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Conférence sur les addictions à Balaclava : les moyens de s’en sortir existent

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Sexe, alcool, jeux de hasard et drogues peuvent être des sources d’addictions. Les professionnels aborderont les possibilités de sortir de la dépendance lors d’une conférence de trois jours.

«Bringing hope to those struggling with drugs, sex and gambling addictions ». C’est le thème d’une conférence de trois jours. Elle débute ce lundi 1er juillet à l’hôtel Intercontinental, à Balaclava, pour prendre fin mercredi.

Quelque 200 participants seront présents à cet événement organisé par l’ONG Beacon of Hope du père Jocelyn Grégoire en collaboration avec Le Défi Media Group. La conférence sur les addictions bénéficie aussi de la collaboration de la School of Education de l’Université Duquesne de Pittsburgh, aux États-Unis. Elle réunit des professionnels et para-professionnels de la santé et de l’éducation.

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Père Jocelyn Grégoire.

Selon le père Jocelyn Grégoire, Beacon of Hope, formée en mars dernier, a pour mission de faire renaître l’espoir chez les Mauriciens par le biais de services sociaux, éducatifs et spirituels. Pour ce faire, elle organise des formations, des conférences et des ateliers de travail dans divers domaines liés au développement social et personnel de l’individu. L’ONG facilite également la coopération et la mise en réseau des institutions académiques locales et internationales concernant la recherche afin d’améliorer la qualité de vie des Mauriciens.

« Les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité avec des conséquences délétères. Celles qui sont visibles sont l’alcool et la drogue. Les plus cachées sont celles liées au sexe et aux jeux de hasard. On ne doit pas juger les victimes, mais les aider à s’en sortir », explique le père Jocelyn Grégoire.  Cette conférence, selon lui, servira aussi de plateforme pour un échange d’idées entre professionnels et universitaires pour la mise en place de structures adéquates proposant des thérapies comportementales et cognitives pour mieux encadrer les victimes des addictions à Maurice.

Les intervenants américains seront le Dr David Delmonico pour les addictions sexuelles, le Dr. James K. Matta pour les addictions liées aux substances et Jody Bechtold pour celles liées aux jeux. Le Dr Thomas Workman parlera, lui, de la neuroscience par vidéo-conférence. Dr Christin Jungers et Dr Bill Casile seront, eux, les Peer Reviewers qui veilleront à ce que les interventions, présentations de travaux de recherche et ateliers de travail restent dans le thème de la conférence. Il est à noter qu’une trentaine de personnes des États-Unis participent à l’événement.


Témoignage

Cela fait 10 ans qu’elle n’a plus touché à une bouteille d’alcool. Armine H., 56 ans, se rappelle de sa dernière fois. « Je suis rentrée à la maison, j’avais beaucoup bu. Je me suis endormie dans le salon. Ma mère s’occupait de ma fille de 8 ans. Quand je me suis réveillée, il n’y avait personne à la maison. Ma fille avait été transportée d’urgence à l’hôpital, prise de convulsions et admise en soins intensifs. La voisine m’a expliqué que tout le monde avait tenté de me réveiller, mais en vain. Cela a été le déclic », raconte-t-elle. La fille vient de souffler ses 18 bougies

Cependant, la tentation était grande. « Ma fille avait passé plus de trois semaines à l’hôpital. Je devais tous les jours me rendre à son chevet. Comme j’avais peur de rater les heures de visite, j’avais mis l’alcool de côté. Puis, je me suis rendu compte que, mine de rien, je n’avais pas bu pendant trois semaines », explique Armine. Elle a accepté l’idée d’aller voir une thérapeute en compagnie d’un proche. « Nous avons eu droit à une thérapie de famille et individuelle et cela nous a beaucoup aidés ».

Armine ajoute qu’elle a sombré dans l’enfer de l’alcool quand son mari a déserté le toit conjugal. « Je ne pouvais pas accepter cette rupture. Je buvais occasionnellement et je ne me suis pas rendue compte à quel moment j’ai basculé de l’autre côté ».


Étoile d’Espérance : reconnaître ses faiblesses

Micaëlla ClémentMicaëlla Clément indique qu’il y a plusieurs facteurs qui poussent vers la dépendance. « La déprime, l’inactivité des jeunes, le manque d’intérêt par rapport aux valeurs d’antan ou le matérialisme font que les addictions ont pris de l’ampleur à Maurice. Nous avons tout récemment commémoré la Journée internationale de la lutte contre les drogues et je peux dire qu’il y a une recrudescence des addictions à Maurice, que ce soit par rapport aux différents types de drogues mais aussi l’alcool », explique la directrice de l’association Etoile d’Espérance.

