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Véronique Leu-Govind, députée de la circonscription n°14 : «Je ne suis pas là pour me taire»

Véronique Leu-Govind est une femme en colère. Pour elle, il est inconcevable que les habitants de la circonscription n°14 continuent de vivre dans des conditions inhumaines. Son combat, dit-elle, ne cessera pas tant que les choses ne s’amélioreront pas.

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Vous étiez une die-hard du Parti mauricien social-démocrate (PMSD). Qu’est-il arrivé pour que vous quittiez le parti ?
J’ai toujours été fidèle à mes principes et à mes valeurs. Mon engagement en politique ne se limite pas à une allégeance partisane, mais à une volonté sincère de servir la population. Lorsque j’ai constaté que ma vision n’était plus en phase avec celle du PMSD, j’ai fait le choix de suivre ma propre voie, aux côtés de personnes partageant mes convictions.

Vous avez rejoint le demi-frère de Xavier-Luc Duval (XLD), Richard Duval. Pourquoi ce choix ?
Mon engagement politique ne repose pas sur des liens de parenté, mais sur des valeurs communes et une vision partagée. La création du parti Nouveaux Démocrates avec Khushal Lobine, Richard Duval et d’autres amis s’est imposée comme une évidence, car nous avons toujours été animés par la volonté d’apporter un changement réel et durable à Maurice. Pour ma part, mon engagement est avant tout tourné vers les habitants de la circonscription n°14, qui méritent mieux.

XLD a choisi de s’allier avec le MSM et s’est finalement planté…
Les faits parlent d’eux-mêmes. En s’alliant avec le Mouvement socialiste militant (MSM), il a cautionné dix années de mauvaise gouvernance, ponctuées de violations de la Constitution, de dissimulations, d’abus de pouvoir et de vols, pour n’en citer que quelques-uns. 

Et aujourd’hui, son fils ose critiquer le gouvernement ? C’est d’un cynisme révoltant. Si le MSM avait gagné, il serait resté confortablement installé, profitant du système sans dire un mot. C’est cette hypocrisie qui doit cesser dans notre pays.

Nous sommes en 2025 et pourtant, dans certaines localités, avoir accès à l’eau potable reste un luxe, le logement est indécent, et l’emploi n’est qu’un rêve lointain»

Lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, vous avez fait un vibrant plaidoyer pour les habitants de la circonscription n°14. Qu’est-ce qui cloche ?
Ce qui cloche, c’est l’inaction et le mépris envers ces familles qui vivent encore dans des conditions inacceptables. Nous sommes en 2025 et pourtant, dans certaines localités, avoir accès à l’eau potable reste un luxe, le logement est indécent, et l’emploi n’est qu’un rêve lointain. C’est révoltant, et je considère qu’il est de mon devoir de porter leur voix.

Votre discours de mardi dernier au Parlement démontre votre volonté de vous battre. Contre vents et marées ?
Absolument. Je n’ai jamais été du genre à baisser les bras. Tant que l’injustice et l’inaction persisteront, je continuerai à me battre pour ceux qui comptent sur nous et qui m’ont choisie pour les représenter au Parlement.

Nous avons rencontré des femmes à Coteau Raffin et au Morne, sans parler de celles que nous n’avons pas pu visiter. Serait-ce la galère ?
Le quotidien de ces femmes est un combat permanent. Elles élèvent leurs enfants dans des conditions précaires, se battent pour l’accès aux services de base, et ont le sentiment d’être abandonnées. C’est justement pour cela que nous devons agir.

On vous connaît pour votre franc-parler. Oseriez-vous aller jusqu’au bout ?
Toujours. Je ne suis pas là pour faire de la figuration ou pour servir des intérêts privés. La politique doit être un outil de changement, pas une plateforme de compromissions.

Si vous deviez choisir entre votre poste de Junior Minister et ces femmes qui se battent pour une gourde d’eau potable, quel serait votre choix ?
Le choix est clair : mon engagement envers ces femmes passe avant tout. Si mon poste devenait un obstacle à mon combat, alors je n’aurais aucune hésitation à choisir la justice sociale.

Vous affirmez avoir des convictions. Seriez-vous prête à vous mettre hors-jeu ?
Si être hors-jeu signifie refuser de trahir mes principes, alors oui. Mais la vraie question est : qui fixe les règles du jeu ? Ceux qui se battent pour la justice ou ceux qui profitent du système ?

Des habitants que nous avons rencontrés vivent dans des conditions indignes au n°14. Est-ce normal en 2025 ?
Non seulement ce n’est pas normal, mais c’est une honte nationale ! Il est inacceptable qu’en 2025, des Mauriciens subissent encore de telles conditions alors que des milliards sont dilapidés ailleurs. Je suis confiante que ce gouvernement amènera les améliorations nécessaires.

Dans votre discours au Parlement, vous avez été très virulente contre celui qu’on surnommait le Roi de l’Ouest… Pourquoi ?
Parce que les habitants du n°14 méritent mieux qu’un règne fait de promesses non tenues et de politiques clientélistes. Le temps des arrangements entre amis est révolu. Place aux résultats concrets.

Si mon poste devenait un obstacle à mon combat, alors je n’aurais aucune hésitation à choisir la justice sociale»

Vous êtes sur le terrain. L’on constate que le combat se mène au féminin. Est-ce normal ?
Il est vrai que les femmes sont souvent en première ligne des luttes sociales. Mais il est temps que tous, hommes et femmes, prennent leurs responsabilités. La justice sociale ne doit pas être une cause uniquement féminine.

Vous donnez l’image d’une femme en colère. Pourquoi ?
Parce qu’il y a de quoi être en colère ! Quand on voit des familles abandonnées, des jeunes sans avenir et un système qui tourne en rond, si vous ne ressentez aucune indignation, c’est que vous ne vous souciez pas réellement du sort de ce pays.

Cette colère est-elle liée à la recrudescence de la drogue dans ces quartiers laissés-pour-compte ?
Oui, et c’est un fléau que l’on ne combat pas avec suffisamment de fermeté. Les trafiquants prospèrent grâce à l’inaction, pendant que nos jeunes sombrent. Il est urgent d’adopter une approche plus radicale pour démanteler ces réseaux.

Dans l’éventualité où vos appels restent sans réponse, que feriez-vous ? Passer dans l’opposition ou vous taire et rentrer dans les rangs ?
Je ne suis pas là pour me taire ou me conformer à un moule. Si mes appels ne sont pas entendus, je continuerai à me battre autrement. L’important, c’est de rester fidèle à ses engagements et de respecter la volonté des mandants de la circonscription n°14, grâce à qui je suis aujourd’hui au Parlement et membre de la majorité gouvernementale. 

Mon combat ne cessera pas tant que les attentes des habitants de n°14 ne seront pas entendues et transformées en actions concrètes.

 

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