
Trois ans après les accusations de Sherry Singh concernant un possible « sniffing » du trafic Internet via le câble SAFE, aucune arrestation n’a encore été effectuée. Si 23 personnes ont été interrogées, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, promet désormais de relancer l’enquête sous l’égide de la future National Crime Agency.
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L’affaire de présumé espionnage des communications Internet à Maurice prendra-t-elle un nouveau tournant, trois ans après les premières allégations ? C’est ce qui semble se profiler avec la décision annoncée le mardi 15 avril 2025 par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, de confier l’enquête à la future National Crime Agency qui est en cours de création.
« Elle fera appel à des enquêteurs étrangers pour faire toute la lumière sur ce type d’affaire à haute portée », a-t-il précisé à l’Assemblée nationale, alors qu’il répondait à une question du député Raviraj Beechook, deuxième membre pour Flacq/Bon-Accueil.
La déclaration du chef du gouvernement intervient trois ans après les révélations fracassantes de l’ancien Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom, Sherry Singh, sur de possibles actes de surveillance illégale du trafic Internet à Maurice. Une enquête policière avait même été ouverte.
Or, à ce jour, aucune arrestation n’a encore eu lieu, a déploré Navin Ramgoolam. Il a été formel mardi : « Au 10 avril 2025, aucune personne n’a été arrêtée dans le cadre de ces affaires. » Il a toutefois fait ressortir que 23 personnes ont été interrogées entre le 11 juillet 2022 et le 3 février 2025 et que leurs déclarations ont été enregistrées dans le cadre de l’enquête menée par le Central Criminal Investigation Department.
Pour mémoire, cette controverse avait éclaté le 1er juillet 2022. Lors d’une intervention en direct sur Radio Plus dans l’émission « Au Cœur de l’Info », Sherry Singh avait dénoncé qu’une équipe étrangère avait reçu l’autorisation d’intervenir sur le câble SAFE. Ce dernier, connectant l’île à l’Internet mondial, se trouve au niveau de la Landing Station de Baie-de-Jacotet.
Selon l’ancien CEO dirigeant de Mauritius Telecom, ces manipulations constituaient potentiellement une menace pour la sécurité nationale et une violation des libertés fondamentales garanties par la Constitution. Le Premier ministre a souligné que ces « allégations graves » ont causé un « préjudice considérable à l’image de Mauritius Telecom », propriétaire de la station, ainsi qu’à la réputation de Maurice sur la scène locale et internationale.
Il a également confirmé qu’une plainte pour « diffusion de fausses nouvelles » avait été déposée le 11 juillet 2022 contre Sherry Singh par Pravind Jugnauth, Premier ministre de l’époque. Ce dernier a toujours réfuté avoir autorisé de telles interventions par une entité étrangère. En tout, cinq plaintes liées à cette affaire ont été enregistrées, toutes portant sur des faits et circonstances similaires, d’après Navin Ramgoolam.
Faisant le constat de l’inaction passée, il a dressé ce constat : « Étonnamment, personne dans le passé n’a eu la volonté d’aller au fond de cette affaire. » Tandis que l’incertitude persiste quant à l’existence réelle de dispositifs de surveillance illégale sur les infrastructures sensibles de télécommunications, le gouvernement semble déterminé à relancer l’enquête sur de nouvelles bases.

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