L’association s’occupe des femmes dépendantes de l’alcool. Micaëlla Clément souligne que la solution réside dans le choix, la décision de dire non. Toutefois, Micaëlla Clément est d’avis qu’on ne peut pas s’en sortir seul. « C’est difficile, parce que tout autour de nous, on ne nous encourage pas à aller vers l’abstinence. L’individu doit chercher secours dans des centres de réhabilitation qui l’aideront » indique-t-elle.


Addiction aux drogues - Danny Philippe : «27 enfants admis à Brown-Séquard depuis juin 2016»

dannyLe travailleur social explique qu’il n’y a aucun sondage officiel du gouvernement pour déterminer la tranche d’âge la plus affectée par la dépendance aux drogues. « Mais selon le constat des associations et des ONG, ce sont les jeunes de 15 à 24 ans qui sont les plus touchés. Il n’y a jamais eu d’enquête sur la prévalence des drogues en circulation » explique Danny Philippe. Si on se fie au National Drug Observatory, de juin 2016 à ce jour, 27 enfants de 10 à 14 ans ont été admis à l’hôpital Brown-Séquard pour des problèmes liés à la drogue. Ces chiffres sont alarmants », lâche-t-il. « Il n’y a pas de programme national de sensibilisation à ce jour. Un ‘Drug Master Plan’ serait le bienvenu pour trouver une solution, sachant que les drogues continuent à gagner du terrain ».

Plusieurs facteurs mis en cause

En ce qui concerne l’addiction aux drogues, cela dépend du patient. « Certains se sont retrouvés dans une situation compliquée à un moment de leur vie. D’autres sont tombés dans une consommation problématique et la situation étant légèrement plus complexe à gérer. Toutefois, ce ne sont pas les drogues qui font que la personne devienne plus accro. Cela dépend de sa physionomie, de son poids, de son mode de vie, de son sexe mais aussi de son entourage », dit-il.

Danny Philippe précise qu’il y a moyen de s’en sortir avec de la volonté. « Il y a des centres pour ceux qui veulent s’en sortir. Il y a également un centre gouvernemental dédié aux jeunes ».


Addiction sexuelle - Sadasiven Coopoosamy : «Tout ce qui compte pour lui, c’est l’acte sexuel»

sadasivenLe psychologue Sadasiven Coopoosamy fait état de son expérience auprès de ses patients afin de mieux comprendre l’addiction sexuelle. Il explique que celui ou celle qui a une telle dépendance à une sexualité débordante. « La majorité des individus ont une sexualité modérée, d’autres une sexualité très faible. Le dépendant sexuel a, lui, un besoin constant de sexe. Son état ne lui permet pas de résister à ses pulsions », soutient Sadasiven Coopoosamy.
Le psychologue ajoute que tout commence avec un désir, puis cela se transforme en un besoin qui le pousse à graduellement perdre le contrôle de la situation. Tout ce qui compte pour lui, c’est l’acte sexuel.

Sadasiven Coopoosamy soutient que la dépendance sexuelle, contrairement à la dépendance aux drogues, fait partie de la vie de la personne.

« Il vit avec. Le sujet ne s’intéresse pas ou il ne s’intéresse que très peu aux films pornographiques. Il fabrique lui-même ses propres scénarios. Les moyens de s’en sortir existent, mais il est important que le sujet en ressente le besoin».


Addiction aux jeux - Dr Ameenah Sorefan : «Toute dépendance nuit…»

ameenahLa Dr Ameenah Sorefan, chef de service au Brown-Séquard Mental Health Care Centre évoque la dépendance aux jeux. Elle assure qu’il y a des moyens de s’en sortir.

« Tout comme les autres addictions, la personne commence petit à petit à s’intéresser au jeu. Elle débute avec des petits jeux, éprouve un plaisir, qui va grandir, tout comme la dépendance à la drogue ou à l’alcool. » Elle explique que la personne joue, rejoue, développe de la tolérance et se dit que si elle ne joue pas, elle ne va pas se sentir bien.

