La course au réseau 5G est lancée. Huawei, le géant mondial de la technologie, lancera la 5G en Chine cette année et dans certains pays, elle est déjà une réalité. Quel impact attendre de cette nouveauté technologique ? Joe Kelly, le vice-président responsable des médias chez Huawei à Shenzhen en Chine, souligne les grands changements à venir et revient sur la confiance qui règne au sein de Huawei, malgré la guerre commerciale avec les États-Unis.
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Le réseau 5G, considéré comme « the next big thing » est attendu aux quatre coins du monde. Qu’est-ce qui va changer ?
Le plus grand changement à venir avec la 5G est la rapidité de l’internet et l’accessibilité de l’Internet of Things (IoT). Avec des appareils connectés, la 5G va révolutionner notre quotidien sans que l’on ne s’en rende compte. La 5G a trois caractéristiques. D’abord, c’est l’accès à l’internet ultrarapide. Nous parlons ici de 10 Gbits par seconde. Avec cette rapidité, il serait possible de télécharger un film en haute définition sur son Smartphone en quelques secondes. La deuxième caractéristique est que la 5G diminue la latence. Avec la 4G, la latence est aux alentours de 50 millisecondes. Si on fait un appel, cette latence n’est pas remarquable. Par contre, si on veut aller vers la conduite autonome, alors la minimum latence d’une milliseconde serait mieux. Au cas contraire, si le réseau arrête alors que la voiture sans chauffeur roule à 70 miles par heure, elle va s’arrêter un mètre et demi plus loin, ce qui est trop.
Ensuite, il y a la chirurgie à distance (téléchirurgie). On en parle de plus en plus. Le chirurgien peut être dans un pays différent que le patient et effectuer la chirurgie par internet. Toutefois, s’il n’a pas le contrôle immédiat, l’intervention peut être désastreuse. Le troisième aspect est le nombre d’appareils connectés en même temps qu’on peut avoir. Actuellement, nous n’en avons pas autant, mis à part notre téléphone et notre laptop, mais avec la 5G, nous pouvons avoir une maison, une voiture ou même le porte-monnaie connectés. Nous pensons qu’avec la 5G, nous avons la capacité de connecter des centaines de milliards d’appareils en même temps. Imaginez que vous sortez de chez vous et qu’avec votre Smartphone vous pouvez déjà réserver votre place de parking sans avoir à aller chercher. Une fois sur place, le paiement se fait avec le téléphone et si c’est une voiture électrique, elle sera rechargée sur place le temps de votre absence.
La 5G est prévu pour quand exactement ?
Le réseau 5G est déjà une réalité dans beaucoup de pays dont la Corée du Sud, la Suisse et l’Angleterre, entre autres. En Chine, elle sera lancée cette année. Tous n’ont pas été lancés sur le plan national, mais certaines grandes villes sont dotées du réseau 5G. Chez Huawei, nous avons expédié 30 000 stations de transmission de la 5G en mars et, à ce jour, on est à plus de 120 000. Chaque semaine, c’est un peu plus. Par contre, les Smartphones actuels ne peuvent supporter la 5G, le chipset est différent. Personnellement, je pense que, pour certains pays, cela va prendre un peu plus de temps, car le réseau demande à être revu et la licence est contrôlée. Par contre, d’ici 2023, la 5G devrait être un service normal à travers le monde.
La course au réseau 5G a engendré une guerre commerciale avec les États-Unis. Quels sont les défis actuels pour Huawei ?
Le plus grand challenge actuellement concerne les actions entreprises par les États-Unis. Cela étaient des actions qu’on redoutait et on se préparait à y faire face. Mais on ne s’attendait pas à ce qu’elles soient aussi sévères. C’est un vrai challenge pour nous. On le prend au sérieux, mais on sait qu’on ressortira de cette impasse plus fort. Ce n’est pas la première fois qu’on se retrouve dans une situation aussi difficile. En 2012, on s’est retrouvé avec un conflit pareil où les équipements de télécommunications de Huawei étaient bannis des États-Unis. Nos revenus étaient alors de 25 milliards de dollars. Sept ans après, nos revenus sont passés à 107 milliards de dollars. Ce qui veut dire qu’on avait surmonté la crise. Cette fois-ci, ce sera pareil. Cela nous pousse surtout à travailler plus dur et nous force à créer notre propre technologie. Le défi est de créer nos propres éléments, puisqu’on ne peut plus les importer de ces pays habituels. On est confiant que l’avenir sera encore meilleur, car on devient plus autonome. Nos clients nous font confiance et savent que cette situation ne va durer que quelque temps avant de retourner à la normale.
Maurice accorde une place importante à la FinTech dans son récent Budget et se positionne davantage comme un hub économique, comment Huawei peut assister au développement de ces services financiers ?
Pour devenir un hub financier, il est important d’avoir une bonne connectivité. Pas seulement à l’intérieur de l’île, mais une connectivité à l’internationale. Elle doit pouvoir être connectée à New York, Londres, Paris, Singapour, Hong Kong et autres endroits du monde pour ses transactions. Il faut être connecté au monde de la finance. D’ailleurs, Huawei est aussi dans la construction de câbles sous-marins afin de connecter les pays.
Aussi, pour une meilleure efficacité, les banques ont besoin d’utiliser la technologie. Toutefois, la latence est le premier danger de la Fintech. Chaque milliseconde compte dans la transaction commerciale. Nous avons des solutions pour les institutions financières et l’expertise nécessaire pour les aider à devenir un acteur mondial. Cette expertise peut aider Maurice, mais, avant toute chose, il faut pouvoir créer une industrie de la connectivité.
Quelle est la présence de Huawei en Afrique ?
Huawei est très présente en Afrique et l’Afrique est un très grand marché pour Huawei. L’Afrique est toujours considéré comme un marché émergent avec une aspiration à devenir plus développé et ouvert au monde. Huawei a commencé en 1987 avec presque rien, nous n’avions pas de ressources. À nos débuts, nous n’avions pas ciblé les grandes villes telles que Shanghai ou Beijing, parce que les autres marques occidentales y étaient déjà très présentes.
Notre stratégie était alors de nous concentrer sur les marchés peu pénétrés en Chine et, à cette époque, la pénétration des services mobiles était de 2 %. Bien après, à partir de 2000 et 2002, on est allé sur le marché international, mais toujours avec le même concept : trouver des marchés émergents d’abord. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé en Afrique. On y a construit des infrastructures de télécommunications et maintenant on propose le « cloud services » en Afrique.
Dix étudiants mauriciens sont actuellement en Chine pour participer à « Seeds for the future ». Que représente ce programme CSR de Huaweiet et quel en est l’objectif à long terme?
Quand on parle de développement durable, beaucoup d’entreprises mettent l’accent uniquement sur l’écologie. Chez Huawei, nous avons voulu mettre l’accent sur les jeunes talents. En tant qu’entreprise performante, nous avons réfléchi à ce qu’on peut léguer à la société tout en pensant à notre longévité. Ce programme a pour but d’inciter les jeunes à faire carrière dans le secteur des Tic. Nombreux sont les jeunes qui ont longtemps pensé que c’est un métier ennuyant. Nous voulons changer cette perception et surtout inciter les femmes à opter pour cette filière, car, pour le moment, ce secteur est dominé par les hommes (ndlr : la délégation mauricienne en Chine est composée de six filles et de quatre garçons).
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