90 % de taux de présence ! C’est la condition imposée par les autorités pour l’obtention des subventions relatives aux frais d’examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC). Des étudiants justifient leurs absences, mais le pédagogue Bashir Taleb les contredit.
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Des projets à compléter
Des membres de l’association Students’ Rights, qui regroupe des étudiants de plusieurs collèges de l’île, ont donné, lors d’une conférence de presse, le jeudi 8 septembre dernier, la raison de leur absence de l’école. « On ne se rend pas à l’école pour avoir le temps de compléter nos projets », a déclaré leur porte-parole.
Mhat, du collège John Kennedy, affirme que rester à la maison lui permet de se concentrer sur son projet et le finir à temps. « Chez nous, on a tous les matériaux requis pour compléter nos projets. En plus de cela, nous pouvons bouger à n’importe quel moment de la journée pour aller acheter du matériel manquant. Chose qu’on ne peut faire quand on est à l’école. »
Raison balayée d’un revers de main par Bashir Taleb, président de l’Association des recteurs. « C’est un prétexte », dit-il. Il explique que les projets, selon les règlements, doivent être travaillés et complétés à l’école. « Il y a un monitoring fait par le Mauritius Examinations Syndicate. L’enseignant doit aussi apposer sa signature sur chaque partie complétée du travail. L’élève ne peut pas dire qu’il le fait chez lui, car ce serait contraire aux règles ».
Bashir Taleb soutient aussi que les projets d’Art ou de Design & Technology représentent un travail de longue haleine, que l’élève doit commencer le plus tôt possible pour éviter tout retard. « C’est à l’approche de la date de soumission que beaucoup de ces élèves s’y mettent. Ce qui fait que pendant plusieurs jours de suite, ils doivent travailler sur leur projet et, donc, ne viennent pas en classe. »
Leçons particulières
Une autre raison évoquée par les élèves pour justifier leurs absences de l’école : les leçons particulières. « Nous préférons nous rendre aux leçons particulières dans l’après-midi. On y apprend beaucoup plus de choses qu’à l’école. Dans la journée, nous nous reposons ou faisons de la révision », avancent certains collégiens.
Bashir Taleb dit ne pas être contre cette pratique qui, pour lui, pourrait ne s’appliquer qu’à une petite poignée d’élèves. « Les élèves considérés comme faisant partie de l’élite n’auront aucune difficulté à suivre ce plan de travail. Ils arrivent à assimiler tout le programme en seulement quelques mois et peuvent aller se perfectionner aux leçons particulières.
Pour les autres, en revanche, ils auront besoin de toute l’année scolaire pour maîtriser le contenu du syllabus. » Le président de l’Association des recteurs rappelle que le collège travaille suivant la vitesse d’assimilation des élèves. Il assure que l’argument selon lequel les leçons particulières seraient meilleures que les classes à l’école n’est pas correct.
Trop de périodes libres
Sheik Hyath, membre de l’association Students’ Rights a souligné, lors de la rencontre avec la presse, que souvent les élèves se rendent à l’école pour seulement deux périodes de travail. « Ils préfèrent ainsi rester à la maison et faire de la révision plutôt que de venir à l’école pour deux heures seulement. Le reste de la journée, ils sont libres. »
Bashir Taleb soutient que, généralement, il n’y a pas de périodes libres dans l’emploi du temps d’un élève. « Ceux qui ont des périodes libres dans la journée sont les élèves du HSC ne faisant que deux sujets principaux au lieu de trois. Ensuite, cela arrive que certains enseignants sont absents. » Il explique que ces élèves pourraient utiliser ce temps pour aller à la bibliothèque et faire des recherches. Ils peuvent aussi, selon lui, faire du sport ou encore créer des liens avec leurs camarades en discutant.
Classe de rattrapage
Sabeetree Kalchand, enseignante en littérature au collège Modern, précise que le plan de travail est établi au début de l’année pour les élèves de Form I à Form VI. Les parents sont aussi informés de cela. En effet, la direction du collège estime que les classes de rattrapage sont efficaces non seulement pour améliorer la performance des élèves, mais aussi pour contrôler le taux d’absentéisme. Sabeetree Kalchand explique que le programme d’études est complété en juin. « Quand nous terminons les textes, nous travaillons les Exam Papers jusqu’en septembre. Tout le programme est affiché sur un Notice Board et cela incite les élèves à venir à l’école pour réviser. Les élèves savent qu’ils viennent à l’école pour faire quelque chose de concret », souligne-t-elle.
Par ailleurs, l’enseignante affirme que des classes de rattrapage sont aussi au programme. Ces classes sont destinées aux élèves ayant des difficultés. « Cela nous permet d’accorder plus de temps à chaque élève. Nous travaillons avec les élèves qui ont des doutes ou des questions par rapport à une matière. D’ailleurs, la majorité d’entre eux ne prend pas de leçons particulières, car ils sont issus d’un milieu modeste », dit-elle.
Programme d’études
L’ancien ministre de l’éducation, Vasant Bunwaree, pour sa part, est d’avis qu’il faut avant tout connaître les raisons qui poussent les élèves à s’absenter. Et selon lui, la raison principale serait l’achèvement du programme scolaire au mois de mai ou juin. « Il faut étendre le programme durant les deux ans.
Les enseignants complètent leur programme d’études très tôt. Certains s’absentent pour des raisons personnelles, alors que d’autres ne font pas un plan de révision avec leurs élèves. Pourtant, leur rôle ne devrait pas se limiter à compléter le syllabus, mais aussi à encourager les élèves à venir à l’école jusqu’à la fin du cycle secondaire. De plus, avec le système actuel, il y a un manque d’activités extra curriculaires », souligne-t-il.
Absence d’enseignants
Nushaybah, élève en Upper Six au collège Islamic, à Vallée-des-Prêtres, affirme que les enseignants doivent assumer une part de responsabilité. « Nous avons à plusieurs reprises demandé à ce qu’on nous donnent des éclaircissements sur le taux de présence. Certains étaient eux aussi dans le flou en ce qui concerne la période pour la comptabilisation du taux de présence. D’autre part, après avoir complété le programme, certains enseignants ne faisaient rien en classe. Nous avons préféré rester à la maison et préparer notre propre plan de révision », lance-t-elle.
Les actions de l’UPSEE
Pour donner la réplique au gouvernement, l’UPSEE compte tenir une série de manifestations et de marches pacifiques dans les jours à venir. En outre, l’UPSEE envisage de déposer une correspondance à l’Independent Commision Against Corruption (Icac) concernant les amendements car les membres soupçonnent un éventuel conflit d’intérêts. Une manifestation est prévue pour le vendredi 16 septembre, entre 15h15 et 16h15 au MITD House à Phoenix. Une autre manifestation se tiendra le jeudi 20 septembre, entre 11h30 et 12h30, devant l’hôtel du gouvernement, et le vendredi 23 septembre, entre 15h00 et 16h00, devant le siège de la PSSA à Beau-Bassin. L’UPSEE, de concert avec la CTSP tiendront une marche pacifique se tiendra le 24 septembre, à partir de 13h00, à Rose-Hill.
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