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Un contrôle médical pour déterminer l’aptitude à conduire un véhicule

Le contrôle médical sera bientôt obligatoire pour déterminer l’aptitude d’une personne à conduire un véhicule. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de la cinquième réunion de la National Road Safety Commission, en début de semaine. Un projet de loi figure à l’agenda. 

Les divers acteurs concernés par la sécurité routière sont unanimes et pensent que le contrôle médical est la voie à suivre et réduira fort probablement le nombre d’accidents sur nos routes. 

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76. C’est le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans 73 accidents de la route depuis le début de l’année. L’année dernière, 131 personnes ont péri dans 119 accidents. Pour le Premier ministre, l’heure est grave. « À ce rythme, on ne va pas attendre l’objectif de réduction de 50 % du nombre de morts et de blessés graves d’ici 2025 », déplore-t-il. Il a aussi précisé que les accidents de la route coûtent Rs 6 milliards annuellement au pays. 
Afin de pallier ce problème, il a expliqué qu’un travail continu se fait, passant par la pédagogie des usagers aux mesures répressives. Il annonce que le contrôle médical pour déterminer l’aptitude à conduire sera obligatoire. 

Des amendements s’imposent

Les nouveaux amendements qui autorisent l’examen médical ont été préparés par le Bureau de l’Attorney General. La Road Traffic Act sera aussi modifiée, afin d’inclure l’interdiction de la conduite sous l’emprise de la drogue. La police dispose déjà des équipements pour détecter une personne positive aux stupéfiants.

Transport commercial

Alain Jeannot, président de Prévention routière avant tout (PRAT), est en faveur du contrôle médical pour voir si une personne est apte à prendre le volant. Cependant, il pense qu’il faut avoir un système en particulier pour les chauffeurs de transports commerciaux : de taxi, d’autobus et de camions. 

« Une personne qui a la responsabilité de la vie du public et qui prend la route à une fréquence accrue et régulière doit être en bonne santé physiquement et psychologiquement. Il note que 200 000 personnes souffrent de troubles mentaux à Maurice. Un chauffeur doit avoir un bon jugement et pouvoir appliquer physiquement les actions que lui indique ce jugement », estime Alain Jeannot. 

Plus de 600 000 chauffeurs

Alain Jeannot concède néanmoins que c’est un gros travail administratif. « Il y a plus de 600 000 chauffeurs de deux roues et de quatre roues à Maurice. On peut commencer par les chauffeurs commerciaux à partir de 65 ou 70 ans », propose-t-il.

Ciblage 

L’avocat et vice-président de PRAT, Robin Appaya, fait observer que cette pratique est courante dans plusieurs pays. Mais elle n’est pas obligatoire pour toutes les personnes qui passent le permis de conduire. 

« C’est obligatoire pour les personnes qui ont un handicap. C’est aussi le cas pour celles qui touchent une pension d’invalidité et celles dont le permis a été invalidé ou suspendu », explique notre interlocuteur. 

Board médical 

Selon Robin Appaya, le contrôle ne doit pas être systématique pour tout le monde, car il peut engendrer des abus. « Il ne faut pas laisser un seul médecin décider. Il est recommandé qu’il y ait un board médical pour se pencher sur les cas. Le contrôle médical est complexe, mais faisable. » 
Il ajoute qu’il faut aussi prendre en compte que les accidents liés à l’aptitude à conduire sont minimes. Les accidents résultent principalement de la flotte de véhicules qui augmente, de l’infrastructure routière et de l’indiscipline des usagers. 

Normes internationales 

Pour Barlen Munisami, auteur du bestseller « Guide complet du conducteur », c’est une bonne chose de savoir si une personne a de bonnes dispositions mentales et physiques pour prendre le volant. Si elle souffre d’une maladie qui peut faire d’elle un danger, elle ne doit pas conduire. 
« Au cours de ma carrière, j’ai vu des cas d’accident liés à une crise d’épilepsie ou à un arrêt cardiaque. Imposer un contrôle médical est dans les normes internationales. Surtout quand on vieillit, notre réactivité n’est plus la même, on ne voit pas bien, etc. », indique-t-il.

