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Élections : le comptage le même jour : le transport des urnes divise la classe politique

Certains partis politiques redoutent le transport des urnes.

Si le comptage des voix le même jour du vote est favorablement accueilli par la classe politique, celle-ci est cependant divisée sur la question du transfert des urnes vers un seul centre pour le comptage des voix.

« Nous ne voulons pas que le comptage se fasse sur place, dans chaque école. Nous pensons que ce sera une grosse erreur, une grosse entorse à l’unité nationale », estime le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), Xavier-Luc Duval. 

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Selon lui, il est inapproprié de savoir quelle localité a voté pour ou contre un parti. « Car consciemment ou inconsciemment, un tel exercice peut engendrer une discrimination pour les votants, pour le travail, le développement de la région, etc. », dit-il.

Le comptage dans chaque école ne permettrait pas non plus, selon Xavier-Luc Duval, d’exercer un contrôle adéquat par les partis politiques sur cet exercice. « Dans ma circonscription, par exemple, je devrais avoir un contrôle sur le comptage dans vingt endroits pour m’assurer qu’il n’y a pas d’entorse à la procédure. Je ne peux pas être dans vingt écoles en même temps. Si le comptage se fait dans une seule école, c’est beaucoup plus facile pour moi de vérifier dans vingt classes », ajoute-t-il.

L’ancien leader de l’opposition ajoute qu’il faut s’assurer que le transport des urnes se fasse dans des conditions convenables. Il propose une procédure « raisonnablement simple ». « Les partis politiques peuvent mettre leurs scellés sur les urnes et s’organiser pour que les camions qui les transportent soient vérifiés et suivis par des agents politiques jusqu’au centre où aura lieu le comptage », recommande-t-il.

Le comptage dans chaque école est une idée à laquelle s’oppose également Rezistans ek Alternativ (ReA). Il s’agit d’ailleurs de l’une de leurs trois préoccupations majeures. « Fondamentalement, ce n’est pas un problème de savoir quelle région a voté pour quel parti, mais Maurice étant ce qu’elle est, nous craignons des expériences de stigmatisation et de victimisation après les élections », déclare Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ.

Pour lui, le mieux serait de reporter cette idée de comptage le même jour pour plus tard. « Nous ne sommes pas contre, mais étant donné les soucis soulevés, le mieux serait de recueillir toutes les opinions, de débattre et de le mettre en place pour d’éventuelles prochaines élections générales », explique-t-il.

« Out of question »

Au niveau de l’alliance Parti travailliste - Mouvement militant mauricien - Nouveaux démocrates (PTR-MMM-ND), il n’est pas question de transférer les urnes. « Nous voulons le minimum de manipulation possible des urnes. Il ne faut donc pas qu’il y ait de transport des urnes. Kouma li ete aktuelman, kamion rant avec travayer. Sa li ‘out of question’ », indique Ajay Gunness, leader adjoint du MMM, présent lors de la rencontre avec le commissaire électoral, Irfan Rahman.

Le bureau de la commission électorale n'est pas sûr d'avoir le personnel requis pour effectuer le comptage le même jour. Et Ajay Gunness estime que ce ne sera pas un problème que l’exercice se fasse le lendemain, comme c’est normalement le cas. 

« Que le comptage se fasse le même jour ou le jour d’après, l’essentiel est d’éliminer le risque de manipulation des urnes lors de leur transfert vers un seul centre, diminuant ainsi le risque de fraude électorale », soutient-il. « Même si nous nous dirigeons vers le 'same day counting', selon le commissaire électoral, le résultat dans certaines circonscriptions pourrait être proclamé vers 2 ou 3 heures. Be li pou deza le landemin », fait-il remarquer.

Le parti extraparlementaire, Linion Moris, se prononce également contre la convergence des urnes vers un seul centre pour le comptage des voix. Parmi les points avancés, l’incertitude autour des véhicules utilisés pour assurer le transfert. « Lors de notre rencontre avec le commissaire électoral, Irfan Rahman a lui-même confirmé que les véhicules de la Special Mobile Force n’ont jamais été utilisés pour le transfert des urnes. Ce sont généralement des véhicules du ministère des Infrastructures nationales ou d’autres ministères et départements d’État », dit-il.

« Que ce soit pour les élections de 2019 ou des années précédentes, qu’est-ce qu’on n’a pas entendu ? Sipa kamion inn bouze, pan reysi sirveye, inn arete pou sanz larou ou byen inn rant dan karo kann. Tou kalite zistwar inn tande », ajoute-t-il.

Sans compter, dit-il, que c’est un très gros problème logistique pour la commission électorale. Selon ses dires, il y aurait de moins en moins de véhicules, les ministères optant pour la location plutôt que l’achat de véhicules. « De l’autre côté, nous nous demandons aussi à quel point nous pouvons nous fier à ceux qui se chargeront du déplacement des urnes et de la logistique. Personne ne peut dire qu’il a 100 % confiance dans tout le monde qui travaillera. Dans une élection où on doit donner 99 % de confiance, c’est déjà faible. »

Anonymat

Afin de préserver l’anonymat des votes, une autre préoccupation de l’alliance PTR-MMM-ND, il est suggéré que les bulletins soient mélangés avant de procéder à l’exercice de comptage. « Si dans une salle de classe, ceux dont les noms commencent par A à D ont voté, on pourrait facilement savoir quelles sont les familles qui ont voté pour un parti. Ensuite, les élus pourraient régler leurs comptes, ce que nous ne voulons pas », fait observer Ajay Guness.

Cependant, pour Linion Moris, le fait de savoir quelle région a voté pour ou contre le parti élu ne serait pas un problème. « Seuls les politiciens de la vieille école penseront à bouder ou à stigmatiser les habitants de ces régions. Si Linion Moris est élu, nous considérons ces régions comme étant celles où nous devons, au contraire, redoubler d’efforts durant notre mandat pour convaincre l’électorat », déclare Dev Sunnasy.

Renouvellement du personnel

Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ, estime que le non-renouvellement du personnel si le comptage se fait le même jour sera un problème. Il a pris pour exemple le village de Chemin-Grenier où, lors des dernières élections villageoises, les résultats avaient été déclarés à 2 h 40 alors qu’il y avait seulement environ 6 000 votants. « Or, pour les élections générales, plusieurs circonscriptions comptent plus de 40 000 votants. Si c’est le même personnel qui travaillera du début jusqu’à la fin, ce sera un problème. »

Défilés

Ashok Subron est d’avis que la proclamation des résultats tard dans la soirée ou au petit matin comporte des risques de sécurité. « Aussi longtemps que la proclamation se fait durant la journée, il n’y a pas de problème. Mais si c’est le soir, il y a des risques de dérapage. Parce qu’on ne voit pas ce qui se passe », avance-t-il.

 

 

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