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Coût de la vie : des baisses ciblées sur des biens de première nécessité attendues

Les promesses du ministre du Commerce se confrontent à l’épreuve des faits.

Mardi dernier à l’Assemblée nationale, le ministre du Commerce a dressé un premier bilan d’étape du programme gouvernemental. Certaines mesures sont déjà en vigueur, d’autres seront déployées dans les mois à venir. Gros plan sur une feuille de route encore nébuleuse.

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Face à la flambée des prix, le gouvernement tente de reprendre la main. Le ministre du Commerce a dévoilé une série de chantiers censés freiner la hausse du coût de la vie et mieux encadrer certains marchés. Mais entre les mesures déjà amorcées et celles encore en préparation, la lisibilité de l’action publique reste inégale.

E-commerce

Une régulation du commerce en ligne figure parmi les mesures que le gouvernement entend mettre en œuvre dans les semaines à venir. Une réunion de consultation s’est tenue il y a environ deux semaines entre les principaux acteurs du secteur – l’Association pour la protection des consommateurs de l’île Maurice (Acim), la Chambre de commerce et d’industrie, ainsi que la General Retailers Association (GRA) – donnant le coup d’envoi d’une réforme attendue. Une Regulation est actuellement en gestation. Elle vise à imposer un cadre légal strict aux activités de e-commerce, un secteur en plein essor mais encore largement hors des radars réglementaires.

« L’objectif est de mieux encadrer les pratiques des commerçants en ligne, de renforcer la transparence et de protéger les consommateurs. Permis obligatoires, coordonnées vérifiables, traçabilité : les nouvelles règles devraient mettre fin à certaines dérives. Le texte est attendu au Conseil des ministres dans les prochains jours », déclare le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen.

Maximum mark-up 

Selon des informations fiables, le ministère du Commerce compte solliciter le ministère des Finances pour ajuster le mécanisme du « maximum mark-up », plafonnant les marges commerciales. Des baisses de prix sont attendues sur certains produits de grande consommation, notamment les légumes en conserve et les surgelés.

Depuis le 24 février, ces produits sont soumis au contrôle des prix, à la suite d’une analyse du marché menée par le ministère du Commerce. Celle-ci a révélé une inflation notable : +18,6 % sur les légumes surgelés, +3,4 % sur les conserves en 2024.

Dans une déclaration, le ministre Michael Sik Yuen assure qu’il n’existe aucun blocage, mais souligne que ces mesures nécessitent du temps. Une étude est actuellement en cours, portant à la fois sur le marché local et les circuits d’importation. La STC cherche une huile à un prix imbattable. Le ministère prévoit également une baisse de prix de la margarine et du sel de table. 

Biens de première nécessité

Dans les mois à venir, le gouvernement prévoit une série de baisses ciblées sur des biens de première nécessité. En ligne de mire : des équipements médicaux, tels que fauteuils roulants, lits d’hôpital et autres dispositifs d’assistance, dont les prix devraient être revus à la baisse. Objectif : alléger le fardeau financier des familles confrontées à la maladie ou au handicap.

Autre secteur concerné : l’automobile. Une réduction du coût des pneus est également envisagée. Ces mesures sont attendues dans le prochain cycle budgétaire.

Inflation : l’Acim et l’Apec réclament un sursaut

À l’heure où l’inflation pèse lourdement sur les ménages, les appels à une intervention plus ferme de l’État se multiplient. Jayen Chellum, secrétaire général de l’Acim, met en cause l’absence de régulation efficace, qu’il juge responsable de la flambée des prix sur certains produits. Pour lui, le précédent gouvernement a trop laissé faire, permettant aux commerçants de fixer librement leurs tarifs, souvent au détriment du consommateur.

Cette liberté tarifaire, combinée à une faible culture de comparaison chez les consommateurs, a ouvert la voie à des hausses parfois excessives, en particulier sur des produits de base non encadrés comme les légumes frais. « Aujourd’hui, quelques prix baissent, mais la tendance générale reste à la hausse », constate Jayen Chellum, tout en appelant à une régulation plus ferme sur les denrées en situation de quasi-monopole, comme le poulet, le poisson, les œufs ou encore le pain transformé vendu en grande surface.

Mais la passivité n’est pas seulement politique. Le consommateur lui-même joue, parfois malgré lui, un rôle dans cette mécanique. « Beaucoup restent attachés à leurs habitudes d’achat, sans chercher d’alternatives même quand les prix augmentent. Cette fidélité peut coûter cher », avertit Jayen Chellum.

La State Trading Corporation (STC), de son côté, rappelle que plusieurs produits essentiels sont déjà subventionnés : carburant, gaz ménager, riz ration et farine blanche. D’autres, comme le lait, l’huile ou le gros pois, sont aussi importés, mais en quantités limitées. Un élargissement de cette liste, assure-t-on, dépendrait d’une orientation politique claire.

Dans ce contexte, l’idée d’un retour à des mécanismes publics d’importation, comme ceux mis en place sous le précédent gouvernement avec la marque Smatch, refait surface. Le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen, a récemment évoqué cette piste, tout en soulignant d’autres leviers envisageables : plafonnement des marges bénéficiaires, subventions ciblées ou réduction des taxes sur certains produits de consommation courante. « Tout dépendra du Budget », précise-t-on.

Cette gestion est toutefois loin de faire l’unanimité. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), se montre plus virulent. Il dénonce l’inefficacité des structures actuelles et pointe le retard accumulé par des institutions telles que la STC ou l’Agricultural Marketing Board (AMB). « Ces organismes sont dépassés. Ils ne répondent plus aux réalités du marché, ni aux attentes des consommateurs », tranche-t-il.

Selon lui, une réforme en profondeur s’impose. Il plaide pour une refonte structurelle et stratégique de ces entités, estimant qu’une telle démarche nécessite un véritable courage politique. « Repenser leur mode de fonctionnement n’est pas une option, mais une nécessité », insiste-t-il.

 

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