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Espérance de vie : vivre plus longtemps et mieux à Maurice 

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Maurice se classe au cinquième rang en Afrique parmi les pays affichant une espérance de vie élevée. Cette tendance s’est constamment améliorée année après année. Un travail considérable a été accompli et des mesures ont été mises en place pour renforcer la stratégie déjà en vigueur.

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Dr Anne-Marie Ancia

Maurice compte de plus en plus de personnes âgées, selon le dernier rapport de Statistics Mauritius publié le 13 octobre dernier. Sur une population totale de 1,4 million d’habitants, 255 301 ont plus de 60 ans, soit 18 % du total. Parmi elles, on dénombre 4 826 nonagénaires et 150 centenaires. D’ici 2061, la proportion des personnes âgées devrait atteindre 39 % de la population. L’espérance de vie a également augmenté de façon significative depuis 1962 : elle est passée de 58,70 ans à 70,01 ans pour les hommes et de 61,90 ans à 77,08 ans pour les femmes, soit une progression de 11,31 ans et 15,18 ans respectivement en près de 60 ans.

Face à cette évolution, le Dr Anne-Marie Ancia, représentante de l’OMS dans le pays, estime que Maurice pourrait servir de modèle en matière de santé des personnes âgées dans les années à venir. Elle salue la capacité de Maurice à comprendre et à s’adapter à l’évolution démographique de sa population, tout en soulignant la nécessité de réformer partiellement le système de santé pour offrir une meilleure prise en charge aux aînés. C’est l’objectif du programme ICOPE (Integrated Care for Older People), qui a fait l’objet d’une session de formation par des experts de l’OMS. Le Dr Ancia reconnaît également la volonté des autorités mauriciennes d’aborder le problème du vieillissement de manière pragmatique. Ces propos ont été tenus lors de la remise de certificats aux participants de la formation.

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Dr Shiv Seegobin

Maurice a mis en place diverses mesures pour améliorer la santé de sa population, notamment en renforçant son système de santé et en développant des programmes de vaccination. La gratuité des services de santé publics a également joué un rôle important, en augmentant l’espérance de vie des Mauriciens, d’après le Dr Shiv Seegobin, responsable national du projet ICOPE. Il ajoute que le gouvernement a investi massivement dans l’éducation, la santé et la protection sociale, pour prévenir la pauvreté et favoriser le bien-être des personnes.

Le Dr Bassoodev Goolaub partage la même opinion, affirmant que les Mauriciens sont de plus en plus soucieux de leur santé et consultent davantage les centres de santé au lieu de se soigner avec des remèdes de grand-mère. Cela permet d’éviter des complications ou des infections en cas de blessure, par exemple. Il note également une baisse de la mortalité infantile et maternelle, liée, selon lui, à une meilleure alimentation et à l’éducation.

Le programme ICOPE, lancé l’année dernière et progressivement mis en place, tant dans le système de santé public que dans celui des médecins du ministère de l’Intégration sociale, devrait permettre aux Mauriciens de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Ce programme, basé sur les normes de l’OMS, vise à améliorer la qualité de vie des personnes âgées grâce au dépistage précoce et à la coordination des soins. « Les ministères de la Santé et de l’Intégration sociale ont travaillé sur plusieurs aspects pour mettre en place la base nécessaire pour mettre en oeuvre le programme dans son intégralité. Il est axé sur la formation du personnel à tous les niveaux, que ce soit les médecins, les infirmiers, les professionnels de la santé paramédicaux ou les travailleurs sociaux, afin qu’ils puissent offrir de meilleurs soins aux personnes âgées », explique-t-il. 

Le projet ICOPE permet de plus de maximiser l’autonomie des aînés en détectant et en traitant les problèmes de santé liés au vieillissement, tels que les troubles auditifs, cognitifs, mentaux, nutritionnels ou de mobilité. Ainsi, les personnes âgées peuvent vieillir en meilleure santé et conserver leur autonomie le plus longtemps possible.

Vieillir en bonne santé

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Dr Matteo Cesari

« En comparaison à certains pays qui n’ont pas encore pris en compte le vieillissement de la société et les adaptations nécessaires, Maurice se trouve dans une position enviable », estime le Dr Matteo Cesari, gériatre et gérontologue de l’OMS. Il était à Maurice dans le cadre du programme de formation des professionnels de santé du projet ICOPE. Il est d’avis que Maurice a franchi des étapes importantes qui promettent des résultats significatifs à l’avenir.

« Il est essentiel de reconnaître que tout le monde vieillit, et il existe un vieillissement global auquel nous devons réagir activement, plutôt que de nous concentrer uniquement sur la maladie », précise-t-il. Il souligne l’importance de mettre en place des mesures pour détecter le déclin de la capacité des personnes âgées et pour leur offrir des actions préventives sur les plans clinique et social, afin de garantir qu’elles vieillissent en bonne santé.

