Après le projet d’agrandissement d’un cours d’eau, une famille n’a jamais reçu de compensation de l’État. Leur vie a été brisée, surtout que la mère, qui a perdu son mari à l’âge de 22 ans, est malade et a besoin d’injections qui sont onéreuses. Ses fils voient leurs projets de mariage s’écrouler comme un château de cartes, tandis que tous peinent à se nourrir correctement.
À 22 ans, Ramawtee s’est retrouvée avec deux garçons âgés de 3 ans et 1 an et demi sur les bras après la mort subite de son mari en 1988. Depuis, elle ne s’est pas remariée, préférant se consacrer entièrement à ses enfants. Avec sa pension de veuve de Rs 300 à l’époque, elle a soigné, grandi et a envoyé ces deux fils à l’école. Ensuite quand Dan, son fils ainé a fêté ses 9 ans, elle est allée travailler comme femme de ménage chez certaines familles. Elle a aussi fait de la couture.
Ses enfants ont grandi et Dan a fait ses études secondaires au collège Saddul, Vacoas, jusqu’à la Grade 10. Il a ensuite quitté le collège parce que sa mère est tombée gravement malade. Son frère a été obligé d’en faire de même, avant de prendre part aux examens de Grade 10 en privé. Malheureusement, le recteur de ce collège privé est décédé et il n’a jamais obtenu son certificat. Les deux frères, alors âgés de 16 et 15 ans, ont rejoint un chantier de construction situé près de la gare de Vacoas. Entre-temps, la santé de leur mère a décliné, ayant développé une forme de rhumatisme sévère, ce qui l’a sérieusement handicapé.
Biens immobiliers et déceptions
Par la suite, un autre malheur a frappé la famille, la laissant dévastée et sans le sou. En effet, une partie de leur terrain d’une superficie de 29 perches à Nouvelle-France a été réquisitionnée par l’État dans le cadre des travaux d’agrandissements d’un cours d’eau naturel en direction de la rivière La Chaux.
Avec ce projet, la superficie du terrain de Ramawtee a été réduite à 9 perches. « On avait prévu de vendre 15 perches pour une valeur d’environ Rs 1,3 million et cette somme devait servir à financer les soins de notre mère. On pensait soit l’envoyer à l’étranger soit lui acheter les injections nécessaires pour lutter contre ce rhumatisme. Certes, avec l’intervention du ministère de la Santé suite à des négociations menées en février dernier, le prix des injections a diminué sensiblement, néanmoins leur coût est toujours onéreux. Nous n’avons pas les moyens de les acheter, mais avec l’argent obtenu de la vente du terrain, on aurait pu le faire », explique Dan. Ce dernier ajoute : « Un médecin basé en Angleterre m’a déclaré que ces injections, qui ont fait leurs preuves, permettront à ma mère de marcher normalement ».
Une partie de leur terrain d’une superficie de 29 perches à Nouvelle-France a été réquisitionnée par l’État dans le cadre des travaux d’agrandissements."
Il était aussi prévu d’utiliser l’argent obtenu de la vente d’une partie du terrain pour financer le mariage des deux garçons. En effet, le benjamin comptait se marier en décembre prochain, mais ce projet risque de tomber à l’eau. « Je vois beaucoup de tristesse dans les yeux de ma mère. Un jour, elle a failli commettre l’irréparable quand elle a vu notre terrain être réduit en peau de chagrin et sans aucune compensation en retour. Je l’ai emmenée voir un psychiatre de l’hôpital à qui elle a confié ses soucis, notamment l’état de notre maison. Elle lui a aussi révélé être abattue par le fait qu’elle ne pourra pas financer nos mariages », confie Dan. Les travaux d’agrandissement ont pour but de protéger les habitants de la localité contre les inondations, mais il semble que tel n’est pas le cas en ce qui concerne le terrain de Ramawtee. En effet, dans le passé, la famille louait une petite maison située sur leur terrain de Nouvelle-France à Rs 1 500 par mois. Suite aux inondations de 2018, le locataire est parti. La maison est restée inoccupée jusqu’à 2020, car personne ne veut venir habiter dans un endroit susceptible d’être inondé.
« L’agrandissement du cours d’eau était censé nous protéger contre les inondations, mais l’eau de pluie ne va pas dans ce canal », fait remarquer Dan. En 2020, il a pu trouver un autre locataire, mais ce dernier va quitter la maison dans quelques mois, ce qui privera la famille d’une source de revenus de Rs 5 000 mensuellement. La situation étant difficile, Dan, en tant que fils dévoué, a pris la décision d’arrêter de travailler pour être aux côtés de sa mère et pour s’occuper de tous les travaux ménagers. « J’ai appris à faire la cuisine par ma mère qui m’indique comment procéder », raconte-t-il. Son frère travaille dans une firme de distribution et son salaire sert à acheter des provisions et à payer les factures, mais ce n’est pas assez.
En 2017, pour redonner le sourire à sa mère, il a effectué de menus travaux dans la maison grâce à un emprunt de Rs 200 000 effectué auprès d’une banque. Aujourd’hui, il est criblé de dettes et n’arrive plus à rembourser la banque.
« Notre situation financière est dans le rouge et on n’arrive plus à manger correctement. Ma mère ne peut pas manger de tout et il lui faut des céréales et malheureusement, on n’a pas les moyens de les acheter tout le temps. La plupart du temps, on mange des mines instantanées ou du pain avec des sardines ou du thon. La viande et le poisson, on en consomme que durant la première semaine du mois », relate Dan. Il y a quelques jours de cela, la rédaction a abordé son cas avec la National Development Authority qui a promis de reprendre contact avec Dan. Chose promise, chose due. « On m’a dit que la ligne du canal sera réalignée afin que notre terrain ne perde pas en superficie. On attend ce futur développement avec impatience afin que la situation devienne plus claire pour nous », déclare Dan.
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