À six jours de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, la ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille tire la sonnette d’alarme. De novembre 2024 à ce jour, la police a enregistré 4 127 plaintes pour violence domestique à Maurice. Ce chiffre illustre l’ampleur d’un fléau qui continue de gangrener la société mauricienne.
Parmi ces 4 127 cas, 3 042 concernent des actes de violence physique. Plus inquiétant : 2 103 dossiers impliquent des personnes déjà connues des services pour non-respect d’une Protection Order. Ces ordonnances de protection pourtant censées protéger sont régulièrement bafouées, révélant les limites du système.
« Ces statistiques sont un cri d’alarme. Elles rappellent que la violence domestique reste un défi majeur, surtout après les récents féminicides qui ont profondément choqué le pays en octobre », a déclaré la ministre il y a quelques jours. Elle a insisté sur la nécessité d’une mobilisation nationale « soutenue et inébranlable » pour briser le cycle de la violence.
Les récents féminicides ont profondément choqué le pays.»
Dans ce contexte, le ministère organise une conférence de presse ce mercredi 19 novembre afin de dévoiler le programme détaillé des activités prévues pour le 25 novembre. Sensibilisation, marches, ateliers et campagnes médiatiques figureront au menu de cette journée symbolique qui marque également le lancement des « seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre ».
Parallèlement, le ministère finalise un train de recommandations en vue de renforcer la protection des personnes violentées, notamment des femmes. Des mesures plus sévères sont à l’étude : sanctions renforcées pour violation de Protection Order, meilleure coordination entre la police, les travailleurs sociaux et les ONG, ainsi qu’un suivi plus strict des auteurs de violences.
Darmen Appadoo : « Durcir la loi n’apportera pas de solution »
Darmen Appadoo, responsable de l’association SOS Papa, réagit aux féminicides de Danaa Malabar et Natasha Cornet, survenus à seize jours d’intervalle. Pour lui, renforcer la sévérité des textes législatifs ne résoudra pas le problème de fond.
« Il doit y avoir une loi spécifique, mais la violence doit être comprise dans toutes ses formes, pour les hommes comme pour les femmes. Il ne doit pas y avoir de politique de deux poids deux mesures. La sévérité de la loi n’est pas la solution », déclare-t-il.
Ces drames, selon lui, traduisent avant tout un malaise social plus large. « Ce sont toujours les femmes qui sont tuées, mais il faut comprendre que tous les hommes ne sont pas des bourreaux. Il y a des maris responsables et respectueux, et d’autres qui sont pris dans le fléau de la drogue ou des dépendances. »
Darmen Appadoo réclame une approche plus humaine et moins bureaucratique. Il privilégie le travail de terrain et la collaboration avec les ONG. « Ce ne sont pas les ateliers de travail ou les conférences qui comptent. Le véritable changement viendra du travail des associations, de la proximité et de l’écoute », explique-t-il.
Il insiste également sur l’importance de l’éducation et de la prévention dès le plus jeune âge, afin que chacun apprenne à identifier les signes d’une relation toxique.
Enfin, il adresse un message direct aux femmes. « Les femmes doivent reconnaître les signes d’une relation violente, mais aussi savoir choisir le partenaire qu’il faut. Ce choix est déterminant pour leur sécurité, leur bien-être et celui de leurs enfants. »
Pour Darmen Appadoo, c’est par cette combinaison – compréhension sans parti pris, action de terrain et responsabilité individuelle – qu’on pourra faire reculer la violence domestique.
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