Economie

Consommation: le dollar prend l’ascenseur, attention à la hausse des prix

Stockage de produits pétroliers à Roche-Bois. Le cours mondial du baril de pétrole est passé au-dessus de 50 dollars.
La roupie perd du terrain face au dollar américain. La situation se corse-t-elle pour l’économie mauricienne et pour le consommateur ? Tout porte à le croire. En un mois, la roupie s’est dépréciée de 2 % face au billet vert. Selon les données compilées par la Banque de Maurice, le 3 mai, pour acheter un dollar américain, il fallait débourser Rs 35,89. Le vendredi 3 juin, on devait débourser Rs 36,51. Certes, ce n’est qu’une différence de 62 sous. Mais jusqu’à la fin de l’année, le glissement devrait se maintenir. Maurice est un importateur net de nourriture, produits de consommation et pétroliers. Au premier trimestre 2016 (janvier à mars), le déficit commercial a été de Rs 16,3 milliards. La majorité des factures à l’importation est libellée en dollars. Donc, avec un dollar à la hausse, la facture grimpera. Pour le panier de consommation, bonjour les dégâts. « Le dollar s’est apprécié contre un panier important de devises le mois écoulé, explique un économiste et analyste financier, sous  couvert de l’anonymat. Il existe de forts risques que la roupie dégringole davantage dans un proche avenir. L’impact sera visible au niveau des factures d’importation. Le consommateur sera appelé à payer davantage pour les mêmes produits importés. »

Traité fiscal

Qui plus est, Maurice, importateur net de produits pétroliers, est à la merci des fluctuations mondiales. Le prix du baril de pétrole est à nouveau supérieur à 50 dollars. Avec un dollar fort, la State Trading Corporation déboursera plus pour ses importations. À un moment donné, les prix augmenteront à la pompe. Selon notre interlocuteur, il n’y a pas que les tendances mondiales. La révision du traité fiscal entre Maurice et la Grande péninsule aura une incidence sur les finances du pays. Une telle situation fragiliserait davantage la roupie. « Le nouvel accord fiscal entre l’Inde et Maurice entraînera, dans une certaine mesure, le retrait des fonds d’investissement de notre centre financier. Ces départs, difficiles à quantifier à ce jour, se traduiront par un transfert de devises étrangères vers d’autres juridictions. Le compte courant du pays est déficitaire de plus de 5 % du PIB. Il est aujourd’hui financé par le flux de capitaux qui alimentent l’offshore. Avec une remontée du prix du pétrole, la note risque d’être plus salée. » En 2016, le déficit commercial est estimé à Rs 76 milliards par Statistics Mauritius. C’est la différence entre ce que Maurice exporte et ce que Maurice achète de l’étranger. Au fil des ans, les Mauriciens ont délaissé la production locale – surtout dans le domaine agricole – pour s’approvisionner auprès de la Chine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore l’Inde. « Tout cela nous ramène à un constat qui devrait interpeller nos décideurs. Les Mauriciens ont pris la mauvaise habitude de consommer plus qu’ils n’en produisent. Cette tendance sera difficile à renverser du jour au lendemain », affirme l’économiste.
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