

L’ONG Diabetes Safeguard offre un encadrement essentiel à environ 300 patients atteints de diabète, qu’il s’agisse du type 1 ou du type 2. Certains se rendent régulièrement au siège de l’association pour leurs consultations, tandis que d’autres bénéficient d’un suivi par téléphone. Les membres de l’ONG effectuent également des visites à domicile, assurant ainsi un accompagnement personnalisé.

Dans le but de favoriser l’autonomie des patients, l’ONG fournit des stylos d’insuline à ceux qui en ont besoin. Ils sont formés à leur utilisation appropriée, ce qui leur permet de ne pas dépendre d’autrui pour leur traitement. Cette approche vise à responsabiliser les patients et à leur donner les moyens de prendre en charge leur propre santé.

Une attention particulière est également accordée aux femmes atteintes de diabète gestationnel. Bien que cette forme de diabète puisse disparaître après l’accouchement, il existe un risque de rechute à l’avenir. C’est pourquoi l’ONG assure un suivi régulier de ces patientes, veillant à ce qu’elles surveillent attentivement leur taux de glycémie (HbA1c).

Grâce à ces différentes initiatives et au suivi assidu de Diabetes Safeguard, les patients bénéficient d’un soutien continu et d’une meilleure gestion de leur condition. L’ONG joue ainsi un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de diabète.

 

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