Entre le financement des ambitions énoncées dans le discours-programme et l’impact des incertitudes mondiales sur l’économie et la caisse de l’État, la trésorerie exige l’austérité des ministères et départements publics dans leurs soumissions en marge du Budget 2020/2021.
Les cadres gérant les finances d’un ministère ou d’un département étatique ont du pain sur la planche. Car chaque roupie compte aujourd’hui et plus que jamais. Ils ont jusqu’au 27 mars prochain pour soumettre leurs propositions de budget (revenus et dépenses) pour les années fiscales 2020-2021 à 2022-2023. Et le ministère des Finances, en marge des consultations en amont à la présentation du Budget 2020/2021, a déjà balisé le terrain, démarrant avec le discours-programme 2020-2024.
« L’implémentation de ces projets et programmes nécessitera des ressources importantes. En même temps, nous devons tenir compte des incertitudes croissantes dans l’économie mondiale, de même que gérer avec des chocs adverses tels que le Covid-19 », affirme Dev Manraj, le secrétaire financier, dans une circulaire sur le Budget 2020/2021 disponible sur le site du ministère des Finances. « Dans de telles circonstances, il est crucial que nous utilisions nos ressources limitées de manière judicieuse afin d’atteindre nos objectifs sur les court et moyen termes et concrétiser notre vision sur le long terme. Nous devrons maintenir les déficits budgétaires à un niveau soutenable tout en respectant notre engagement pour réduire la dette publique. »
Passé ce préambule, le secrétaire financier énumère six directives que devront prendre en considération les hauts cadres de l’État dans l’élaboration de leurs dossiers budgétaires :
(i) s’assurer d’un contrôle plus stricte de même que des réajustements des principes par rapport aux dépenses récurrentes ;
(ii) s’assurer d’un gain en productivité de 10% dans ces dépenses récurrentes ;
(iii) donner priorité à des projets et programmes qui apporteront de la croissance ;
(iv) introduire et/ou augmenter les frais par rapport à l’utilisation de certains services publics ;
(v) mettre en place des plans de restructuration pour des entreprises publics afin de s’assurer de leur stabilité financières, et
(vi) revoir le mode d’opération des établissements publics et des collectivités locales pour limiter leur dépendance sur le budget national.
En isolation, ces directives peuvent être interprétées comme étant des éclaircissements habituels envoyés aux hauts-cadres. Or, les chiffres annoncés au cours deux premiers mois de l’année demandent une approche stricte par rapport aux finances publiques. La croissance pourrait chuter de 0,1% à 0,3% selon la Banque de Maurice rien qu’avec le coronavirus. La dette publique, à janvier 2020, représente 63,6% du Produit intérieur brut, après que l’État ait remboursé Rs 7,8 milliards de dettes étrangères. Le remboursement du capital et des intérêts, en utilisant les fonds publics, coûtent chers.
Finances : le PM annonce des amendements aux lois bancaires
Des invités triés sur le volet. En face, les employés de la troisième banque commerciale du pays, Absa Bank (Mauritius) Limited. Bref, la plateforme idéale pour que l’État s’exprime sur ses ambitions et projets pour le secteur bancaire. Ces explications sont venues du Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de son intervention à la présentation officielle de la nouvelle identité de l’Absa, à Ébène, jeudi 27 février. Dans les milieux bancaires, on associe ces annonces à la préparation du discours budgétaire 2020/2021, exercice qui est synonyme d’amendements aux lois.
« Pour sa part, le gouvernement reverra les législations bancaires – la Bank of Mauritius Act de même que la Banking Act – visant à créer le cadre légal approprié pour que les banques deviennent encre plus efficace dans leur rôle à soutenir la croissance économique et le développement, » a dit Pravind Jugnauth. « Ce faisant je m’attends à ce que tous les opérateurs dans l’industrie bancaire soient en mesure d’aligner leurs stratégies et opérations avec la vision du gouvernement » Invité à commenter ces amendements à venir, un banquier, parlant sous le couvert de l’anonymat, joue la carte de l’attentisme et de la prudence. Il a indiqué que cette partie du discours s’insère dans le cadre des préparatifs budgétaires. Il faudra creuser davantage pour comprendre les objectifs de l’État, tout en indiquant que cela pourrait porter sur la technologie financière.
Notre interlocuteur a fait ressortir que le contexte d’aujourd’hui est différent d’hier avec les incertitudes mondiales et l’impact du coronavirus. Le Premier ministre ne s’est pas arrêté qu’à cette annonce. Il a communiqué quelques zones d’activités bancaires où des améliorations sont souhaitées, tels qu’un meilleur accès aux finances par les micros, petites et moyennes entreprises ; un meilleur accès par les femmes entrepreneures ; et la réduction de l’écart entre le taux à l’épargne et les prêts ; et un meilleur retour sur les dépôts à l’épargne.
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