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Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd : «Les institutions financières ont un rôle à jouer en accélérant les prêts durables»

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Alors que la phase de transition est en cours pour une économie verte, le financement vert est non négligeable, selon Fareed Jaunbocus. Le CEO de Strategos Ltd avance que Maurice peut aussi jouer un rôle-clé au niveau du continent africain. 

Maurice a récemment tenu sa première conférence internationale de Maurice sur les énergies renouvelables (MARENIC) dont le thème s’intitulait « Empowering Tomorrow : Énergie verte, transition accélérée, avenir durable ». La conférence était organisée par l’Agence mauricienne des énergies renouvelables (MARENA). Vous étiez le président d’un panel de discussion sur le financement vert. Qu’est-ce qui explique que ce sujet gagne en importance ? 
Le gouvernement est très ambitieux par rapport au changement climatique. Nous avons signé plusieurs accords, dont la COP 26. Maurice s’est positionné comme un modèle pour les Small Island Developing States (SIDS). Le pays s’est engagé sur certains fronts, dont la COP 21, la COP 26, Powering Past Coal Alliance, Global Coal to Clean Power Transition et le Global Green Initiative. 

Maurice a pris l’engagement de réduire son émission de carbone. Un plan d’énergie renouvelable avec des objectifs précis à atteindre d’ici 2030 a été mis en place dans cette optique. La Climat Change Act a aussi été présentée à l’Assemblée nationale avec la mise en place d’un comité responsable du suivi de la transition vers l’énergie renouvelable. 

Le coût pour la mise en œuvre du plan s’élève à 6,5 milliards de dollars, dont 2 milliards de dollars pour mitiger l’effet du changement climatique  et le montant restant servant d’adaptation ; 35 % du montant total seront issus d’un financement local. 

Il y a également le pacte vert pour l’Europe. Les produits exportés sur le marché européen devront provenir d’une chaîne d’approvisionnement complètement verte. Maurice exporte principalement vers l’Europe. Il faudra miser sur la production verte pour éviter de payer la taxe carbone. 

Un panel de discussion a été organisé dans le cadre de la conférence organisé par MARENA.
Un panel de discussion a été organisé dans le cadre de la conférence organisé par MARENA. 

Vous avez évoqué les ambitions nationales concernant le développement durable. Le secteur privé a-t-il un rôle à jouer ? 
Le financement vert doit avoir un impact positif sur l’environnement afin de mitiger l’impact du changement climatique. Des obligations vertes, des prêts verts, hypothèques vertes, microfinance verte et autres financements durables font partie du financement vert. Les institutions financières ont un rôle à jouer en accélérant les prêts durables. Elles peuvent proposer des prêts avec des intérêts qui sont en lien vers les indicateurs de durabilité. 

Les institutions financières peuvent aussi développer des financements de transition. La mise en en place d’un cadre pour évaluer les risques eu égard aux prêts sera également très utile. Le financement vert doit être inclus dans la cartographie des risques. 

Les produits proposés par les institutions financières peuvent être taillés sur mesure en fonction des secteurs. Au-delà de ces aspects, des solutions hybrides introduites par les institutions financières peuvent aussi aider les entreprises dans cette phase de transition. 

Quels sont les moyens qui aideront à accélérer cette transition ? 
Un cadre régulateur, issu d’une réflexion et d’une collaboration entre la fonction publique et le secteur privé, peut aider. Celui-ci devrait notamment renfermer un mécanisme d’atténuation et un système de classification pour déterminer quels sont les projets qui tombent sous la catégorie de durable. Cela apportera plus de clarté aux investisseurs, évitant parallèlement le « greenwashing ». 

Un volume de projets bancable doit être développé afin d’inciter les gros investisseurs à y investir. En ce qui concerne les entreprises, le cadre devra cibler un système amélioré pour mesurer l’impact des projets d’énergie durable dans le rapport annuel des entreprises. Des mesures incitatives, comme des financements à long terme qui correspondent à la durée de vie du projet, seront intéressantes. 

Au vu de la fluctuation constante du taux de change, il serait plus approprié pour les entreprises mauriciennes de bénéficier d’un financement local. La Banque de Maurice a mis en place un Climate Change Department. Celui-ci peut venir avec des guidelines pour encourager les banques à augmenter leur portfolio de prêts verts. Les PME ne seront pas marginalisées par un mécanisme d’agrégation pour rendre les petits projets attractifs. Des partenariats internationaux peuvent aussi permettre d’accélérer cette transition, via leur expertise et des capitaux. 

Est-il possible pour Maurice d’améliorer sa performance concernant le financement vert ? 
Cela passera par le développement d’une stratégie de financement vert qui est très compréhensible. Une road map nationale spécifique pour le financement vert, liée à nos ambitions d’énergie renouvelable, et les objectifs environnementaux doivent être mis en place. MARENA peut aider en ce sens. 

Il faut renforcer les capacités locales dans la gestion de projets verts à travers une synergie avec les universités locales pour ce qui est de la recherche. Le secteur financier peut être positionné comme une plateforme pour le financement vert. L’émission des obligations vertes souveraines pour les projets nationaux d’énergie renouvelable devrait s’insérer dans ce cadre. 

Les PME vertes doivent être promues. On pourrait inciter la diaspora à investir dans des projets verts. Nous n’avons pas de stratégie pour l’utilisation des fonds carbones. Nous pouvons miser sur des projets de mécanisme de développement propre afin d’être éligibles à davantage de fonds carbones. L’introduction d’un National Carbon Pricing Mecanism pour générer des fonds pour des initiatives vertes est une solution plausible. 

Sur le plan régional, Maurice peut-il se positionner comme une plateforme pour le continent africain ? 
Nous avons la stabilité politique et la bonne gouvernance. La géolocalisation de Maurice, qui est positionné entre l’Afrique et l’Asie, est aussi un atout considérable. Le secteur financier mauricien a signé des accords avec plusieurs pays. Ce secteur est d’ailleurs bien développé. C’est un pilier solide et important pour notre croissance économique. 

Le secteur de l’offshore nous a permis d’avoir de l’expérience non seulement en matière de financement international, mais aussi au niveau des transactions financières internationales complexes. C’est là une force pour se positionner comme une plateforme. 

Sans compter les engagements susmentionnés concernant l’énergie renouvelable de même que les lois qui ont déjà été votées en ce sens. La relation diplomatique dont dispose Maurice avec plusieurs pays est également à son avantage. Un rapport de McKinsey indique également que Maurice est l’économie la plus diversifiée du continent.

 

  • Salon

 

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