Il est aussi d’avis qu’il faut surtout cibler les chauffeurs professionnels, car les passagers doivent se sentir en sécurité. « Quand une personne fait une demande de permis, il faut qu’elle divulgue si elle souffre d’une maladie. Mais beaucoup de personnes font fi de ce règlement. Elles n’estiment pas que c’est dangereux. » Ainsi, le policier qui fait passer l’examen à une personne doit être attentif afin de détecter des anomalies. 

Renouvellement 

Il poursuit qu’auparavant, les personnes de 60 ans devaient renouveler leur permis de conduire, mais que la loi a été modifiée. « Il faut faire du contrôle médical une réalité », dit-il. 

Il pense aussi que les chauffeurs professionnels doivent être dans l’obligation de présenter un certificat médical tous les quinze ans pour confirmer leur aptitude à conduire. « C’est ainsi qu’on aura un contrôle pour la sécurité de tous », estime-t-il. 

Responsabilité individuelle 

Barlen Munisami croit également qu’il y va également de la responsabilité individuelle. « C’est à la personne qui sait par exemple qu’elle souffre d’une congestion et peut représenter un danger, d’avoir le discernement de remettre son permis aux autorités. La section 300 du Code pénal ne donne pas le droit à un médecin de divulguer la maladie d’un patient. »

Pour lui, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte pour apporter les amendements nécessaires. Il est d’avis qu’une table ronde est de mise pour que tous les acteurs concernés puissent donner leurs points de vue. 

Formation des policiers

Manoj Rajkumar, président de l’association des moniteurs d’auto-école, pense que tout le monde a le droit de conduire, mais qu’un contrôle médical n’est pas mauvais. « On doit reconnaître que ce n’est pas la cause principale des accidents. Il est rare qu’une personne fasse un arrêt cardiaque au volant », déclare-t-il. 

Notre interlocuteur conseille une meilleure formation des policiers, afin de détecter si une personne souffre d’un problème quand elle passe son permis. « Un policier pourrait demander qu’un médecin de la police examine une personne en cas de doute. » 

Il est toutefois d’avis que cela ne va pas changer grand-chose. « Certes nous avons une population vieillissante, mais ce n’est pas cette mesure qui va réduire le nombre d’accidents. C’est le stress sur la route, les mauvaises routes, le mauvais éclairage, etc. qui causent les accidents. »

Selon Marianne Sarah, présidente de l’Association Sarah, qui milite pour les victimes d’accident, cette mesure permettra aux chauffeurs de savoir s’ils sont aptes à conduire. Car plus une personne est âgée, plus sa vue et son ouïe baissent, sans forcément qu’elle s’en rendent compte.  « Jusqu’à présent on a rarement enregistré un accident causé par un problème de santé. Mais un conducteur peut faire un malaise et c’est arrivé récemment. Et malheureusement la personne est décédée. Le contrôle doit prendre en compte l’âge du conducteur. »

Centre de formation 

Pravind Jugnauth a annoncé la mise sur pied d’un centre de formation pour les automobilistes et les motocyclistes. Le Modern Driver Training and Education Centre for Mauritius verra le jour avec la collaboration du Mauritius Institute of Training and Development.  « Ce centre ne doit pas être vu comme un concurrent des auto-écoles qui font du bon travail », rassure-t-il. Le projet est à l’étude et il sera inspiré des modèles qui ont marché à l’étranger. Le ministre des Transports, Alan Ganoo, a aussi rassuré les auto-écoles. « Le centre qui verra le jour cohabitera avec les auto-écoles. On va mettre de l’ordre et avant de pouvoir opérer les auto-écoles devront respecter un cahier de charge », précise le ministre.

Mutisme de la Trafic Branch 

« Nous attendons les amendements à la Road Traffic Act. » C’est ce qu’a répondu la cellule de communication de la police que nous avons sollicité pour avoir un commentaire d’un représentant de la Trafic Branch sur le sujet. 

Un chauffeur décède d’un arrêt cardiaque

Hurrychand Bholah, 59 ans, a fait une sortie de route à Nouvelle-France, le mercredi 15 septembre. À l’arrivée des policiers, cet habitant de Grand-Port était inconscient et il était coincé entre son siège et le volant de son véhicule. Il a fallu l’intervention des pompiers pour l’extirper du véhicule.  Les ambulanciers du service d’aide médicale urgente ont constaté son décès. L’autopsie a attribué sa mort à une « acute coronary occlusion ». 

 

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