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Dr Mita Ballysing : «La vaccination mixte deviendra la norme à cause de la pénurie de vaccins»

Outre le fait que la vaccination mixte finira par devenir une norme, le Dr Mita Ballysing est d’avis que le programme de vaccination finira tôt ou tard par se faire sur une base annuelle, du moins pour les personnes les plus vulnérables. 

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Le gouvernement mauricien a décidé de passer à l’étape supérieure avec la troisième dose vaccinale. Comment accueillez-vous cette mesure ?
Je constate que plusieurs pays ont pris la décision d’aller de l’avant avec la troisième dose vaccinale, stipulant que cette dose concerne surtout ceux qui sont à risque. Les personnes âgées sont les plus vulnérables, aussi les immunodéprimés, ceux ayant des comorbidités sévères, les diabétiques, les cardiaques, les cancéreux et les dialysés. Dans ces pays, c’est surtout question de Pfizer et de Moderna. Les Émirats arabes unis aussi recommandent à ceux qui ont fait le vaccin Sinopharm d’avoir recours à une troisième dose. 

Se basant sur les vaccins grippaux qui se font chaque année, où on utilise le vaccin potentiellement plus efficace contre les différents variants qui sévissent chaque année, logiquement ça pourrait s’appliquer au virus Covid-19. Cependant, vu que le virus Covid-19 est nouveau, les scientifiques continuent leur recherche, que ce soit sur le virus ou sur le vaccin. 

Cependant, le FDA et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tirent la sonnette d’alarme sur le fait que la troisième dose vaccinale dans les pays qui peuvent se la permettre serait au détriment des pays pauvres, où le taux de vaccination est très faible. La raison scientifique serait, peut-être que, échappant à la vaccination, des variants bien plus virulents pourraient émerger dans ces pays pauvres et accéder à tous les pays du monde à travers le transport aérien et maritime. Aujourd’hui, ce virus nous fait réaliser que le monde est un grand village, où la santé de chaque pays influencera l’autre.

D’après les études de John Hopkins University, malgré l’efficacité des vaccins contre les formes sévères, la durée de l’efficacité pourrait être compromise sans la troisième dose vaccinale»

Le début de campagne de la troisième dose vaccinale n’a pas été un succès. Pensez-vous que les Mauriciens finiront par se laisser convaincre sur la nécessité d’une troisième dose ?
Sensibiliser avec des informations explicites seraient une bonne chose. Aujourd’hui, avec le niveau de désinformation sur les réseaux sociaux, c’est impératif, de vulgariser toute information concernant la Covid-19 ou la vaccination. On ne cessera d’apprendre sur le virus ou la vaccination. L’enjeu sanitaire est énorme. L’enjeu économique et social le sont aussi. C’est le devoir des autorités et des médecins de donner des informations fiables. Convaincre ceux qui ont déjà fait leur première et seconde dose de faire une troisième dose ne devrait pas être compliqué, car l’engagement de se protéger est déjà là, surtout avec le variant Delta, qui est encore plus virulent et l’ouverture des frontières qui pourrait représenter un risque.

Pour l’heure, la troisième dose n’est pas obligatoire, mais avec l’ouverture des frontières et la crainte du variant Delta, seriez-vous d’accord pour rendre cette troisième dose obligatoire ?
Aujourd’hui, même si on a recours au Post vaccination Antibody titers, qui détermine le niveau d’anticorps dans notre système suite à la vaccination, il y a aussi d’autres facteurs qui entrent en jeu concernant notre système immunitaire, en occurrence, l’interféron, les lymphocytes T, etc. Et ce serait simpliste de déterminer notre réponse immunitaire que par le niveau d’anticorps. Dépendant des différents vaccins, on sait que leurs efficacités s’amenuisent après 6-9 mois. D’après les études de John Hopkins University, malgré l’efficacité des vaccins contre les formes sévères, la durée de l’efficacité pourrait être compromise sans la troisième dose vaccinale. 

Selon certains spécialistes, les autorités devraient s’atteler sur une étude afin de mieux étudier l’efficacité des différents vaccins administrés à Maurice ? Est-ce une proposition à laquelle vous adhérez?
Des tests aléatoires d’anticorps, sur le temps, sur ceux ayant reçu les différents vaccins pourraient nous donner une bonne indication déjà sur la durée d’immunité de nos vaccinés. Cela, en prenant en considération l’âge, les comorbidités, les immunodéprimés, etc. On a suffisamment de données à travers le monde pour déterminer l’efficacité de tous les vaccins disponibles. On a du recul à notre niveau, de par le programme de vaccination, la pharmacovigilance, la logistique sur place pour décider quel vaccin nous conviendrait le mieux. La priorité pour nous serait de mettre toutes les chances de notre côté pour se munir du meilleur vaccin afin de pouvoir combattre ce virus.

Sensibiliser avec des informations explicites seraient une bonne chose»

Lors de la semaine écoulée, le Dr Joomaye a évoqué que la guerre des vaccins se poursuit sur le plan mondial et n’a pas écarté la possibilité de rendre la vaccination annuelle. Dans ce contexte, estimez-vous que la vaccination mixte finira par devenir une norme ?
La vaccination mixte se fait déjà dans plusieurs pays. Mon fils qui est en Allemagne a fait son premier vaccin AstraZeneca et le second Pfizer. La vaccination mixte deviendra facilement la norme, vu la pénurie de vaccins dans le monde. Néanmoins, on devrait s’atteler à avoir les vaccins les plus efficaces sur notre territoire vu le flux de touristes qui vont arriver dans les mois à venir. Notre destination touristique risque d’être compromise si on n’a pas les vaccins à meilleure efficacité. Comme pour le vaccin du virus de la grippe qui mute chaque année, fort probablement, on aura besoin d’un vaccin Covid-19 annuel pour les plus fragiles. 

Quant à l’ouverture des frontières, cela dépendra beaucoup du comportement de nos compatriotes. On voit déjà une recrudescence de cas dans la communauté locale avant même l’ouverture des frontières. Certains comportements risquent de compromettre le bon déroulement de l’ouverture des frontières. 

À l’instar des jeunes qui refusent de porter leur masque et qui se rencontrent pour faire la fête à plusieurs. Ou encore les moins jeunes qui pensent qu’une fois vaccinés, ils peuvent se permettre de laisser tomber les gestes sanitaires. 

Bref, la marche à suivre pour tout un chacun devrait être d’adopter les bons gestes sanitaires, de se faire vacciner et de faire des tests rapides avant de se réunir entre amis. Et ce, indépendamment des variants.

 

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