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Cherté de la vie : un élan de solidarité se dessine dans le secteur privé 

Business Mauritius est venu avec le projet Moris Solider.
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Si auparavant, il y avait quelques compagnies du privé qui tendaient la main à ceux dans la détresse, aujourd’hui cette tendance s’accentue. En effet, un plus grand nombre d’entreprises se joint à cet élan de solidarité en cette période où avec la cherté de la vie, plusieurs familles peinent à joindre les deux bouts. 

Avec la flambée des prix, plusieurs familles éprouvent des difficultés à faire bouillir la marmite, s’acquitter des factures et d’autres dépenses. La souffrance hante ceux qui vivent dans la précarité et aussi ceux qui s’appauvrissent davantage avec la récente cascade d’augmentations. Face aux doléances de ces personnes, le gros capital est venu à la rescousse. Désormais, plusieurs compagnies apportent leur soutien aux familles affligées par la baisse de pouvoir d’achat.

Kevin Ramkaloan.
Kevin Ramkaloan.

Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, indique que le soutien aux démunis s’inscrit dans la lignée de l'Inclusive Development Guideline, sous le pacte « SigneNatir  » lancé en 2020. « Notre budget mémo comprend un chapitre avec des mesures sur l’inclusion et un soutien aux familles », explique notre interlocuteur. 

L'objectif de ce document préparé par Business Mauritius est d'aider les entreprises à s'engager davantage et à être une force motrice dans la réduction de la pauvreté et le développement inclusif. « L'objectif est d'inspirer les chefs d'entreprise dans leur démarche d'implication communautaire de manière pragmatique, de simplifier la conduite de changements impactant par des actions concrètes et de permettre la consolidation des actions », précise-t-on. 

Il est aussi à faire ressortir que le maître-mot est la solidarité envers les plus démunis au sein de la communauté des affaires. Business Mauritius est venu avec le projet Moris Solider avec la participation de producteurs locaux pour avoir des commodités de base à moindre coût  et aider les familles qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois en leur offrant des bons d’achat de Rs 1 000 à Rs 1 500. Un réseau des familles dans le besoin sera disponible entre les entreprises. 

Mario Radegonde.
Mario Radegonde.

Mario Radegonde, Head of CSR pour le groupe ENL, explique, lui, que la société est engagée dans un programme de soutien aux familles les plus vulnérables des régions là où se trouvent ses entreprises, via le programme de CSR mis en œuvre par ENL Foundation.  « Le but étant, à travers une approche de développement communautaire, d’aider ces communautés d’atteindre une autonomie financière. On veut aussi les responsabiliser face à l'expansion de leur quartier, l’épanouissement des jeunes et des moins jeunes et leur développement personnel », affirme-t-il.

Il poursuit que les programmes mis en place couvrent les thématiques  telles que l’employabilité, l’éducation et le développement personnel des individus, la microentreprise, l’art & la culture et l’autosuffisance alimentaire, entre autres. À noter que 700 à 800 familles en sont les bénéficiaires directs. 

Mario Radegonde soutient que c’est dans les moments de détresse ou de calamité que les Mauriciens, en général, ont toujours manifesté leur solidarité et générosité. «Les épisodes qui me viennent en tête sont le naufrage du Wakashio et le flash flood de mars 2012.  Je ne suis nullement étonné de constater cet élan de solidarité qui se dessine au sein du secteur privé et même public. Je salue les initiatives qui viennent s’ajouter à celles des grands groupes tels que ENL qui ont toujours été présents sur la scène sociale à Maurice, et qui œuvrent pour un développement inclusif par le biais de leur fondation », indique le Head of CSR. 

Il rappelle, par ailleurs, que le groupe ENL, conjointement avec ses salariés, a mis en place un fonds de solidarité dans le sillage de la Covid-19. À ce jour, plus de 500 personnes impactées par la pandémie sont concernées.