Ce processus, bien que difficile à mettre en place, est indispensable. « Il faut responsabiliser la population et encourager chacun à adopter un mode de vie plus sain pour bien vieillir en adoptant un meilleur style de vie et comportement. » 

Cette approche vise à augmenter l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé, qui sont deux notions distinctes, fait comprendre le Dr Matteo Cesari. Il faut réduire l’écart entre ces deux notions pour permettre aux personnes âgées de conserver une bonne qualité de vie, en restant actives sur les plans physique, cognitif et social.

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Les facteurs clés de l’augmentation de l’espérance de vie

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Dr Bassoodev Goolaub

L’éducation de la population, les divers programmes de vaccination et un système de santé plus efficace ont contribué à améliorer l’espérance de vie des Mauriciens, explique le Dr Bassoodev Goolaub, médecin généraliste dans le privé. De meilleures conditions de logement y ont également grandement contribué, selon lui. 

Avec l’industrialisation, le travail est moins pénible dans certains secteurs, ce qui fait que de nombreuses personnes ne font pas plus âgées que leur âge de 40 ans, souligne le Dr Goolaub. « Ceux qui travaillent dans les champs, en tant que maçons, ou dans la manutention paraissent plus fatigués que ceux qui exercent un travail de bureau, par exemple », fait-il remarquer. 

Atteindre 40 ou 50 ans était considéré comme un luxe par le passé et on se sentait vieux. Cependant, avec l’évolution de la société, quelqu’un de 60 ans est aujourd’hui considéré comme étant « jeune ». Pour lui, c’est la meilleure qualité de vie en général qui explique pourquoi nous avons de nombreux centenaires et pourquoi nous assistons au vieillissement de la population, avec nos aînés vivant plus longtemps. « Les personnes âgées peuvent désormais bénéficier d’une meilleure prise en charge, ce qui leur permet de vivre mieux », affirme-t-il. 

Ce qui permet de vivre plus longtemps également, c’est que les familles sont moins nombreuses, avec la plupart des femmes se mariant « tard », alors que par le passé, de nombreuses femmes se mariaient à un jeune âge, estime le Dr Goolaub.

Bien dans sa tête, bien dans son corps 

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Deven Goundan et Suzette Rouselin

Deven Goundan, à 69 ans, incarne la vitalité et l’engagement actif des seniors dans la société. En tant que membre exécutif du Senior Citizen Council, il est un représentant des Seniors de Savanne, avec 38 associations sous sa tutelle. Il explique que notre société a connu des mutations qui ont contribué à l’augmentation de l’espérance de vie, ainsi qu’à une meilleure qualité de vie. 

« Un des domaines majeurs de transformation est l’accès à l’éducation. Nos parents se sont sacrifiés. Nos enfants ont pu avoir accès à l’éducation, leur ouvrant la porte à des emplois. Cela leur permet de nous soutenir financièrement. Ce qui n’était pas le cas auparavant », souligne-t-il. 

Deven Goundan revient également sur l’évolution du système de soins de santé, offrant des avantages significatifs. « Nous vivons dans des maisons plus décentes. Et les soins de santé sont gratuits et accessibles. Il y a d’autres services gouvernementaux, dont la visite des médecins à domicile fournie par le ministère de la Sécurité sociale. Toutes ces facilités contribuent à améliorer l’espérance de vie des personnes âgées et à garantir des conditions de vie dignes », avance le sexagénaire.

Deven Goundan est un fervent défenseur de la participation active des seniors à la société, et il encourage les personnes âgées à rester en mouvement. « Il faut pratiquer la lecture et je fais de l’exercice comme le tai-chi. L’activité physique est essentielle pour rester en forme à mesure que l’âge avance », estime-t-il. 

Il insiste également sur l’importance d’une alimentation équilibrée, même si le choix de la nourriture peut être un défi pour les personnes âgées qui ne peuvent pas changer leurs habitudes alimentaires du jour au lendemain. « À un certain âge, l’alimentation peut nécessiter des ajustements, comme manger léger le soir, manger beaucoup de fruits et de légumes. » Deven Goundan reconnaît cependant les défis auxquels de nombreuses personnes âgées sont confrontées, notamment l’isolement social. « Certaines personnes âgées sont isolées en raison de divers facteurs. Il faut plus d’initiatives visant à les soutenir, telles que des visites amicales et des sorties », plaide-t-il. 

Il rappelle aussi l’importance de l’accessibilité pour les personnes âgées, surtout à la plage. « Il y a un manque d’accès aux plages pour les seniors. On doit installer des rampes pour garantir à tous l’accès aux plages », dit-il. Il avait d’ailleurs élaboré un projet en ce sens, mettant en évidence la nécessité d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées à travers des mesures concrètes.

