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Sheila Bunwaree : «Notre système politique engendre les politiciens que nous avons»

«Nous avons les politiciens que nous méritons ». Cette phrase, lancée par le Cardinal Maurice Piat lors de la présentation de la lettre pastorale, a été largement commentée par Sheila Bunwaree, membre de la Mauritius Society Renewal.

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Pour Sheila Bunwaree, la phrase lancée par le Cardinal Piat traduit bien la frustration de la population face aux divers maux de la société mauricienne, à  la perte graduelle de valeurs comme l'éthique, la solidarité, la méritocratie et face à une consommation immodérée.

Notre interlocutrice pense que nous méritons bien mieux que ce que nous avons et que le mal vient de notre système politique. « Ce système est tellement bloqué qu'il ne donne pratiquement aucune chance à certaines personnes d'émerger », estime-t-elle. Ce qui explique qu'après chaque élection on retrouve plus ou moins les mêmes politiciens au pouvoir. « Les Mauriciens n’ont vraiment pas le choix », dit-elle. Elle est en faveur d'une étude sur la façon de voter des électeurs mauriciens. Elle estime que ces données pourraient servir à éduquer les citoyens afin qu’il y ait des changements positifs. Elle pense qu'une bonne pédagogie peut amener un changement de mentalité.  

Sheila Bunwaree regrette que les Mauriciens soient devenus plus ou moins passifs, tout en se sentant redevables envers les politiciens. « Bien qu'ils soient au courant de certaines magouilles, ils restent tranquilles, car ils ont eux-mêmes bénéficié de certaines faveurs de la part de politiciens, comme un travail pour leurs enfants », explique-t-elle. Pour elle, l'impression qui se dégage à Maurice est que la corruption est devenue la norme.

Sheila Bunwaree invite les Mauriciens à réagir et à se battre pour une société plus juste où règnent la méritocratie, la bonne gouvernance, le partage et l’unité de la nation. Elle regrette que, 50 ans après l’indépendance, la société mauricienne soit toujours fragmentée en communautés, en castes, ce dont profitent les leaders politiques.

Sheila Bunwaree a aussi mis en garde contre tout dérapage verbal, surtout lors de rassemblements religieux, car cela pourrait constituer une incitation à la haine raciale. Elle reconnaît que le changement va prendre du temps à se mettre en place mais garde espoir car « toute société est appelée à une évolution naturelle ».

2e thème   

Arvind Boolell : «Le plus grand responsable est le gouvernement»

L’affaire Alvaro Sobrinho éclabousse la présidence. Cet homme d’affaires angolais, fondateur de Planet Earth, en partenariat avec la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, fait l’objet de plusieurs enquêtes. Invité à commenter cette affaire, l’ancien vice-président de la République, Raouf Bundhun, estime qu’Ameenah Gurib-Fakim se serait fait mener en bateau. Il insiste sur le fait que, contrairement au Premier ministre, la présidente ne dispose pas d’un réseau d’agents de renseignements pour l’informer. Il est d’avis que la présidente n’aurait pas dû se mêler de certains dossiers qui relèvent de l’exécutif, sans passer par le gouvernement.

De son côté, Arvind Boolell, ancien ministre des Affaires étrangères, se dit intrigué car la Présidente n’a jamais soulevé la question alors qu’elle rencontre le Premier ministre chaque semaine. Il invite Ameenah Gurib-Fakim à s’expliquer publiquement.

Mais pour l’ancien chef de la diplomatie mauricienne, le plus grand responsable est le gouvernement car il a demandé à la présidente de représenter Maurice à des conférences des chefs d’État, alors qu’elle n’a pas de pouvoir exécutif.

De son coté, le journaliste, Henri Marimootoo, a affirmé qu’il a toujours été contre le fait que des ministres inaugurent des entreprises privées. « C’est comme si on donnait un chèque en blanc à l’investisseur en question, pour découvrir par la suite qu’il a trempé dans telle ou telle magouille », a indiqué Henri Marimootoo. Auparavant, évoquant le code d’éthique pour les politiciens, le journaliste s’est déclaré favorable à un ‘audit trail’ pour les députés et ministres, assorti d’une peine d’emprisonnement pour ceux qui seraient trouvés coupables d’enrichissement inexpliqué.

 

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