
À 44 ans, Arvin Babajee navigue entre terrain social et action politique. Mentorat, sport, initiatives locales : il expérimente un engagement pragmatique face aux attentes et limites de sa circonscription.
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À44 ans, Arvin Babajee est un homme politique dont le parcours ne se résume pas aux mandats et aux discours officiels. Derrière son allure posée et son sourire franc, se dessine un engagement qui traverse les années, façonné par le sport, le social, l’expatriation et un lien profond avec Maurice.
Né à Palma, Quatre-Bornes, dans une famille modeste, Arvin Babajee grandit dans un environnement où la solidarité n’est pas un mot mais une pratique quotidienne. « On m’a toujours appris qu’il faut aider, même avec peu », confie-t-il. Dès l’âge de 15 ans, il s’implique dans des activités sociales, organisant des collectes et participant à des actions caritatives. Mais cet engagement, comme toute passion précoce, a ses limites et ses frustrations.
Son engagement social ne se limite pas à l’enfance. Il rejoint des ONG et associations culturelles, accompagne les clubs de jeunes et initiatives pour le troisième âge. « Nos aînés sont des bibliothèques vivantes, il faut les respecter et les soutenir », insiste-t-il. Une conviction qui parfois le confronte aux contraintes bureaucratiques et à la lenteur des dispositifs publics, qu’il observe avec une certaine impatience.
Le sport occupe également une place centrale dans sa vie. Fan de Liverpool, il commence comme attaquant avant de se reconvertir en gardien de but. « J’aimais être le dernier rempart. En sport comme dans la vie, je protège mon équipe. » Son joueur préféré ? Xabi Alonso, pour son élégance et son intelligence de jeu.
À 40 ans, un tournant : l’Australie. Là-bas, il poursuit des études de droit et réalise un rêve de longue date. « Je voulais devenir avocat pour défendre les gens, leur donner une voix. »
Loin de Maurice, il s’émerveille : « Ce pays, c’est un mélange improbable : des déserts à perte de vue, des montagnes enneigées et un climat tropical. » Cette expérience lui ouvre les yeux sur sa propre île, à 8 000 kilomètres de distance : « On comprend mieux ses forces et ses faiblesses. » Mais la distance a également ses revers : le déracinement, le sentiment d’éloignement, qu’il compense en gardant des liens étroits avec Maurice.
On ne peut pas être un bon élu si on ne sent pas battre le cœur de sa circonscription »
La cuisine devient son refuge. « Je préparais des plats mauriciens pour mes amis : rougail, daube… C’était ma façon de ramener un bout de chez moi là-bas. » Son plat préféré reste un classique : rougail kes (poulet) ou une bonne daube mijotée comme à Palma. Amusé, il raconte que malgré ses études et son emploi du temps chargé, il trouvait toujours du temps pour concocter de bons petits plats mauriciens. « Les odeurs de la cuisine, ça rassemble. Et puis, ça déclenche toujours des histoires ! »
Lors du premier confinement, il met en place un réseau de solidarité à distance. Les contacts internationaux permettent de mobiliser ressources et fonds, mais l’expérience n’est pas sans défis logistiques et émotionnels. « La distance n’est pas une excuse, quand on veut aider, on trouve un moyen », dit-il, conscient des limites de ses actions face à l’urgence sur le terrain.
De retour à Maurice, Arvin Babajee reprend ses activités. Il connaît les visages, les familles, les besoins de sa communauté. Dans les quartiers de Quatre-Bornes comme dans les villages de la circonscription n°14 (Savanne/Rivière-Noire), il est reconnu comme un travailleur social de proximité : accessible, à l’écoute, pragmatique.
Son engagement ne passe pas inaperçu. Lors des préparatifs pour les élections générales de 2024, le leader du Parti travailliste le contacte : « Quand il m’a proposé de me présenter, je n’ai pas hésité. C’était l’occasion de faire davantage pour mon pays. » Cependant, la politique demande un autre rythme et d’autres compromis que l’action sociale de proximité.
Au Parlement, il défend des dossiers liés au sport, à la jeunesse, à la santé communautaire. Dans sa circonscription, il allie disponibilité et pragmatisme, mais parfois, le temps manque et les attentes sont élevées.
« On ne peut pas être un bon élu si on ne sent pas battre le cœur de sa circonscription », dit-il, avec la conscience de la complexité du rôle. Il a déjà lancé plusieurs initiatives : programmes de mentorat pour jeunes sportifs ; soutien logistique et financier aux associations culturelles et aux clubs de troisième âge ; ainsi que projets de formation pour les jeunes en quête d’emploi. Sa vision : une île Maurice plus inclusive, où le développement économique se conjugue avec le bien-être social.
Chez lui, auprès de son épouse Yashika et de leurs trois enfants, il reconnaît l’importance d’un soutien familial solide. « Sans ma femme, je ne pourrais pas. Elle est d’un soutien inestimable, toujours compréhensive. » D’ailleurs, il ne rate jamais une occasion de lui rendre hommage publiquement.
Son énergie, sa constance et sa vision d’une île plus inclusive forment un portrait contrasté : un homme attaché aux petites victoires, mais confronté aux limites d’un système politique exigeant et parfois rigide. « Je ne crois pas aux miracles politiques, dit-il. Je crois aux petites victoires qui changent une vie, une famille, un quartier. C’est comme au foot : parfois, c’est un seul but qui fait la différence. »

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