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Sur fond de contestations - CSG et pension : l’espoir d’un équilibre s’amenuise 

261 168 retraités ont perçu la pension de vieillesse en septembre.

La Contribution sociale généralisée (CSG) n’en finit pas de faire des remous. Trois ans après son introduction, celle qui devait réformer le système de la pension ne séduit toujours pas, amplifiant bien au contraire les contestations. 

Depuis son introduction en 2020 après l’abolition du National Pensions Fund (NPF) jugé insoutenable par le ministre des Finances, la Contribution sociale généralisée (CSG) n’a eu de cesse d’être critiquée et contestée, tant par l’opposition que par le secteur privé. 

Cependant, le Grand argentier a toujours défendu bec et ongles cette réforme. Renganaden Padayachy en a remis une couche à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Il a commencé par dire que la CSG est un système progressif et équitable qui a pour but de financer le paiement des prestations sociales notamment celle des pensions. 

« Conformément à la promesse faite par ce gouvernement, notre objectif est d’assurer à tous les retraités une pension décente. C’est justement à ce titre que la CSG a été mise en place. Le NPF n’était absolument pas viable à long terme notamment parce qu’il ne générait pas au retour sur investissement suffisant », argumentait-il en réponse à une question parlementaire. 

Cependant, l’économiste Kevin Teeroovengadum tranche différemment à propos du NPF. Il affirme que contrairement à la CSG, c’était un fonds transparent qui investissait. L’économiste Ashok Aubeeluck rappelle, pour sa part, que le NPF et la Basic Retirement Pension (BRP) font partie de notre État-providence légué par sir Seewoosagur Ramgoolam. Les deux économistes s’accordent à dire qu’il convenait de réformer le NPF et non de l’abolir. 

L’argent récolté sous la CSG, soit Rs 25,8 milliards, a, selon le ministre des Finances, « été utilisé pour augmenter le pouvoir d’achat de nos aînés, les travailleurs et la population dans son ensemble ».  Résultat, selon Renganaden Padayachy : « Il ne reste donc rien par rapport aux contributions de la CSG. »

La situation n’est pas pour autant surprenante, d’après Kevin Teeroovengadum. Il argue qu’une situation déficitaire est inéluctable en l’absence de création de valeur réelle, d’autant plus que le nombre de retraités augmente tout comme le montant de la pension de vieillesse ainsi que des allocations. 

« Maurice compte de moins en moins de jeunes sur le marché du travail et subit le défi de l’exode des talents. Les travailleurs étrangers qui sont à Maurice y sont à court terme. Le cœur du problème est que notre économie est essoufflée. Cette problématique doit être adressée à la source. Nous devons créer plus de valeur, ramener davantage d’investissements directs étrangers et engendrer plus de revenus fiscaux », poursuit Kevin Teeroovengadum. 

Trois ans après son introduction, la CSG ne séduit toujours pas.»

En 2022, l’article IV du Fonds monétaire international (FMI) mettait en exergue le fait que « tout plan d’assainissement budgétaire devra s’attaquer à la disparité entre les dépenses et les recettes de retraite, qui devrait s’accentuer avec l’entrée en vigueur de nouvelles prestations au cours de l’exercice 2023-24. Ce qui portera les dépenses de retraite à 8,1 % du Produit intérieur brut (PIB). Pour rendre le système viable, il faudra combiner des réductions de dépenses et des augmentations de recettes ». 

La Banque mondiale avait également souligné dans son Country Economic Memorandum la nécessité de réformer le système de pension à Maurice. Néanmoins, le ciblage suggéré par l’institution n’était pas la meilleure des solutions, selon Ashok Aubeeluck, en raison de son coût. « Le ciblage comporte beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages. Cela aurait notamment isolé les personnes âgées », fait comprendre l’économiste. 

Promesse de Rs 13 500 

Le fonds à sec de la CSG a suscité une question fondamentale : comment la hausse de la BRP sera-t-elle financée ? La pension a pris l’ascenseur ces dernières années passant de Rs 3 623 à Rs 5 000, de Rs 5 000 à Rs 9 000, de Rs 9 000 à Rs 11 000 et Rs 12 000. Le gouvernement actuel a promis que la pension atteindrait Rs 13 500. 

Le FMI indiquait l’année dernière qu’à plus de Rs 9 000 par mois pour la BRP, « Maurice se positionnait parmi les pays dont les prestations universelles sont les mieux payées au monde par rapport au salaire moyen (Banque mondiale, 2021) ». Ashok Aubeeluck se demande si une BRP à Rs 13 500 ne sera pas une « money illusion ». Il conviendrait, selon l’économiste, d’évaluer en termes réels aujourd’hui la BRP de Rs 6 000 que touchait un retraité dans le passé. 

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