Le Mauricien consomme en moyenne 75,9 kilos de légumes par an. Pas étonnant qu’une partie du budget des ménages s’envole avec le coût de ces denrées qui a sensiblement grimpé cette année. Or, il est possible de réaliser des économies en cultivant des légumes dans des bacs, un jardin ou encore sur son toit. Comment s’y prendre ? Combien ça coûte ? Et combien d’économies pouvez-vous réaliser ? Voici quelques pistes.
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Prévoir de l’espace
La première chose à prévoir lorsqu'on veut avoir son propre potager, c’est l’espace où planter. Si vous n’avez pas vraiment de place dans votre cour, pas de panique. « Vous pouvez cultiver des légumes sur votre toit, dans des bacs (en vente à partir de Rs 125), des roues des voitures usées ou encore des bouteilles en plastique », fait ressortir Eric Mungur, agronome et porte-parole du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire. Autres solutions : planter sur sa terrasse ou encore dans des petits pots directement dans sa cuisine comme le font les Japonais, recommande Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association.
Se doter des outils
Il faut aussi prévoir une pioche, un râteau, une fourchette, un arrosoir, un panier ou encore une brouette. Vous pouvez acheter ces outils en quincailleries ou en grandes surfaces pour un minimum de Rs 500.
Revendre le surplus
Au cas où vous avez un surplus de légumes, vous pouvez les revendre aux maraîchers, à vos voisins ou aux consommateurs directement en aménageant un kiosque devant votre maison. « Avec un potager de 5 perches, vous pouvez facilement obtenir Rs 2 000 par mois en vendant votre surplus de légumes », indique Kreepalloo Sunghoon.
Acheter des semences et des plantules
Les semences sont en vente chez plusieurs revendeurs agréés, au marché ainsi que dans les grandes surfaces. À titre d’exemple, les semences (aubergine, carotte, betterave, chou, concombre, coriandre, céleri, courgette, haricot, mangoze, menthe, pâtisson, voème, etc) sont en vente entre Rs 12 et Rs 46 à La Pépinière de Labourdonnais. Quant aux plantules (aubergine, piment cari, betterave, chou, chou-fleur, giraumon, lalo, thym, pomme d’amour, etc), elles se vendent entre Rs 2,75 et Rs 7. « Les semences et les plantules que nous revendons sont disponibles uniquement à la pépinière. Pour les plantules, nous les recevons toutes les deux semaines et nous conseillons au client de nous appeler pour toute réservation sur le 266 95 33 », indique Aurore Chemmah, responsable des ventes à La Pépinière de Labourdonnais. Vous pouvez aussi vous procurez un pack de 5 semences à Rs 25 chez le Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire sur place à la rue La Place à Rose-Hill ou en réservant sur le 466 0271. « Il faut conserver les semences au réfrigérateur afin de maintenir leur niveau de germination », conseille Eric Mungur.
Les légumes à planter
Vous pouvez mettre en terre des plantes aromatiques (thym, menthe, queue d’ail, coriandre, queue d’oignon, etc), des légumes (bringelle, brèdes, etc) ou encore des salades. « Ce sont des produits qu’on consomme régulièrement et qui prennent moins de temps pour être récoltés », explique Kreepalloo Sunghoon. Eric Mungur conseille dans la même foulée de planter des légumes différents sur la même surface. « Ils vont ainsi se protéger mutuellement contre les insectes. Je conseille aussi aux gens de planter des haricots et du voème en ce moment. Non seulement, ce sont des légumineuses riches en protéines, mais elles aident à fertiliser la terre », explique Eric Mungur qui préconise aussi la culture du brède mouroum qui est très riche en nutriments. En sus des légumes, Kreepalloo Sunghoon recommande de cultiver des plantes médicinales (citronnelle, ayapana, tulsi, baume de Pérou, etc) car leur arôme repousse les mauvais insectes.
Le temps à consacrer
Il faut consacrer 10 à 12 heures par semaine pour entretenir son potager. « Ce sont les plantes aromatiques (queue d’oignon, thym, coriandre) qui demandent le plus d’attention de votre part », souligne Kreepalloo Sunghoon. Il faut arroser les plantes tous les jours. « Il est conseillé d’arroser les plantes pendant la journée. C’est à ce moment qu’elles sont les plus productives. Toutefois, pour ceux qui n’ont pas le temps de le faire à cette heure, ils peuvent arroser leurs légumes dans l’après-midi », avance notre interlocuteur. À savoir qu’il faut compter 4 litres d’eau par mètre carré de surface sous plantation. « Ainsi, un potager d’une superficie de 5 perches aura besoin de 800 litres d’eau par jour. L’idéal, c’est d’avoir un petit bassin ou un réservoir d’eau », fait ressortir Kreepalloo Sunghoon.
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Les économies que vous pouvez réaliser
Une famille peut économiser entre Rs 200 et Rs 250 par semaine si elle a son propre potager, indique Kreepalloo Sunghoon. Eric Mungur abonde dans le même sens. « Les économies réalisées peuvent varier entre Rs 750 et Rs 1 200 par mois », avance-t-il.
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Le temps d'attente pour la récolte
Vous pouvez commencer à récolter vos premiers légumes à partir de 30 jours. « La récolte doit se faire le matin ou l’après-midi. Il faut éviter de casser les légumes dans la journée, car c'est le moment où ils sont au meilleur de leur forme », souligne Kreepalloo Sunghoon.
