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Financement de la Santé : Maurice à la traîne des pays à revenu intermédiaire supérieur

Les dépenses pour la santé ne cessent d’augmenter.

Des progrès certes importants ont été notés sur le financement de la Santé à Maurice. Cependant, certains points méritent la considération des décideurs. C’est ce que révèle, dans les grandes lignes, un rapport conjoint OMS/ministère de la Santé. 

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«Bien, mais perfectible ». C’est en substance le bilan du rapport conjoint Organisation mondiale de la Santé (OMS)/ministère de la Santé sur le progrès du financement de ce secteur à Maurice. Les forces et les faiblesses du système ont ainsi été mises au jour. 

Si le pays a fait des progrès notables ces dernières années, il n’empêche qu’il y a encore des points jugés importants qui requièrent l’attention des décideurs. « L’indice de couverture des services pour Maurice a nettement progressé depuis 2000, passant de la note 49 à 66 en 2021, bien qu’il reste en dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire supérieur », souligne le rapport publié le 5 décembre par l’OMS. 

Néanmoins, « les progrès en matière de couverture maladie universelle ont été remarquablement illustrés par l’amélioration de l’état de santé global de la population », précise le document. Les rédacteurs du rapport constatent que le gouvernement mauricien « investit de plus en plus dans la prestation de soins de santé, en allouant des fonds supplémentaires pour réduire l’incidence croissante des maladies non transmissibles. Des informations probantes provenant d’institutions internationales indiquent que les coûts des soins de santé continueront d’augmenter dans les années à venir, une tendance mondiale à laquelle Maurice n’échappe pas ». 

Le problème est que « le pays ne dispose pas d’une politique de financement de la santé écrite définissant des objectifs et reposant sur des preuves – une politique axée sur les fonctions essentielles du système de santé, à savoir la mobilisation des recettes, l’agrégation des fonds et l’achat de services spécifiques pour le secteur de la santé », disent les rédacteurs. « Les fonds publics pourraient donc être dépensés de manière plus efficace avec une meilleure planification. » 

Le rapport fait aussi ressortir que le maintien de la santé gratuite pour tous pourrait être problématique si le gouvernement ne s’attelle pas rapidement à mettre en place un système efficace pour maintenir cette politique dans le temps. Il est donc recommandé d’« élaborer une Stratégie nationale de financement des soins de santé qui envisagera des moyens de maintenir la fourniture de services de santé gratuits ».

Régime d’assurance médicale

Le rapport note également que le gouvernement a annoncé l’instauration d’un régime d’assurance médicale pour les employés du secteur public dans le cadre des mesures budgétaires de 2017. « Cependant, au préalable, il est nécessaire de prendre en compte les preuves et les débats internationaux les plus récents pour s’assurer que l’introduction d’un régime d’assurance médicale est conforme aux objectifs de la couverture maladie universelle », peut-on lire encore. 

Il est aussi conseillé d’agir au niveau de la santé dans le privé en fournissant « des preuves à travers des études sur l’économie des soins médicaux pour justifier une modification de la législation existante sur le secteur privé de la santé et intégrer un mécanisme pour uniformiser et réguler les frais d’utilisateur dans le secteur privé afin d’assurer une protection contre les risques financiers ». Les rédacteurs soulignent que même si la vaste majorité se tourne vers la santé publique en cas de problème, les soins dans le privé, avec un autre niveau de service, sont particulièrement chers. 

Le suivi des décisions politiques et budgétaires présente également des lacunes. Le rapport recommande par conséquent de « renforcer la structure existante institutionnalisée au sein du ministère de la Santé pour évaluer et améliorer le développement et la mise en œuvre des politiques ». Le rapport alerte : « Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour faire face au fardeau croissant des maladies non transmissibles et pour revoir le modèle de prestation de services afin de surmonter ce défi, et pour garantir que le personnel doté des compétences cliniques appropriées soit présent dans les établissements de santé. »

En matière de gestion de la COVID-19 et d’autres risques sanitaires, « le pays a fait preuve d’une solide capacité à réagir vite et bien » et « Maurice a toujours été prompt à faire face aux situations d’urgence sanitaire ». Cependant, tout n’est pas parfait dans ce domaine. Les rédacteurs ont relevé les difficultés rencontrées pendant la pandémie concernant les « Emergency Procurement » décidés par les autorités. « Les achats d’urgence de biens et services de grande valeur devraient être effectués de façon plus transparente par une entité spécialisée, afin d’optimiser le rapport qualité-prix. » 

Le secteur qui requiert « le plus d’attention est celui de la faible autonomie financière et de la responsabilité des fournisseurs de services ». Il est également mentionné que le « Plan stratégique du secteur de la santé 2020-2024 » du ministère prévoit des mesures pour appuyer les fournisseurs dans la gestion plus efficace de leurs activités quotidiennes, en leur accordant plus d’autonomie au niveau régional. Il s’agit, entre autres, de restructurer les institutions de santé publique pour renforcer la synergie entre les niveaux central et régional de gestion ; d’instaurer un cadre de gouvernance efficace incluant des politiques et des stratégies fondées sur des processus et des procédures transparents, responsables et basés sur des règles et d’appliquer les meilleures pratiques et les cadres recommandés pour améliorer la responsabilité et la gouvernance, tel l’Anti-Corruption Framework. 

Dans l’éventualité d’une nouvelle épidémie, il est recommandé de « définir et de planifier un dispositif de financement public d’urgence qui puisse être activé pour soutenir les actions » et de « garantir une mobilisation rapide aux niveaux national et infranational pour allouer et utiliser efficacement les fonds en cas de crise sanitaire ».

C’est quoi le Health Financing Progress Matrix Assessment ?

Il s’agit d’une évaluation de l’Organisation mondiale de la Santé sur les politiques de financement de la santé d’un pays. Le rapport de 2023 synthétise les résultats de l’évaluation. Celle-ci a été demandée par le gouvernement mauricien pour que les résultats contribuent à la révision continue du « Plan stratégique du secteur de la santé » et pour nourrir l’élaboration d’une nouvelle stratégie de financement de la santé. À noter que l’évaluation a été menée de manière très participative, avec pour objectif supplémentaire de renforcer les compétences locales en matière de financement de la santé.

 

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