Dr Sorefan ajoute : « Toute dépendance nuit. La personne devient incontrôlable, pense au jeu dès le réveil. Dans sa tête, elle se dit qu’elle va gagner et ne va pas penser aux méfaits. »

Le combat pour s’en sortir est difficile, mais pas impossible, rassure-t-elle. « C’est très difficile de s’en sortir. Comme toute addiction, cela prend du temps, mais c’est possible. Quand la personne a tout perdu, elle sombre dans la déprime, est anxieuse et a toujours besoin de chercher de l’argent. Son entourage souffre tout comme elle », ajoute la chef de service.

Dr Sorefan ajoute que le dialogue est nécessaire. « Nous avons tendance à tout mettre sous le tapis par peur des représailles, mais prendre des décisions tôt est un avantage. Le plus grand remède, c’est le traitement psychosocial, la motivation et l’encadrement. Sortir d’une dépendance seule, c’est impossible. »


3 questions à ….Veediasha Bekaroo,  psychologue : «Consultez un professionnel»

veediashaComment définissez-vous l’addiction ? Sous quelles formes existent-elles ?
La dépendance est le terme donné à un comportement qui entraîne des conséquences négatives pour l’individu. La plupart des gens pensent que la toxicomanie ne concerne que les personnes qui ont un besoin compulsif d’une substance particulière, comme la drogue ou l’alcool. Cependant, en réalité, il est possible de devenir accro à presque n’importe quoi. Dans de tels cas, une personne continue à faire quelque chose bien qu’elle sache que cela aura un impact négatif sur sa vie. Il existe deux types de dépendance qui sont la toxicomanie, qui implique l’abus de drogues illégales, et la dépendance comportementale qui n’implique aucune substance qui pousse une personne à devenir accro à un comportement destructeur.

Récemment, nous avons témoigné d’une autre dépendance qui affecte négativement tous les domaines de la vie d’un individu : la dépendance au Smartphone. Cela concerne tous les groupes d’âge, des enfants de trois ans à l’adulte. Les enfants sont toujours scotchés au Smartphone à jouer ou sur les réseaux sociaux. Ce qui entraîne une baisse dans les performances scolaires, une faible concentration et cela nuit aux relations à la maison.

Quels sont les dangers de l’addiction ?
Chaque addiction a ses symptômes. Par exemple, l’alcool affecte tout le monde, mais de différentes façons. La gravité de la maladie, la fréquence à laquelle une personne boit et l’alcool qu’elle consomme varient. Certains boivent beaucoup toute la journée, tandis que d’autres consomment de l’alcool et restent sobres pendant un moment. Un dépendant ne peut rester sobre pendant une période prolongée.

Les médicaments sont des produits chimiques qui affectent le corps et le cerveau. Différents médicaments peuvent avoir différents effets. Certains effets ont des conséquences à long terme (ou permanentes) sur la santé. Cela peut continuer même si la personne ne le consomme plus.

Par ailleurs, une personne peut prendre des drogues de différentes manières, notamment par injection, par inhalation et par ingestion. Les effets sur l’organisme peuvent dépendre de la manière dont le médicament est administré. Par exemple, l’injection de drogues directement dans le sang a un impact immédiat, tandis que l’ingestion a un effet retardé.

Comment s’en sortir ?
Il y a différents traitements, thérapies. La désintoxication est souvent la première étape dans le traitement des personnes qui se remettent de formes de dépendance modérées à sévères. Par la suite, la thérapie  comportementale cognitive est utilisée pour aider les personnes en convalescence à découvrir des pensées ou des sentiments problématiques qui pourraient compromettre leur sobriété ou contribuer à une rechute. Quant à la thérapie d’amélioration de la motivation, elle est utilisée pour aider les personnes en convalescence à apprendre à changer les pensées et les comportements négatifs liés à leurs dépendances.

Il existe d’autres thérapies : la thérapie comportementale dialectique, la thérapie psycho-dynamique ou la thérapie holistique. Cela dépend du niveau de dépendance et des autres problèmes de santé mentale de la personne.

Nous avons un autre traitement connu sous le nom de programme de rétablissement en 12 étapes qui fournit un cadre structuré pour résoudre les problèmes de dépendance comportementale tout en bénéficiant du soutien de personnes ayant vécu des expériences similaires. Il est  conseillé de consulter un professionnel qui pourra mieux vous orienter vers un traitement approprié.

 

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