Comment évolueront les piliers majeurs de l’économie mauricienne en 2019 ? Quels sont les défis que devront relever les opérateurs ? Qu’en est-il des opportunités à saisir ? Les acteurs de divers secteurs livrent leurs prévisions…
Manufacturier
Cibler les marchés africains demeure une priorité
Maxime Koon, président de l’Association of Textile and Apparel Manufacturers, affirme que l’industrie textile sera en difficulté en 2019. Le secteur doit donc cibler de nouveaux marchés, tout en étant créatif et en ayant une valeur ajoutée.
Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association, estime que plusieurs initiatives, comme le Project Export Development et l’Upskilling des employés, ont été prises pour que le secteur soit plus performant face à la rude concurrence internationale. Les opérateurs et les autorités doivent désormais collaborer d’une façon beaucoup plus rapprochée pour cibler de nouveaux marchés au fort potentiel. « On veut capturer le plus gros marché africain. D’ailleurs, le textile a besoin d’innovations. Le modèle qui nous a portés auparavant ne tient plus », conclut-elle.
Services financiers
Des traités de tous les maux ?
L’an prochain, la croissance dans le secteur des services financiers est estimée à 5,4 %, soit le même taux qu’en 2018. De prime abord et avec une telle expansion, on pourrait s’attendre à ce que ce pilier de l’économie contribue à hauteur de 15 % du Produit intérieur brut en 2020. Les segments des assurances et de la Bourse sont en bonne santé grâce à une gestion rigoureuse et un rayonnement à l’international.
Pour l’offshore, il s’agit, d’une part, de protéger ses acquis et sa réputation dans un monde où les nouvelles directives sont légion et d’autre part, de développer de nouvelles activités. Les investissements vers l’Inde seront régis par un nouveau traité de non-double imposition fiscale plus exigeant et avec des zones d’ombre dans l’interprétation des nouvelles clauses. Dans son ambition de devenir une plateforme d’investissement vers l’Afrique, Maurice est davantage sous la loupe fiscale de certains gouvernements.
Construction
Une croissance probable avec les chantiers prévus en 2019
Malgré l’annonce de plusieurs travaux qui auront lieu en 2019 dans le secteur public, Gérard Uckoor, président de l’Association of Small Contractors, se dit sceptique au sujet de la croissance du secteur. « Cela fait quatre ans que le gouvernement a promis un miracle économique. Les petits contracteurs l’attendent toujours. »
Pour lui, les lois sont à revoir afin que les petits opérateurs puissent profiter de la croissance au même titre que les grosses pointures. Il fait notamment référence au paiement des contracteurs et au financement des banques, entre autres. Dominique Billon, directeur de Kolos, rappelle que le nombre de projets en cours dans le secteur est en hausse. « Le marché du ciment est en pleine croissance », dit-il. Ce sera un défi à relever en 2019.
TIC
La numérisation des structures privées et publiques plus que nécessaire
Selon Dev Sunnasy, président de la Mauritius Information & Technology Industry Association, 2019 sera une année de campagne électorale et une année de perdue. Pour lui, les services proposés par le secteur public sont semblables à ceux du tiers-monde. « Nous faisons la queue et nous perdons un temps fou pour tous les services de l’État. Il est temps d’introduire l’intelligence artificielle dans la gestion des services publics et faire travailler les Petites et moyennes entreprises des divers secteurs. »
Pour Giovanni Bheemul, directeur de Rosemees Ltd, le développement du secteur comprend plusieurs aspects : une orientation sur les formations professionnelles pour les métiers du numérique ; la numérisation des entreprises et de la structure privée/publique ; et des investissements dans le numérique durable ainsi que dans les Green Datas Centres.
Agro-industrie
Le sucre au cœur des débats
La croissance du secteur est estimée à 2,3 % et la production sucrière à 320 000 tonnes. Cette estimation est prématurée dans la mesure où on ne connaît pas les conditions qui influenceront la pousse de la canne, parmi tant d’autres facteurs. Qu’en est-il des prix ? Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des sucres, s’explique : « Après une hausse importante de la production sucrière à l’échelle mondiale durant l’année écoulée – qui a provoqué la baisse drastique des prix ayant affecté nos recettes d’exportation –, une production globale réduite est prévue en 2019 en raison des conditions climatiques et d’un désintéressement des producteurs, justement à cause des niveaux de prix atteints. Le niveau du stock reste toutefois élevé, ce qui pourrait limiter les hausses de prix. La pression sur les prix de vente subie durant les deux dernières années devrait donc diminuer. Nous nous attendons à une amélioration des prix, même s’ils risquent d’être toujours bas sur le court et moyen termes. »
Tourisme
Le manque de main-d’œuvre qualifiée sera toujours un défi
Raj Reedoy, directeur général de l’hôtel SALT, affiche son optimisme concernant le secteur de l’hôtellerie. En outre, la stabilité politique et sociale du pays contribue au secteur du tourisme, avance Jérémie de Fombelle, directeur général de LUX* Le Morne. Le challenge le plus difficile à relever dans ce secteur est la main-d’œuvre qualifiée. Nombre de jeunes mauriciens préfèrent s’expatrier ou rejoindre les bateaux de croisière, fait ressortir Antje Tourneur, Resident Manager au Maritim Resort & Spa Mauritius. Avis partagé par Jérémie de Fombelle. Il faut améliorer ensemble l’image des métiers de l’hôtellerie afin d’inciter les jeunes à faire carrière, dit-il. Il conclut que le tourisme se portera bien en 2019 grâce aux efforts de tous les acteurs du secteur.
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