La somme de Rs 5 milliards investie par l’ancien gouvernement mauricien dans un système de surveillance de masse, selon les révélations du Premier ministre, Navin Ramgoolam, au Parlement, mardi, sont « choquantes ». « Un tel système peut coûter environ Rs 600 millions. Lorsqu’on parle d’un budget 10 fois supérieur, c’est énorme », réitère Sherry Singh, qui été interrogé par Nawaz Noorbux hier, dans l’émission Info Soirée sur TéléPlus.
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Si l’ancien Chief Executive Officer de Mauritius Telecom se réjouit que le Premier ministre a affirmé prendre la liberté des citoyens « très au sérieux » et que « des enquêtes sont en cours, menées par des experts et des autorités », il fait néanmoins ressortir que des zones d’ombre persistent quant à la légalité de ce dispositif de surveillance : « La loi permet-elle réellement une interception de masse ? A-t-on intercepté des messages IP, ce que la loi, à ma connaissance, ne prévoit pas ? L’acquisition en elle-même soulève un problème : le montant est colossal. De plus, lorsqu’un tel système est mis en place, un Judge’s Order est nécessaire pour placer certaines cibles sur écoute. A-t-il été obtenu ? Je ne pense pas. »
À une question de Nawaz Noorbux sur un possible lien entre ce système de surveillance de masse et l’affaire du « sniffing », Sherry Singh affirme que « tout est lié ». Et d’ajouter : « C’est d’ailleurs pour cela que j’ai démissionné. J’ai combattu pour empêcher la mise en place d’un tel système à Maurice. » Revenant sur la plainte qu’il a faite auprès de la police au lendemain des élections générales, il avance : « J’ai dénoncé le fait que, selon mes informations, ce sont deux personnes de MT qui ont été en contact direct avec le fournisseur et qui ont mis en place cette solution. J’ai demandé à la police de s’assurer que ces équipements ne sont pas utilisés et que les responsables sont interrogés. »
Selon Sherry Singh, l’enquête policière dans cette affaire, bien que « multidimensionnelle », devrait être « plutôt simple » : « L’équipement est connu, il est physiquement là. Un ‘forensic’ peut déterminer qui y a eu accès, qui détenait les autorisations et qui les a accordées. » Il va plus loin : « Lorsqu’un système d’interception légale est mis en place, c’est le bureau du Premier ministre (PMO) qui contacte les opérateurs télécoms, pas seulement Mauritius Telecom, pour se connecter à leur réseau selon la loi. Une fois l’autorisation obtenue, ce sont les techniciens du PMO et ceux du prestataire – en l’occurrence Pertsol – qui installent l’équipement. Ensuite, pour utiliser ce système, seuls deux organismes y sont autorisés par la loi : la Counter Terrorism Unit et le National Security Service (NSS). Il est donc facile de savoir qui travaillait dans ces unités et quels accès ils avaient. »
Dans la foulée, Sherry Singh demande que les acteurs de l’affaire de « sniffing » soient entendus à nouveau. « Aujourd’hui, ils ne sont plus sous pression, donc les chances d’obtenir des déclarations plus sincères sont plus élevées. »
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