Edley Maurer Edley Maurer : « Les entreprises qui souhaitent aider peuvent créer des emplois »

Le travailleur social, Edley Maurer, explique que faire du social et accompagner les familles dans le besoin requiert du « professionnalisme  ». « Une formation spéciale est de rigueur pour accompagner les familles dans la marge de la pauvreté. Il ne suffit pas de détenir un diplôme en social work. Quand des entreprises prétendent aider les plus démunis, je me pose plusieurs questions. Est-ce leur rôle ? N’y a-t-il pas des ONG spécialisées qui se sentent inutiles ? » s’interroge le travailleur social. Ce dernier souligne que des entreprises créent leur propre fondation sans pour autant avoir l’expertise nécessaire. 
Pour lui, aider les personnes nécessite des projets individualisés. Il pense aussi que la création d’emplois est importante. « Les entreprises qui souhaitent aider peuvent créer des emplois et offrir des formations. C’est quand une personne a un emploi que c’est plus facile de sortir de la pauvreté. Au lieu de se pencher sur des solutions à court terme, les grands architectes du développement économique doivent penser sur le long terme », conseille-t-il.

rajen suntooRajen Suntoo : « C’est leur devoir moral d’aider »

Le sociologue Rajen Suntoo pense que ce n’est pas uniquement le devoir du gouvernement de venir en aide aux plus démunis de la société. « Tout un chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, de même que les entreprises du privé. C’est leur devoir moral d’aider ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Si on met ce combat que sur le dos du gouvernement, ce sera difficile », pense-t-il. 
Le sociologue est d’avis que c’est facile de gagner le combat contre la pauvreté absolue. « Nous avons une population de 1,2 million et il y a un pourcentage dans la pauvreté absolue et la pauvreté relative. Si nou tou maryer piker nou pou ariv a bout de ca problem la », est-il d’avis. 
Il précise que chaque maillon, du gouvernement au secteur privé en passant par les ONG, a un rôle à jouer. « La solidarité doit primer sur toute chose. Il y a des compagnies qui font des profits de plusieurs millions de roupies. Elles peuvent facilement aider. Il faut que cette culture se développe. Il faut aussi un suivi, car ce combat est de longue haleine », fait-il remarquer.

Saajidah dauhooDistribution équitable

La présidente de SOS Poverty, Saajidah Dauhoo, concède qu’il y a des entreprises qui aident depuis des années et que d’autres s’ajoutent à cet élan de solidarité. Le seul hic concerne la distribution. « Il faut une distribution équitable de ces fonds. Cela ne doit pas aller qu’à certains quartiers ou aux personnes d’un groupe », indique-t-elle.

Notre interlocutrice souligne que tous doivent mettre la main à la pâte. « On doit venir avec une feuille de route avec les différents quartiers et poches de pauvreté. Cela facilitera la distribution des fonds », recommande Saajidah Dauhoo qui précise que des entreprises dépensent beaucoup plus en CSR que le quantum fixé par la Mauritius Revenue Authority.

 

Juliette François-AssonneMCB : Aider les plus vulnérables sur la durée devient difficile 

Juliette François-Assonne est la CSR Administrator de la MCB Forward Foundation. Selon elle, c’est dans l’ADN des Mauriciens d’être présents pour les gens en détresse. Cependant, elle concède qu’aujourd’hui la situation devient « alarmante » avec la flambée des prix, surtout pour ceux qui n’ont pas un emploi fixe et qui touchent un salaire insuffisant. « Ces personnes ne peuvent pas faire face à la cherté de la vie et ont besoin d'aide. Pour nous, aider c’est une chose, mais à quel point sera-t-il soutenable de le faire ? » s’interroge-t-elle. Selon elle, il y a une différence entre aider ponctuellement et à long terme afin de ne pas créer de codépendance. 

La MCB Forward Foundation, indique-t-elle, a quatre académies de football à Maurice et à Rodrigues, ce qui permet de cerner les problèmes auxquels font face les familles. « Nous essayons d’aider les personnes en leur offrant des formations afin qu’elles puissent travailler ou négocier un meilleur salaire. Cependant, ces familles doivent aussi apporter leurs contributions, c’est-à-dire azout zot boute. Il sera difficile pour  le secteur privé, qu’on le veuille ou non, de les soutenir pendant de longues années. C’est pour cela que nous essayons de faire comprendre aux gens qu’ils sont les protagonistes de leur futur. Notre rôle est de les aider à devenir autonomes  », déclare Juliette François-Assonne. Cette dernière évoque une boutique solidaire qui sera mise en place à Camp-Levieux avec l’apport des hypermarchés pour venir en aide aux familles en détresse. 
 

  • LDMG

 

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