Live News

Au Cœur de l’Info - Pauvreté à Maurice : des réponses encore fragiles

Les invités sur le plateau de l’émission, Sabrina Puddoo, Patricia Adèle-Félicité et Edley Maurer.

Selon le Poverty Analysis Report 2023, 8,4 % des Mauriciens, soit 101 900 personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. Des acteurs de terrain appellent à des solutions globales, mieux structurées et adaptées à cette réalité complexe.

Publicité

Selon le Poverty Analysis Report 2023, 8,4 % de la population mauricienne, soit environ 101 900 personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. Une statistique alarmante qui soulève plusieurs questions : quelles actions concrètes sont mises en œuvre pour leur venir en aide ? Les dispositifs d’accompagnement sont-ils réellement efficaces ? Quelle est la situation sur le terrain ? Et surtout, notre système de soutien aux familles vulnérables est-il suffisamment structuré et adapté ?

La lutte contre la pauvreté était au cœur des discussions de l’émission « Au Cœur de l’Info », diffusée lundi sur Radio Plus et animée par Patrick Hilbert. Plusieurs invités sont venus analyser les multiples facettes de cette problématique sociale, ainsi que les pistes de solutions envisageables.

Durant les deux heures d’émission, les intervenants ont tenté de répondre à ces interrogations en apportant leur éclairage et leur expérience du terrain. Pour Sabrina Puddoo, cheffe des services chez Lovebridge Ltd, il faut avant tout reconnaître que la pauvreté est un phénomène persistant. « La pauvreté, c’est comme la drogue : elle a toujours existé, elle existe encore, et elle existera toujours », a-t-elle affirmé.

Selon elle, cette réalité ne peut être abordée uniquement sous l’angle économique. Elle explique : « La pauvreté est une problématique multidimensionnelle. Il faut considérer l’histoire de Maurice, marquée par la marginalisation des minorités. On parle ici de pauvreté économique, mais aussi culturelle et psychologique. » Elle souligne qu’il est difficile de rompre le cycle intergénérationnel de la pauvreté sans tenir compte de l’ensemble de ces facteurs.

Certaines dimensions de la pauvreté sont visibles et frappantes, mais d’autres restent méconnues, comme l’a fait ressortir Patricia Adèle-Félicité, secrétaire générale de Caritas Maurice. « Une étude menée par ATD Quart Monde auprès de familles vivant dans la pauvreté a révélé l’existence de nombreuses dimensions cachées. Par exemple, certains vivent des traumatismes profonds et des situations de maltraitance qu’on ne perçoit pas toujours de l’extérieur. Le profil des personnes en situation de pauvreté peut évoluer, mais cette dernière persiste et doit être abordée de manière plus globale et intégrée », a-t-elle affirmé. En outre, elle estime que l’impact la drogue sur la pauvreté doit également être pris en considération.

Un état des lieux

Edley Maurer, coordinateur de Safire, partage ce constat et estime que la pauvreté doit être analysée dans toute sa complexité. « Il est essentiel de comprendre d’où l’on vient. Depuis l’indépendance, certaines familles peinent toujours à progresser, alors même que Maurice est souvent perçu comme un pays relativement développé sur le continent africain. Il est temps de faire un véritable bilan : identifier ce qui a été accompli, ce qui n’a pas fonctionné, et réfléchir aux moyens d’aller de l’avant », a-t-il souligné.

Contacté par téléphone, Arshad Joomun, directeur de l’association M-Kids, a indiqué que la situation évolue d’année en année. « Il y a des familles qui traversent de grandes difficultés, mais on observe aussi des améliorations chez d’autres », a-t-il fait remarquer. Il a, néanmoins, attiré l’attention sur l’impact croissant de la cherté de la vie, en particulier pour les personnes déjà en situation de vulnérabilité. « Face à cette réalité, une intervention du gouvernement est indispensable pour soulager ces familles. Nous lançons un appel pour que la prime sociale ne soit pas supprimée dans le prochain Budget. Ce soutien est primordial, car il permet aux ONG de continuer à accompagner ceux qui en ont le plus besoin », a-t-il plaidé.

Intervenu en fin d’émission, Armoogum Parsuramen, président de la Global Rainbow Foundation, a souligné la nécessité d’un véritable état des lieux. Il a expliqué : « Nous devons disposer d’un tableau clair de la situation : la pauvreté a-t-elle reculé ou au contraire augmenté ? Pour cela, la collaboration des institutions locales et internationales est essentielle. Tout doit être documenté. Les solutions à mettre en œuvre doivent s’appuyer sur des rapports précis, afin d’être adaptées aux problématiques spécifiques identifiées. »

• Cette retranscription n’est qu’une partie de l’émission, d’une durée de deux heures. Elle est à voir sur les plateformes de Défi Media et la chaîne YouTube de Téléplus.

  • Salon de l'Alimentation et du Bien-être

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !