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Wakill Lalloo: «J’ai beaucoup appris de Paul Bérenger»

Pour Wakill Lalloo, le vrai combat syndical exige de la discipline, de la patience, la sincérité et surtout la volonté d’apprendre de la lutte des anciens.
Son bureau à Grande-Rivière ne désemplit pas. Tous les jours, Wakill Lalloo reçoit des  travailleurs, surtout ceux de l’industrie du transport, qui  le rencontre  pour se plaindre des problèmes de relations industrielles qu’ils ont eus sur leur site de travail. Quand nous l’avons rencontré, le matin du mercredi 13 janvier, un  receveur de l’United Bus Service était  dans son bureau. Ce dernier s’est fait licencier pour une erreur sur un ticket. Wakill Lalloo, le négociateur syndical à l’Union of Bus Industry Workers (UBIW) l’écoute attentivement. Il promet de lui venir en aide. « Missie Wakill mo ti kone mo kapav kont lor ou », lui dit le jeune homme en quittant son bureau. Se tournant vers nous, le syndicaliste nous parle de l’importance de la capacité d’écoute. « Pran la penn ekout  sinserma  problem enn dimun ek ou finn deza  resoud la mwatye so problem », philosophe-t-il. C’est en 1978 que Wakill Lalloo  se joint à  l’UBIW. Il est alors receveur à l’United Bus Service. À cette époque, se remémore-t-il, les conditions de travail étaient difficiles. « À l’époque, j’étais ‘relief’. Parfois, je travaillais deux fois par semaine ». Il ne reçoit que Rs 22.84 pour quatre heures de travail. Pour joindre les deux bouts, il travaille tantôt comme maçon, tantôt comme marchand ambulant. Il jette alors son dévolu dans le combat syndical. Il est encouragé par un certain Balram Ramsahye, qui était à l’époque un membre très actif de l’UBIW. Il était aussi, à cette époque, un activiste du MMM.

Combat syndical

En 1980, Wakill Lalloo est élu membre de l’exécutif du syndicat. Il va occuper plusieurs postes de responsabilités, dont la présidence  pendant plusieurs années. Il se réjouit, dit-il, d’avoir côtoyé des syndicalistes de la trempe de Paul Bérenger, Aurélie Perrine, Farook Auchoybar et Toolsiraj Benydin. « Ils m’ont beaucoup appris », dit-il. Il pense surtout à Paul Bérenger avec qui il a appris les techniques de négociations. Pour Wakill Lalloo, la grève d’août 1979 est toujours vivante dans sa mémoire. « C’est difficile d’oublier la grève de la faim des militants  syndicaux de la General Workers Federation, dont Paul Bérenger,  Ignace Rayapen, Mario Flore, Farook Auchoybar Gérard Nina, Alain Laridon et Ram  Seegobin au Jardin de la Compagnie ». Il ne peut oublier, dit-il, la grande mobilisation des travailleurs du pays bravant même la répression policière. Il est d’autant plus reconnaissant envers Paul Bérenger, avec qui  il a maintenu de bonnes relations et qui  continue à lui prodiguer des conseils dans les moments difficiles. Le syndicaliste avoue que cette grève lui a  laissé un goût amer dans la bouche. « Je suis triste que les recommandations du rapport Mohamedbhai n’aient jamais été mises à exécution, car il y avait des conditions très favorables pour les travailleurs de l’industrie du transport », fait-il remarquer. Wakill Lalloo se souvient aussi d’une manifestation menée par son syndicat en 1999 pour protester contre une augmentation de 1 000 % des contraventions.  D’où une levée de boucliers des chauffeurs d’autobus. Il parle de son arrestation par la police et de son emprisonnement pendant une quinzaine de jours. « J’ai passé mon anniversaire de 40 ans en prison », se remémore-t-il. Un autre événement qui l’a marqué, affirme-t-il, est la grève des  chauffeurs et receveurs de la Corporation nationale de transport en  2013. Au cours de notre entretien, le syndicaliste nous parle aussi de son licenciement en 1999   par l’UBS après une vingtaine d’années de service. Il attaquera en justice la compagnie à la cour industrielle et obtient une forte indemnisation. C’est à partir de cette date qu’il va devenir un cadre permanent à l’UBIW. Parmi ses responsabilités, il prépare tous les dossiers en vue de négociations collectives et pour des affaires devant la cour industrielle. Pour Wakill Lalloo, le vrai combat syndical exige de la discipline, de la patience, la sincérité et surtout la volonté d’apprendre de la lutte des anciens. Il avance qu’il a refusé plusieurs nominations, car il estime que sa place est aux côtés des travailleurs.  Il se plaint des jeunes syndicalistes qui, dit-il, se prennent pour des « missie konn tou ».
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