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Pauline : « J’économiseRs 200 par semaine »
« Mon potager, c’est ma plus grande fierté. » C’est en ces termes que Pauline Larhubarbe, une habitante de Camp Diable, âgée de 40 ans, nous parle du potager qu’elle a créé il y a environ un an. L’idée lui est venue après qu’elle a suivi une formation sur le bio farming. « À la suite de cette formation, on m’a remis 10 bacs et tous les outils nécessaires pour cultiver des légumes. Je me suis donc lancée », explique notre interlocutrice.
Dans le potager de Pauline Larhubarbe, qui travaille comme housekeeper dans un hôtel, on retrouve plusieurs variétés de légumes : bringelle, petsaï, laitues, oignons, entre autres. « C’est un plaisir de cultiver ses propres légumes. On a à sa disposition des produits frais à portée de main », souligne-t-elle. Autre avantage : les économies qu’elle a pu réaliser.
« Auparavant, j’achetais des légumes pour un montant de Rs 300 par semaine. Avec mon potager, j’économise Rs 200 car je n’achète que les légumes que je ne produis pas », indique Pauline Larhubarbe. Par ailleurs, elle vend le surplus de légumes à ses voisins et aux maraîchers. « Cela me rapporte environ Rs 500 par mois net, hors des frais de production », fait-elle ressortir. Des revenus qui lui ont permis de payer les leçons particulières de ses enfants (Ndlr : Pauline Larhubarbe est mère de trois enfants, soit une fille et deux garçons).
Qu’en est-il de ses coûts de production ? Pauline Larhubarbe dépense Rs 500 par mois pour l’achat des semences, du fumier et pour la facture d’eau. Elle avance dans la foulée qu’il faut consacrer chaque jour du temps à son potager. « Il faut l’arroser tous les jours, le matin ou l’après-midi. J'en profite pour retourner la terre et enlever les mauvaises herbes », fait-elle ressortir. Une attention que son potager lui rend bien.
Privilégiez le compost
Il est conseillé d’utiliser du compost dans votre potager. Comptez entre Rs 200 et Rs 300 pour un sachet de compost organique de 25 kg. Vous pouvez aussi faire votre propre compost. Eric Mungur nous dévoile les diverses étapes.
Prenez une barrique et faite un trou à l’intérieur.
Déposez des brindilles au fond. Ajoutez-y 10 à 15 pouces de déchets de cuisine. Évitez les produits à base d’huile. Recouvrir ensuite avec de la terre. Faites en plusieurs couches.
Ajoutez au milieu un tuyau PVC 50 que vous aurez troué au préalable. Ce qui apportera de l’oxygène aux bactéries qui aideront à la fermentation des déchets.
Ajoutez-y une poignée de bouse à vache.
Il faudra attendre trois mois avant que le compost ne soit prêt.
Les 5 avantages d’avoir un potager
Vous mangez ce que vous cultivez.
Les produits sont sains et ne contiennent pas de pesticide.
Vous réalisez des économies sur l’achat des légumes.
C’est une occupation saine et un excellent passe-temps.
Vous contribuez à rendre la terre productive.
Des formations sur la culture des légumes
Le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) offre une trentaine de formations sur les activités agricoles, dont une sur la culture des légumes si on souhaite avoir son propre potager. « Les personnes intéressées peuvent s’inscrire. Dès que nous avons un batch de vingt personnes, nous offrons la formation », indique-t-on chez FAREI, qui compte une vingtaine de formateurs. Les cours sont dispensés dans les divers centres régionaux de FAREI : à Plaisance, Rivière des Anguilles, Flacq, Mapou et Wooton. Pour la formation sur le potager, il faut compter quatre sessions qui sont dispensées de 13 à 16 heures, une fois par semaine. Qu’en est-il des frais à payer ? « Il faut uniquement s’acquitter d’un ‘nominal registration fee’ de Rs 300 », indique-t-on.
Caritas et son jardin communautaire
Aider ceux qui sont dans le besoin à joindre les deux bouts à travers la culture de légumes. Tel est l’objectif de Caritas Île Maurice à travers son projet de jardin communautaire à Solitude et celui de la Ferme O’connor à Curepipe. Ainsi, ces personnes (Ndlr : ce sont pour la plupart des femmes au foyer et des mères qui sont trop âgées pour obtenir un emploi dans les entreprises) bénéficient d’une formation sur la culture de légumes ou encore sur l’élevage qu’elles mettent en pratique au jardin communautaire et à la ferme pour une durée d’une année. Elles bénéficient en contrepartie d’une allocation financière. « Le but final n’est pas seulement de les aider à produire des légumes, mais de les ‘empower’. Par ailleurs, grâce à ce projet, la communauté a accès à des légumes frais et bio à un prix raisonnable », souligne Patricia Adèle-Félicité, secrétaire générale de Caritas Île Maurice.
À ce jour, Caritas a aidé 200 personnes à travers ce programme d’accompagnement. « Certaines d’entre elles font aujourd’hui du ‘bac gardening’ chez elles. Celles qui ont de l’espace chez elles ont créé leur propre potager alors que d’autres travaillent directement avec des planteurs. Nous avons même un bénéficiaire qui a aujourd’hui sa propre pépinière », se réjouit-elle. À savoir que le jardin communautaire de Solitude (créé en 2010) accueille une dizaine de personnes par an alors que la Ferme O’connor (lancée il y a dix ans) regroupe une quinzaine de bénéficiaires par an.
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