De son côté, Suzette Rouselin, âgée de 78 ans, mène une vie simple et paisible dans sa petite maison à Richelieu aux côtés de ses proches. « Mon époux ne voulait pas que je travaille. Je suis donc restée à la maison pour prendre soin de mes enfants et de mon foyer. » 

Même si elle fait face à des problèmes de santé tels que le diabète, Suzette Rouselin se réjouit que sa condition ne s’aggrave pas. « Je fais attention à ce que je mange, en évitant les excès de sel, de sucre et d’épices pour préserver ma santé. Je fais aussi de l’exercice régulièrement chez moi. Je prends plaisir à marcher tous les jours, notamment pour aller veiller sur mon arrière-petite-fille qui habite non loin de chez moi pendant que ses parents travaillent. C’est un passe-temps », raconte Suzette Rouselin. 

La septuagénaire apprécie les joies simples de la vie, de la contemplation paisible devant la télévision à la lecture, en passant par la prière qui l’accompagne tout au long de ses journées. « Le dimanche, je me rends à l’église pour la messe. La prière a une place prépondérante dans ma vie. » Consciente de la cherté de la vie, la septuagénaire dit néanmoins pouvoir s’en sortir. « On a la chance de bénéficier de soins médicaux et de médicaments gratuits au dispensaire. J’y vais chaque trois mois pour mon suivi médical. » 

Elle prône plus de sécurité pour les seniors tout en étant reconnaissante d’être bien entourée par ses enfants et petits-enfants. « Il y a des personnes âgées qui n’ont pas cette chance. J’espère que des mesures seront prises pour qu’elles se sentent en sécurité. Je suis inquiète de voir que certains sont maltraités », se désole-t-elle, tout en souhaitant que chacun puisse vivre dans la dignité et la paix.

Le dépistage précoce pour assurer une meilleure santé

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Kailesh Jagutpal

D’ici 2061, la population des plus de 60 ans devrait dépasser les 300 000 et représenter ainsi 39 % de la population, selon les estimations. Dès lors, quelle est la meilleure stratégie à adopter : construire davantage d’hôpitaux, avoir plus de médecins, former plus d’infirmiers, ou maintenir les personnes âgées en bonne santé ?

« Avoir plus de 300 000 personnes âgées de plus de 60 ans aura un impact économique indéniable sur le système de santé du pays », estime Kailesh Jagutpal. Pour faire face à cette situation, le ministère de la Santé, en collaboration avec celui de l’Intégration sociale et diverses parties prenantes, travaille à l’amélioration de la santé des personnes âgées afin qu’elles puissent vieillir en bonne santé. 

En règle générale, les personnes âgées se présentent à l’hôpital pour des problèmes de santé liés à des maladies non transmissibles, telles que le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, mais d’autres problèmes peuvent être négligés. Le programme ICOPE, intégré dans le système de santé pour le dépistage précoce, permettra d’améliorer le bien-être des personnes âgées. 

En effet, grâce au dépistage précoce, les problèmes de santé des personnes âgées, tels que la mobilité, l’acuité visuelle et auditive, qui peuvent passer inaperçus, pourront être identifiés plus tôt. En ce faisant, les patients peuvent bénéficier d’une intervention plus rapide et trouver des solutions pour préserver leur santé en traitant les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent.

« Nous croyons qu’avec le temps, nous devons changer notre façon de voir les choses. Il ne s’agit plus d’examiner un patient uniquement lorsqu’il a un problème de santé, mais d’essayer de déceler quels sont les problèmes qui peuvent survenir et de les prendre en charge le plus tôt possible », affirme Kailesh Jagutpal. 

Selon le ministre de la Santé, « cette nouvelle approche permettra d’alléger la charge du système de santé ». Pour lui, avoir plus de personnes malades nécessitera davantage de ressources pour assurer leur prise en charge. « Si nous ne renforçons pas les capacités, comment pourrons-nous offrir un meilleur service ? » s’interroge le ministre de la Santé, en soulignant l’importance du projet ICOPE en vue d’étendre la gamme des services de qualité pour les personnes âgées. « Avec l’ICOPE, nous allons promouvoir la santé tout en cherchant des solutions aux problèmes de santé auxquels sont confrontées les personnes âgées », fait-il remarquer.

Il concède qu’étant donné le grand nombre de personnes à toucher, cela prendra certainement du temps. « Il y a donc toute une préparation à faire, et nous devons veiller à ce que cela perdure, ce qui doit commencer dès maintenant. »

1,5 Md de personnes de plus de 65 ans en 2050

La population mondiale change de façon durable et inédite, avec une part croissante de personnes âgées. Ce phénomène s’explique par l’allongement de l’espérance de vie et la diminution de la fécondité. Les gens vivent plus longtemps, et le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus augmente rapidement. En 2020, ils étaient 727 millions dans le monde. Les femmes, qui vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, sont plus nombreuses parmi les personnes âgées, surtout aux âges les plus élevés. D’ici 2050, le nombre de personnes âgées dans le monde devrait plus que doubler, pour atteindre plus de 1,5 milliard. Toutes les régions du monde connaîtront une augmentation de leur population âgée entre 2020 et 2050. Au niveau mondial, la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus devrait passer de 9,3 % en 2020 à environ 16,0 % en 2050.

Source : UN World Population Ageing 2020

 

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